Samedi 4 juin 2022, un violent épisode orageux est passé au-dessus de l’est du Saumurois, en Indre-et-Loire et dans les Deux-Sèvres et dans la Vienne (relire notre article). Plus que de simples averses et des vents violents, cet épisode météorologique s’est accompagné d’importantes chutes de grêle qui ont eu un impact considérable sur les récoltes. Mélissa Ripoche, maraîchère à Epieds qui a été au centre de cet orage témoigne : « Cela a été d’une violence inouïe. Nous avons tout perdu et il ne nous reste que quelques plants qui se trouvaient sous des serres. Sinon nous avons perdu la grande majorité de nos fruits et légumes qui eux se trouvaient en extérieur. Tomates, aubergines, poivrons, melons… tout a été broyé. Même les serres qui ont seulement quelques mois ont été impactées et seront à changer avant l’heure. C’est désolant et on se sent totalement impuissant quand cela arrive. On ne peut qu’attendre et constater ensuite en espérant que l’impact ne sera pas trop important. Ce sont des mois et des mois de travail qui ont été broyés en seulement quelques minutes. » Si l’émotion est palpable dans la voix de la productrice, elle ne se laisse pas abattre pour autant et compte bien poursuivre le travail. « Nous attendons des nouvelles des assurances, afin de savoir si cela est pris en compte, si un expert doit passer pour constater, on attend aussi de savoir si la commune sera reconnue comme zone de catastrophe naturelle ou calamité agricole et si l’on pourra être indemnisé. Nous avons par ailleurs déjà contacté les fournisseurs pour reprendre des plants, mais la production ne sera pas la même d’autant que celle qui a été ravagée était déjà bien avancée. C’est fichu pour cette année. Nous avions 400 pieds de tomates, 700 de melons. Nous allons essayer d’en remettre 300 ou 400. Mais avant de replanter, il nous faudra tout arracher. »
« Je n’avais jamais vu ça »
Les viticulteurs ont eux aussi été touchés, à l’image de Denis Retiveau, producteur à Turquant et qui possède aussi des vignes Fontevraud. « Il y a eu une bande orageuse qui s’est étendue de Montsoreau à Turquant. Cela a été une catastrophe. J’ai 10 hectares qui ont été touchés par la grêle. Ici ce sont des billes d’un centimètre qui sont tombées, mais sur Fontevraud se sont des balles de ping-pong. Sur ces 10 hectares, 7 présentent des grappes qui ont été impactées et ont noirci. Elles devraient bientôt tomber. 3 hectares ont été détruits, il n’y a plus de feuilles, plus de grappes. Il faudra au moins deux ans pour que du raisin revienne sur ces plants. » Le viticulteur se dit abasourdi par cet orage et confie qu’il n’avait « jamais rien vu de comparable auparavant. J’ai échangé avec des anciens viticulteurs de 85 ou 90 ans et eux non plus n’avaient jamais vu ça. Le dernier gros épisode de grêle remonte à 1971, mais il n’avait pas été si violent. » Il ajoute : « Pendant l’orage, j’étais sur mon tracteur et j’ai vu des corbeaux avec les ailes blessées par la grêle. Sur la Loire, des canards ont été assommés et tués par les grêlons. » Comme beaucoup, Denis Retiveau n’est pas « assuré pour ce phénomène qui n’arrive qu’une fois tous les 40 ans. » Il attend de voir comme les autres si ce phénomène sera reconnu comme catastrophe naturelle et ouvrira à une indemnisation. « C’est vraiment dur. Entre le covid, les gelées de printemps, nous accusons une nouvelle fois le coup. Après les gelées la vigne avait bien repris. Mais les grappes ont été détruites en 10 minutes. Au moins, les grappes devraient tomber des ceps et ne donneront ainsi pas de goût au vin. En effet, les grappes grêlées sèchent parfois et restent sur les ceps et cela donne un peu un goût de raisin sec. »
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés