Ce Temple est unique dans le département, tant pour son histoire que pour son architecture, il est un édifice emblématique d’un pan d’histoire de Saumur. Le siècle de la réforme est une grande époque historique de la collectivité. Oppressés par l’Église locale, nombre de notables et gens du peuple se convertissent à l’église réformée. Considérée au début du XVIIe siècle comme la capitale politique du protestantisme, la ville traversera douloureusement la période où se sont entremêlées les guerres de religion et les guerres du royaume. D’importants travaux de rénovation avaient été engagés en février 2022. Ceux-ci ne devaient normalement ne durer qu’un an, mais ils viennent seulement de toucher à leur fin, en juillet dernier, soit 29 mois de travaux. Si le temps s’est allongé pour ce chantier, l’enveloppe aussi arrivant finalement à 2,1 millions d’euros, dont 1,4 million d’euros de subventions.
Les travaux
Outre l’état d’encrassement et de desquamation général des maçonneries en pierre de tuffeau, pierre caractéristique du Val de Loire, l’édifice souffrait de désordres importants de ses superstructures, liés à des malfaçons de conception et/ou lors de précédentes restaurations. La triangulation des fermes de la charpente et l’assemblage de ses éléments étaient inadéquates et ne correspondaient pas aux plans de construction réalisés par Charles Joly-Leterme. Les chevrons avaient fléchi et portaient difficilement la couverture. Les renforts occasionnaient un poids supplémentaire sur les arbalétriers et les entraits de ferme qui supportaient intégralement le poids du plancher et des verrières. Cette charge trop importante avait engendré un fléchissement des poutres provoquant l’arrachement des contre-fiches et des poinçons de fermes, ainsi que la fissuration des maçonneries d’arases des murs gouttereaux au droit des abouts d’entraits (fissures dans la nef). La couverture n’était plus totalement étanche et la couvertine en plomb du faîtage était vétuste et déformée par endroits. Les puits de lumière étaient très dégradés et les rosaces cassées par endroits. Des morceaux de plâtre et des éléments des vitraux tombaient dans les filets de protection. Les descentes d’eaux pluviales anarchiques ou absentes, contribuaient à la prolifération des mousses et lichens qui colonisaient l’ensemble, et accentuaient la desquamation des maçonneries des façades.
Un soutien indispensable de la Fondation du Patrimoine
En 2020, le Temple de Saumur a été sélectionné par la Mission Patrimoine portée par Stéphane Bern comme projet départemental de Maine-et-Loire. Une aide de 192 000€ a été accordée à la municipalité pour soutenir le projet. En complément de la collecte de dons lancée en 2019 qui a réunie plus de 80 donateurs, le projet a bénéficié du soutien de deux mécènes. En effet, grâce à un Saumurois vivant aux Etats-Unis, la Fondation Ruth Stanton a accordé une aide de près de 300 000€ et le club «Mécènes d’Aujourd’hui pour le Patrimoine de demain en Anjou», un aide de 20 000€. Au total, la Fondation du patrimoine aura contribué à financer le projet de restauration à hauteur de 512 218.91€.
Un peu d’histoire
Si la ville de Saumur, devient à partir de 1589 une place forte du protestantisme suite au rapprochement entre le roi Henri III et Henri de Navarre, le lieu dédié au culte a connu bien des tourments. D’abord célébré presque confidentiellement dans le logis du gouverneur de la ville, Philippe Duplessis-Mornay, le culte est ensuite pratiqué dans un bâtiment près du prieuré de Saint-Florent-du-Château. En 1590, cet édifice est détruit lors des travaux d’aménagement de la citadelle. Un temple est alors édifié avec les deniers personnels du couple Duplessis-Mornay, sur un terrain proche du centre-ville. Inauguré en mars 1593 par le roi Henri IV, il est rasé en 1685 suite à l’interdiction de la pratique du protestantisme. En 1802, le Concordat autorise à nouveau le culte protestant en France. La communauté protestante saumuroise qui s’est reformée, confie, grâce à l’aide financière des Anglais d’Anjou, à Charles Joly-Leterme, l’architecte de la ville, la construction d’un nouveau temple. Inspiré des anciens temples grecs, il se dresse dès la fin juin 1844 à quelques mètres de l’ancien temple. L’intérieur de l’édifice est achevé 10 ans plus tard. Comme il est de règle dans la théologie protestante, il est d’une grande sobriété. En juin 1940, le Temple est ravagé par les bombardements sur la ville. Faute de moyens, les réparations entreprises ne restitueront pas les dispositions initiales de l’édifice, et notamment la baie vitrée en forme de croix du pignon est. Cette façade jouxte la place William Penn, étudiant à l’Académie protestante de Saumur en 1662 et 1663, dont les actes et l’idéal pacifiste inspireront toutes les démocraties modernes et notamment en France la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
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