« Il était une fois un pays que le monde entier enviait car son système de soins reposait sur une solidarité nationale respectueuse de ses contribuables et de ses médecins, même si ces derniers étaient pourtant les moins payés d’Europe. Mais ils travaillaient dans de bonnes conditions, leur travail était reconnu et ils faisaient de la médecine de qualité ; alors ces 25€ bruts (en réalité 12,50€ nets) ne leur posaient pas de problème.
Quand soudain une pandémie est passée par là, l’Etat en état d’urgence a pris les pleins pouvoirs sur la santé de ses citoyens et la façon de travailler de ses médecins et n’arrive plus à lâcher la bride… Mais voilà que ces médecins ont fini par prendre le mors aux dents !
Et pour cause : le gouvernement s’est mis à dire à qui veut bien l’entendre que les médecins généralistes ne travaillent pas assez, pourtant ils font en moyenne 50h hebdomadaire, hors gardes de nuits et de WE. Le gouvernement s’est mis à dire que les médecins généralistes refusent de suivre de nouveaux patients, pourtant chacun en suit plus de 1000 en moyenne : qui voudrait d’un médecin qui ne peut pas le voir avant 3 semaines ou passe à côté d’un résultat qu’il n’a pas eu le temps de lire parce qu’il en suit 2000 ? Le gouvernement s’est mis à compter les patients sans médecin traitant sans comprendre que le pays compte 17 millions de personnes de plus que 20 ans plus tôt – et de personnes vieillissantes plus malades et nécessitant plus de soins – avec de nombreux médecins en moins car partis à la retraite, quand ce n’est pas en burn out.
Alors ce gouvernement s’est dit :
• Obligeons les médecins à travailler plus, à raison d’une consultation toutes les 10 minutes.
• Proposons des télécabines de consultations.
• Donnons une partie du travail des médecins aux infirmiers, moitié moins formés.
• Formons des assistants médicaux pour aider les médecins, que ceux-ci se débrouilleront pour rémunérer au-delà de 2 ou 3 années, si tant est qu’ils aient pu faire les travaux nécessaires dans leurs cabinets pour pouvoir les y accueillir.
• Imposons aux médecins de contrôler l’identité de leurs patients pour permettre le déploiement de Mon Espace Santé (dont les données seront hébergées aux USA, mais qui s’en soucie ?)
• Obligeons les médecins à adhérer et à manager une équipe pluridisciplinaire : ESP, ou MSP, ou CPTS, le tout sous la houlette du GHT ou de l’ARS… Tout en créant une 13ème organisation aux 12 déjà existantes : le CTS (toutes copieusement pourvues en fonctionnaires). Vous n’y comprenez rien ? Rassurez-vous les médecins non plus.
• Ne proposons une augmentation des honoraires qu’aux médecins qui accepteront de se plier à ces obligations, même si tous ont le même diplôme, tous travaillent autant et tous assument la même responsabilité.
• Autorisons les patients aller consulter l’infirmier, le kinésithérapeute, le spécialiste, l’orthophoniste d’eux-mêmes, tout en laissant le médecin généraliste co-responsable.
• Imposons aux médecins un système de garde de jour (SAS), en plus de leurs consultations prévues au cabinet et de leurs gardes de nuit pour voir des patients dont ils ne connaissent pas le dossier.
• Augmentons le nombre d’années d’études des médecins généralistes pour les envoyer dans les déserts médicaux Sauf que ces propositions ont offusqué les médecins de ce pays, pourtant passionnés par leur métier. Il leur paraissait primordial
• De prendre le temps d’écouter leurs patients parler de leurs maux, leurs douleurs, leurs peurs, leurs deuils, leurs déprimes, leurs questionnements
• De réaliser un examen clinique digne de ce nom, qui nécessite une présence physique, à de rares exceptions près
• De ne pas opérer un glissement de tâches parce qu’un médecin est formé au diagnostic, à la prescription et à la prévention ; un infirmier aux soins et à l’accompagnement ; un fonctionnaire à l’administratif
• De garantir une médecine de qualité, pas à la chaîne, pas low cost, pas en ayant la tête sous l’eau à perpétuité, et désormais, plus en étant sous-payés
• De redonner envie aux jeunes générations de prendre la relève en devenant médecin généraliste
Le 12 juin prochain, tout ce diktat sera soumis au vote des députés.
En protestation, à partir du 12 juin, de nombreux médecins généralistes appliqueront un complément d’honoraires de 5 € à leurs consultations, qui resteront remboursées sur la base de 25€, pour se lever contre l’avenir décadent de la médecine de ce pays, aussi enviée fut-elle il y a encore peu de temps.
Après le 12 juin et ce premier coup de semonce, si le gouvernement reste sourd à nos préoccupations, ces nombreux médecins généralistes n’auront d’autre choix que de se déconventionner purement et simplement de la Sécurité Sociale pour se libérer de toutes ces obligations contre-productives et afin de continuer à vous assurer des soins de qualité en respectant le serment qu’ils ont prêté ; mais ce ne sera pas sans majoration de leurs charges et donc de leurs honoraires. En tout cas ce sera sans remboursement de la Sécurité Sociale qui n’octroiera plus que 0,61 € par consultation à tous ces patients, pourtant toujours cotisants. Il ne restera plus que votre plume ou votre clavier pour exiger de vos caisses et mutuelles un meilleur remboursement de vos soins.
Et vous, quelle médecine voulez-vous pour demain ? »
Les signataires de la Comeli 49 en PDF à télécharger
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Commentaires 3
Merci pour l’article, on pourrait avoir le lien de téléchargement du pdf ?
Désolée, un oubli qui est désormais réparé
Pour un collectif de médecins libéraux étrange que l’on y retrouve des salariés.
Ils sont contre les visio dans les pharmacies alors que certains font des consultations en visio?
Que proposent ils pour l’accès aux soins et aux consultations vu que la population augmente ???