Dans le contexte national de difficultés structurelles à recruter et fidéliser dans les métiers en santé, le Centre Hospitalier de Saumur s’est organisé pour mieux comprendre les raisons du malaise des infirmiers. « Les jeunes professionnels nous ont fait part du trouble ressenti à réaliser des démarches qui les éloignaient du soin direct lors des entretiens professionnels menés par la direction des soins. Par exemple : « je ne supporte plus les multiples appels téléphoniques qui me coupent dans les soins », « les négociations avec les ambulances me font perdre trop de temps ». Cherchant plus de précisions, nous avons pu classer ces interventions en activités afférentes aux soins telles qu’elles existent dans la méthode de mesure des Soins Infirmiers Individualisés à la Personne Soignée (SIPPS). A partir de ce constat, nous avons alors déterminé un objectif général : améliorer les conditions de travail des infirmiers en les recentrant sur le soin direct et en diminuant les interruptions de tâches », explique l’hôpital de Saumur. Comment ? En créant un nouveau métier : « Opérateur des activités supports aux soins ».
Les missions
L’hôpital a établi un profil de poste qui s’articule autour de quatre grandes missions :
– L’hôtellerie : se concentre sur l’accueil des patients, la présentation du livret d’accueil, les démarches pour les patients isolés comme l’ouverture de la ligne téléphonique ou encore la télévision.
– L’administration : lors de l’accueil du patient, contrôler le recueil de données notamment concernant la personne de confiance, la personne à prévenir et informer sur les directives anticipées. A la sortie, s’assurer que le questionnaire de satisfaction soit complété.
– La communication–information : avec le suivi des demandes sur le logiciel Trajectoire, la gestion des demandes de transports sanitaires pour les examens ou les sorties, les demandes de brancardage, leur suivi et leur réalisation, les documents de sortie pour le patient, enfin la gestion des appels entrants de l’unité de soins (ambulances, proches, laboratoire, brancardage…etc.)
– La logistique : déplacement hors du service de soins en cas d’absence du coursier pour ce qui relève du laboratoire ou de la pharmacie.
Une première expérimentation
Pour mettre en place l’expérimentation de ce nouveau métier, il a d’abord été nécessaire de procéder à une publication de poste interne à l’établissement afin de permettre à chaque aide–soignant ayant déjà une solide expérience de se présenter à la sélection. Le profil visé est aussi une réponse aux débats actuels sur la retraite à 64 ans. Il s’agit de proposer aux aides–soignants la perspective de prestations moins éprouvantes physiquement au cours de leur fin de carrière. Sur 16 professionnels, nous en avons retenus trois pour un démarrage sur deux services de médecine pilotes. Il s’agit donc d’une équipe transversale capable d’exercer sur chacun des services du CH de Saumur. Ces professionnels ont été formés avant leur prise de poste notamment à l’usage des logiciels. Leur lien hiérarchique est le Directeur des soins. Un cadre supérieur a été missionné pour être un relais du Directeur des soins et pour le suivi de ce projet. Un premier bilan à un mois a eu lieu et montre avant tout la grande satisfaction des infirmiers qui en ont fait part au Directoire : « Nous avons gagné du temps, ce qui nous permet d’être plus présentes auprès du patient et de discuter avec lui » « Nous sommes plus concentrées sur les soins à réaliser sans le stress de toutes les demandes que nous devions gérer auparavant » « Les familles et les patients nous ont dit leur satisfaction d’être réellement accueillis ». Satisfaction partagée par les opérateurs des activités supports aux soins qui ont témoigné en CDU : « Nous nous sentons tellement utiles en interface avec les infirmiers, les patients, les proches et les médecins » « Ces missions sont très valorisantes et nous avons trouvé très vite notre place dans l’équipe de soins ». L’objectif de recentrer le métier infirmier sur le soin direct semble atteint. Une adaptation des horaires des opérateurs des activités supports aux soins a dû être faite pour une meilleure coordination dans les services. Ils exercent donc sur une plage horaire de 9H à 17H30 du lundi au vendredi. La mobilité d’un service à l’autre sera évaluée lors du bilan à 3 mois. A ce stade, nous poursuivons l’expérimentation qui donne toute satisfaction. Après la période de trois mois et si les résultats restent aussi probants, un déploiement est prévu pour chaque service de soins.
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Commentaires 1
C est une bonne initiative, cette problématique est soulevée depuis longtemps par les cadres de santé. Cela dit une grande partie de ces taches sont plus de l ordre d un logisticien ou d une secrétaire que d un soignant.