En 2018, l’agglomération Saumur Val de Loire avait répondu à un appel à projets du ministère des Affaires étrangères et de l’ambassade d’Argentine. L’idée était de développer un échange oenotouristique entre une région viticole française et la province de Tucuman en Argentine. Une enveloppe budgétaire allouée par l’Etat. « Le Saumurois était en concurrence avec de nombreuses régions viticoles françaises parmi les plus grandes et importantes (Le Bordelais, la Bourgogne..). Elle a finalement été sélectionnée. Sans doute sa modeste taille et son appellation moins connue (quoique..) ont rassuré et fait peser la balance en notre faveur », explique Guy Bertin, vice-président de l’agglomération en charge de ce dossier. En 2019, le président de l’époque, Jean-Michel Marchand s’était alors rendu en Argentine pour poser les bases de cet échange (relire notre article). Puis la crise sanitaire a mis un coup de frein à ce projet qui a repris il y a quelques mois. Au début du mois de mai, une délégation composée de Guy Bertin, Agnès Lenne, directrice du lycée agricole et viticole Edgard Pisani de Montreuil-Bellay, Jérôme Delarue enseignant en viticulture dans ce même établissement et Nathalie Bagarie directrice adjointe du LPA de Montreuil-Bellay en charge de l’apprentissage et de la formation, se sont à leur tour rendu en Argentine pour rencontrer les acteurs locaux, viticulteurs, élus, afin de continuer à conforter cet échange.
« Il faut désormais construire les possibles »
En cette fin septembre, c’est une délégation d’élus, de viticulteurs mais surtout une dizaine d’étudiants qui était en Saumurois, afin de finaliser les bases de ce partenariat. « C’est la fin de l’étape une, le partenariat étant désormais en place », explique Guy Bertin. « Reste désormais à voir comment le pérenniser, en allant bien sûr entre autres chercher d’autres fonds auprès du Ministère. Il faut désormais construire les possibles et les passerelles, avec cette région viticole et touristique mais où les conditions sont à ce jour encore très précaires, notamment par leur situation géographique et géologique, avec des terres arides et des vignobles à 2 000 m d’altitude avec un très fort stress hydrique, d’où des vins beaucoup plus tanniques avec pas moins de 14-15°. » « Cela étant dit, avec très peu de moyens, les quelques viticulteurs présents, même sur de très petites parcelles, sont très volontaires et produisent des vins d’une très bonne qualité avec des cépages comme le Malbec, le cabernet franc, le Syrah…. Ils ont besoin d’acquérir d’autres pratiques, notamment de vinification et c’est la raison de leur grand intérêt pour notre territoire et notre lycée agricole Edgar Pisani », explique Natahalie Bagarie. Esteban Sineriz, dans un français presque parfait explique : « Ici en Saumurois, c’est pour nous comme un voyage dans le futur ». Il ne faut pas oublier que notre pratique viticole ne date que de la fin du 19è siècle, nous avons peu d’expérience. Nous sommes avides de tout connaître et d’échanger sur les pratiques, tant dans les vignes qu’en laboratoire. Il y a des installations qui nous font rêver ! »
Des échanges riches et mutuels
« L’objectif de cet échange donc est de partager des connaissances mutuelles et que l’on apporte notre regard sur le potentiel de développement du territoire sur le plan viticole mais aussi touristique. Si l’Agglomération porte ce projet, elle est soutenue par le lycée Pisani et l’université d’Angers avec l’ESTHUA et sa formation touristique », souligne Guy Bertin. L’idée est également de développer des partenariats pour les élèves « en envoyant des jeunes découvrir de nouvelles méthodes de vinification dans des conditions totalement différentes de chez nous : des sols très arides, des altitudes très diverses, des parcelles et d’exploitations de tailles différentes… », poursuit Nathalie Bagarie. « Les étudiants pourront donc découvrir d’autres méthodes et parfaire leurs connaissances sur l’adaptation des cépages aux terroirs en réalisant des vendanges dans l’année dans deux hémisphères différents. Un échange autour de la question des appellations et de la protection des terroirs pourra également être un sujet puisqu’il n’y aucune appellation en Argentine. » Lors de cet échange, beaucoup de concret : au lycée Edgard Pisani et en Saumurois pour participer à la période des vendanges, déguster des vins, découvrir les méthodes de vinification, mais aussi découvrir des sites oenotouristiques, comme les maisons de bulles, participer à des travaux de cave, ou encore découvrir le Pôle universitaire du Saumurois et échanger avec des étudiants, notamment en formation de guides conférenciers et plus particulièrement en oenotourisme. Egalement, au titre de la connaissance de l’environnement touristique, une visite de l’Ecole Nationale d’Equitation. Inversement des étudiants montreuillais se rendront en Argentine pour participer à leurs vendanges en février prochain. Des échanges réguliers pourront être pensés à l’avenir pour des voyages d’études ou des stages. « À moyen terme, nous souhaitons développer avec l’ESTHUA et l’Université d’Angers, une formation diplômante et des équivalences entre notre formation ici et la leur là-bas, à l’image d’ERASMUS par exemple » conclut Guy Bertin.
