Ce stage de deux semaines en entreprise concerne l’ensemble des élèves de seconde générale et technologique scolarisés dans les établissements scolaires publics relevant du ministère chargé de l’éducation nationale et du ministère chargé de l’agriculture ainsi que dans les établissements d’enseignement privé sous contrat dès juin 2024. Il se déroule en entreprise, association ou service public, du 17 au 28 juin, et ce dans toute la France au même moment. L’objectif affiché par le gouvernement est « d’améliorer la politique d’orientation des jeunes et de rendre toujours plus dynamique le lien entre l’école et les entreprises ainsi que tous les employeurs, publics comme privés ». En s’inspirant de la politique d’éducation de l’Autriche, des Pays-Bas ou de la Suède, qui effectuent 5 ou 6 semaines de stage sur leur scolarité, le gouvernement a souhaité « assurer une nouvelle aide aux élèves pour réfléchir à leur orientation ».
Des expériences diverses
Après une première semaine passée au sein des entreprises, la rédaction du Kiosque est allée à la rencontre de plusieurs lycéens saumurois pour glaner leurs ressentis et impressions. Léa fait son stage au sein d’une entreprise qui propose des balades en chiens de traîneau à Gennes-Val de Loire : « C’est un métier où on est toujours dehors, et vu qu’il a pas mal plu ces derniers jours, ce n’est pas idéal. Je donne à manger aux chiens, nettoie leur box et leur gamelle et j’entretiens leur parc, c’est long à faire mais ce n’est pas compliqué. » Pour d’autres cela permet de découvrir le monde du travail « difficile et fatigant », comme le concède Pierre en stage chez un primeur de Distré. C’est également le cas d’Alysée, actuellement chez un photographe de Beaufort-en-Anjou : « C’est très intéressant de voir et d’apprendre comment faire des retouches, des sélections de photos mais également de préparer des commandes ou faire des albums. Même si je sais déjà ce que je veux faire, il me permet de découvrir d’autres choses et de voir la face cachée, le travail, derrière toute chose, car on ne s’en rend jamais vraiment compte comme ça, mais c’est énorme ! » Même son de cloche pour Sacha, en stage dans au restaurant Le Caveau de Doué-la-Fontaine pour qui le stage semble bien se dérouler : “La restauration c’est intéressant. J’ai pu voir les différentes facettes du métier, mis à part le service : l’accueil des clients, la plonge, préparation des plats du lendemain, nettoyage de la salle redressage des tables… » Par ailleurs, ce stage de seconde peut être l’occasion d’aller voir de nouveaux horizons, y compris plus lointains, comme pour Louise-Rose qui en a profité pour partir à l’étranger avec l’organisme Adolesco : « Je suis partie au Canada, en Colombie Britannique à côté de Vancouver. Je reste du 16 juin au 28 août. Tout se passe très bien. Je trouve que c’est une belle opportunité de découvrir d’autres cultures et coutumes ! Cela me permet de vivre une expérience différente ! Pendant mon séjour je vais partir faire du surf sur les îles à côté de Vancouver, nous allons également aller à Seattle et dans d’autres lieux aux États-Unis ! Et comme c’est un échange, j’ai une correspondante qui viendra chez moi en retour. »
Des stages parfois difficiles à trouver
Ces stages de seconde sont donc une première et cela n’a pas toujours été évident pour trouver un stage. Structures trop petites pour accueillir des stagiaires, période trop chargée, début des congés d’été, secteur d’activité non adapté aux stages d’observation… Les raisons sont légion pour ne pas prendre de stagiaires. Aussi, nombre d’entre eux sont restés sur le carreau en cette fin de mois de juin. Une lycéenne Saumuroise préférant rester anonyme témoigne de son expérience : « Vers mars je commence à envoyer mes premières lettres de motivations, mais je ne reçois pas de réponses, ou alors celles-ci sont négatives. Les entreprises ne veulent pas nous accueillir car ils ne nous connaissent pas et n’ont pas envie de s’aventurer dans les »stages de secondes ». D’autres ont indiqué avoir déjà des stagiaires. Je me retrouve donc sans stage au mois de juin. Je demande alors de l’aide à mes professeurs, mais ils ne savent pas quoi faire. Je dois donc me débrouiller seule et on me presse pour que je trouve un stage, on me réprimande pour ne rien avoir sans pour autant m’apporter des solutions. Il faut dire que personne ne semble au courant de rien, ou ne donne les mêmes informations. Finalement, la direction de mon établissement me dit de retourner au lycée pendant les 2 semaines prévues pour le stage. Je ne sais pas ce qu’on va y faire, les professeurs non plus.Nous sommes 40 élèves à ne pas avoir trouvé de stage au sein de mon lycée. Dimanche soir nous recevons les horaires. J’arrive lundi au lycée et nous sommes 6 (ndlr sur les 40 élèves) à être présents. Malgré le stress du corps enseignant engendré par le bac, on arrive à garder une bonne atmosphère sur place, mais on nous presse toujours un peu pour trouver un stage… Les professeurs nous écoutent et nous accompagnent sur ce qu’on pense vraiment du stage. J’ai fini par en trouver un en école primaire, d’autres camarades en ont obtenu un, grâce à des contacts de la direction et des encadrants. C’est un peu tard, mais c’est déjà ça. Je les remercie quand même pour leur dévouement, car ils allaient dans l’inconnu tout autant que nous, élèves. » Nathan, en seconde au lycée Duplessis Mornay de Saumur n’a pas eu autant de chance et se retrouve sans stage. Son établissement n’accueillant pas les jeunes sans stage, il reste donc chez lui durant ces deux semaines. Il raconte : « J’ai envoyé une bonne trentaine de candidatures dans des théâtres, des cinémas, chez des producteurs pour ne recevoir comme réponse que « nous ne prenons pas de stagiaires ». J’ai aussi cherché sur le site de l’éducation nationale, j’ai envoyé 3/4 candidatures et 0 réponse. J’étais à chaque fois un peu déçu évidemment. J’en avais tellement envoyé que je me rassurais en me disant que si cette structure ne pouvait pas me prendre, une autre le ferait. En vain ! Aujourd’hui, je n’ai pas de stage. Pour ne pas m’ennuyer pendant ces deux semaines, j’essaie de varier un maximum les activités : cuisiner, jouer de la guitare, voir de la famille ou des amis qui n’ont, eux aussi, pas de stage. »
Parole à Amélie et Clovis, stagiaires au Kiosque
Durant ces deux semaines, la rédaction accueille elle aussi deux stagiaires au sein de son équipe. Elle a décidé de leur ouvrir ses colonnes. Voici leur témoignage sur cette première mise en place du stage de seconde :
Amélie en seconde au lycée Saint-Louis : « C’est en novembre 2023, qu’on m’a annoncé que nous devrions faire un stage à la fin de l’année. Au début, je pensais que ce projet allait être annulé dans le courant des mois qui viendraient puisque nous n’avions pas eu de nouvelles et de précisions. Mais en janvier, j’ai dû me rendre à l’évidence et trouver un stage rapidement. Mon choix s’est porté sur Le Kiosque car je m’intéresse au monde du journalisme. J’ai privilégié un petit média au lieu d’un grand car cela pouvait me permettre d’avoir plus de libertés et également que j’apprenne plus, en faisant des tâches diverses. Mon inquiétude était que ce ne soit qu’un stage d’observation et que je doive rester à ne rien faire durant deux semaines. Finalement, je trouve que ce stage est une bonne idée. Il nous permet de découvrir de nombreuses choses et de gagner en expérience, cependant, il aurait été judicieux de ne pas caler un stage obligatoire pour tous les secondes en même temps. De ce fait, les entreprises sont saturées et beaucoup de lycéens n’ont pas pu trouver de stage dans les délais. Par ailleurs, en cette période d’examens, les lycées ne peuvent pas forcément se permettre d’accueillir tous les élèves qui n’ont pas trouvé de stage. »
Clovis, en seconde au lycée Duplessis Mornay à Saumur : « Lorsque j’ai appris qu’on allait faire un stage à la fin de l’année, j’étais assez mitigé. Je trouve que c’est une bonne chose qu’il soit plus long que le stage de 3e, c’est l’occasion de découvrir plus de choses. Néanmoins, je trouve que l’organisation et la mise en place de ce stage ont été compliquées. Nous avons été mis au courant bien trop tard et cela nous a laissés peu de temps pour trouver une entreprise prête à nous accueillir. Je trouve également que ce n’était pas très judicieux de mettre tout le monde en stage en même temps, cela bouchonne un peu au niveau des demandes. J’ai moi-même fait plusieurs demandes avant de trouver un stage. Je pensais que ce serait uniquement un stage d’observation, mais cela a été une bonne surprise de voir qu’on nous proposait de faire des choses. Au début, j’étais embêté à l’idée de faire un stage, maintenant que j’ai commencé, j’en suis vraiment content. »
Propos recueillis par Amélie et Clovis
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