Saumur. Le Bureau d’enquête a rendu son rapport sur l’accident d’ULM d’août 2020

Le 31 août 2020, le vigneron de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Frédéric Mabileau, a perdu la vie dans un accident d’ULM survenu à l’aérodrome de Saumur-Saint-Hilaire-Saint-Florent (relire notre article). Pour rappel des faits, le pilote s’aligne en piste 28 de l’aérodrome Saumur – Saint-Florent afin de réaliser des circuits d’aérodrome. Il prélance le rotor, puis décolle et effectue un palier d’accélération à environ deux mètres du sol. À la sortie du palier, les témoins aperçoivent l’ULM se cabrer fortement et prendre une assiette quasiment verticale. Au sommet de sa montée, estimée à une cinquantaine de mètres de hauteur par un témoin, l’ULM effectue deux tonneaux sur la droite, avant de piquer vers le sol sur la gauche. L’ULM entre en collision avec le sol, dans la bande aménagée de l’aérodrome à gauche de la piste, et prend feu à l’impact. Le Bureau d’Enquête et d’Analyse pour la sécurité de l’aviation civile a récemment rendu son rapport d’enquête sur cette affaire. La piste d’une défaillance mécanique a été écartée.

Un vol seul sur un nouvel engin

« La formation sur autogire du pilote, déjà expérimenté sur d’autres classes d’ULM, s’est déroulée nominalement. L’instruction s’est déroulée en alternance sur un Magni M16 de l’école et sur le Magni M24 Plus que le pilote venait d’acquérir. Cette alternance entre les deux types d’autogires n’a pas posé de difficulté particulière au pilote, mais son instructeur lui avait indiqué de rester mesuré dans la gestion de la puissance lors du décollage pour ses premiers vols en solo en M24 Plus, plus puissant que le M16 », débute le rapport. Quelques jours après la délivrance de sa qualification autogire, le vigneron/pilote a réalisé seul à bord des circuits d’aérodromes à Saumur. « Le jour de l’accident, le pilote a rencontré deux connaissances, pilotes et propriétaires d’autogires de gamme inférieure, intéressés de découvrir le Magni M24 Plus. Ces derniers, positionnés à proximité de la piste, ont observé le décollage du 49ABZ », précise le BEA. Le prélancement du rotor et la transition entre le roulage et le palier se sont déroulés normalement.

Perte de contrôle

« Au cours du palier d’accélération, le pilote, qui avait une faible expérience sur autogire, a eu une action excessive sur la commande de tangage. L’ULM a alors pris une forte attitude à cabrer, quasiment à la verticale. Il est à noter que ce vol est survenu dans un contexte où le pilote, récemment breveté et décrit comme « téméraire » par des personnes de son entourage, avait réalisé son souhait de pouvoir voler librement dans son ULM à l’issue de plusieurs mois de formation. Il est ainsi possible qu’une volonté de démontrer les performances de son autogire nouvellement acquis aux pilotes restés au sol, qu’il connaissait et dont il savait l’intérêt envers ce type d’ULM, ait contribué à cette prise d’assiette excessive », analyse le rapport. La montée à forte pente et à pleine puissance a entraîné la diminution du poids apparent de l’autogire, conduisant à une diminution de la vitesse du rotor. « Le pilote, probablement surpris par la forte attitude à cabrer de son autogire et par cette situation dynamique, n’a pas été en mesure de reprendre le contrôle de la trajectoire. Il a finalement perdu le contrôle en roulis de l’autogire, qui est entré en collision avec le sol à proximité de la piste. »

A propos du BEA

Le BEA est l’autorité française d’enquêtes de sécurité de l’aviation civile. Ses enquêtes ont pour unique objectif l’amélioration de la sécurité aérienne et ne visent nullement la détermination des fautes ou responsabilités.