« Le contrat est rempli, charge aux structures de prendre le relai »
Jackie Goulet, Président de l’agglo saumuroise et maire de la ville de Saumur, est très clair quant à ces échanges : « Je ne suis pas favorable à des sorties d’élus. Quand cela se passe avec les villes partenaires à Saumur, les élus doivent payer leur déplacement. Par contre, je suis favorable à des échanges, dès lors qu’il y a des contacts productifs sur le plan économique et éducatif, mais aussi en terme de développement social pour les familles. » Et de continuer : « Au regard de l’appel à projet initial, je pense que le contrat est rempli, la connexion est faite pour les étudiants, avec d’une part le lycée Edgar Pisani sur le plan de la viticulture et d’autre part avec l’ESTHUA présent au Pôle universitaire saur le plan du tourisme, bref en terme de développement de l’oenotourisme, ce qui est un cheval de bataille de l’agglo. Ainsi ce qui était un appel à projet gouvernemental doit désormais, en matière d’échanges, être porté par les deux structures. Pour ce qui est d’un portage par l’agglo, c’est à voir, mais ce ne sera à priori qu’au niveau d’un travail avec les étudiants, autour du développement de structures éducatives. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle c’est Guy Bertin qui porte et suit ce dossier, en tant vice-président en charge de la formation supérieure. Nous, collectivité, sommes prêts à accompagner la démarche, mais pas forcément financièrement. Pourquoi pas embaucher des jeunes étudiants argentins l’été au château de Saumur par exemple ? » Des bases ont également été posées entre la ville de Montreuil-Bellay et celle d’Amaicha, deux villes de 4 000 habitants, riches de patrimoine.
À propos de la province de Tucuman
L’Argentine est un état fédéral où chaque province est dirigée par un gouverneur. Tucuman est l’une des plus petites provinces du pays. Elle présente plusieurs visages avec une grande plaine très industrialisée et riche économiquement. Une autre partie du territoire s’étend au pied de la Cordillère des Andes avec des paysages désertiques très retirés du monde industriel, la vallée Calchaquie. Cette autre vallée est déconnectée du reste du territoire et ne peut être rejointe qu’après plusieurs heures sur des routes de montagne. C’est là qu’est développée la viticulture, au milieu des cactus et des terres rocailleuses. « Ce territoire cultive la vigne depuis 1880. Ils ont cultivé pour revendre le raisin à de plus gros fabricants de vin à l’échelle mondiale. Mais depuis une vingtaine d’années, ils ont commencé à vinifier eux même avec des exploitations aux tailles très variées allant de quelques m2 de vignes à plusieurs hectares », explique Esteban Sineriz. Ce territoire est également important dans la culture locale et est encore préservé par les peuples autochtones encore présents. La province a décidé de développer ce territoire autour de plusieurs axes : l’économie, la santé, la viticulture ou encore le tourisme. Un site majeur est aussi présent dans cette vallée, la cité sacrée de Quilmes, l’un des sites touristiques les plus visités avec 150 000 visiteurs chaque année. D’où bien des analogies avec le territoire saumurois et cette visite de L’ENE.
Le programme de la visite de la délégation argentine en Saumurois
– vendredi 23 septembre : Visite de la Turballe – Visite du sous-marin Espadon de Saint-Nazaire en audio-guide espagnol
– samedi 24 septembre : Visite de Bouvet Ladubay – Après-midi libre à Saumur
– dimanche 25 septembre : visites Abbaye de Fontevraud et musée – balade sur la Loire avec la Nonchalente
– lundi 26 septembre : Lycée E. Pisany à Montreuil Bellay (travaux de vinification et visite de l’exploitation) – Visite du Cercle de la Ville – Boule de fort – Visite de Combier
– mardi 27 septembre : Lycée E. Pisany à Montreuil Bellay (travaux de vinification) – Château de Saumur puis accueil à l’Office de Tourisme et maison des vins – Visites des caves de Robert et Marcel – Visite du domaine de Nerleux
– mercredi 28 septembre : visite de l’IFCE – Après-midi libre sur Saumur
(1) Composition de la délégation – Luis Mariano Fernandez (secrétaire des Relations Internationales) – Geronimo Garcia Mirkin (coordinateur opérationnel) – Taniah Sofia Nasrallah (coordinateur communication), Andrea del Carmen Reinoso (directeur d’études et de projets), Cesar Paul Caillou (délégué de la communauté d’Amaicha del Valle) – Pablo Costilla (référent de la communauté indienne Quilmes), Maria Elena Trejo (coopérative agro-industrielle Colalao del Valle), Laura Elizabeth Aveldano (directeur des ressources humaines), Esteban Sineriz (propriétaire de la Cave el Callejon) et 10 étudiants de l’IES
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