Saumur. Convoquée pour être expulsée, la famille pakistanaise ne se présente pas au commissariat

Ce mardi matin, la famille pakistanaise menacée d'expulsion était convoquée à 9h au commissariat de Saumur. Un rendez-vous qui l'aurait directement conduite vers un avion en direction de son pays d'origine où elle ne souhaite aucunement retourner. La mère de famille et ses 4 enfants ne se sont pas présentés ce mardi matin.

Comme nous l’avons relaté à plusieurs reprises dans nos colonnes (relire nos articles), une famille d’origine pakistanaise vivant à Saumur depuis plusieurs années est menacée d’expulsion. La mère, seule, et ses 4 enfants ont vu leurs demandes de régularisation refusées. Des enseignants et des élèves du lycée Sadi-Carnot-Jean-Bertin où l’un des enfants est scolarisé en Bac Pro cuisine, se sont mobilisés pour s’opposer à cette expulsion. Des courriers ont été adressés au ministre de l’Éducation, à celui de l’Intérieur, au préfet de Maine-et-Loire, au maire de Saumur, une pétition a été lancée, mais visiblement les choses ne semblent pas bouger. Samedi matin, Jawad, un des enfants, s’est présenté au commissariat pour l’assignation à résidence, de même que sa maman ce lundi matin. « Ils sont rapidement ressortis », commente Marina Bossard, enseignante au lycée qui suit le dossier depuis le début. À chaque fois, 4 à 5 enseignants étaient présents pour les soutenir ou les accompagner. Ce mardi matin, la famille était convoquée à 9h au commissariat de Saumur « pour leur expulsion ». Un collectif d’enseignants, camarades de classe, de citoyens était présent pacifiquement pour témoigner de leur soutien, mais également leur mécontentement quant à cette décision.

La famille ne s’est pas présentée au commissariat

9h sonne. Puis, les minutes s’égrènent. Finalement, il semblerait que la famille ne répondra pas à la convocation et ne se présentera pas au commissariat. Dans les rangs des personnes mobilisées, plane un drôle de sentiment partagé. « S’ils se présentent, ils sont certains de repartir au Pakistan. Mais s’ils ne viennent pas, ils entrent dans la clandestinité et sont hors-la-loi. C’est un choix cornélien et impossible. On leur demande de repartir dans un pays où leurs vies sont menacées, où les droits des femmes sont quasi nuls, on demande à une femme seule avec ses enfants, dont une petite fille, de repartir dans ce pays où l’on craint pour eux une situation terrible », expliquent les enseignants mobilisés. Si aujourd’hui personne n’a de nouvelle et ne sait ce qu’il advient de la famille, par ailleurs accompagnée et conseillée par une avocate missionnée par la FCPE, Marina Bossard assure que dans les derniers jours « ils étaient épuisés, ne dormaient pas et étaient terrifiés à l’idée de retourner au Pakistan, mais tout autant de ne pas se présenter ce matin et d’entrer dans la clandestinité. »

« Facile de s’attaquer à des familles pour faire du chiffre »

Bernard Febvre également venu ce mardi matin avec d’autres militants de la NUPES, témoigne : « En 2022, il y a 18 situations similaires à Saumur. En France, on vire des gens comme ça, des personnes qui sont dans nos vies, et du jour au lendemain, ils disparaissent sans que l’on s’en rende compte, sans qu’on ne sache rien. Nous n’accepterons jamais ça et c’est un combat qu’il faut poursuivre. Quand on veut faire du chiffre, il est bien plus facile d’aller chercher des familles sans défense comme celle-ci. » Pour les personnes présentent c’est l’incompréhension : « On ne comprend pas bien les raisons de cette expulsion. Toutes leurs demandes de régularisation ont été refusées et aujourd’hui on estime qu’il n’y a pas de raison suffisante pour qu’ils ne retournent pas au Pakistan. On estime que les conditions pour les femmes au Pakistan ne sont pas une raison suffisante. Et ce, alors même qu’ils sont insérés dans la vie saumuroise depuis longtemps et qu’ils font tout pour. »

« Ils sont en sécurité »

Stéphanie Kieffer, de la FCPE un association de parents d’élèves, suit le dossier de très près. C’est la FCPE qui a missionné une avocate pour porter le dossier. La fédération attend encore des nouvelles de cette dernière. Stéphanie Kieffer estime que « cette situation n’est pas normale. Lorsqu’ils viennent en France on oblige les migrants à mettre leur enfants dans les écoles pour que 4 ans après on leur demande de repartir. Il s’agit d’une famille parfaitement intégrée depuis des années et qui ne pose aucun problème. Il y a selon moi d’autres personnes à expulser en priorité. Pour ce qui est des actions et des recours qu’ils nous restent, nous sommes justement en train d’étudier les leviers à notre disposition. Quoi qu’il en soit nous n’allons pas les lâcher. Ils sont actuellement en sécurité et je ne pense pas que le commissariat de Saumur vienne les chercher. Du moins je l’espère. Nous allons tout faire pour que la préfecture réétudie le dossier et le lise un peu plus en profondeur afin d’ensuite demander une nouvelle régularisation. On est une terre d’accueil et le traitement qu’on leur réserve ici est inhumain. » Contacté par la rédaction pour en savoir plus sur la suite des événements dans ces conditions, le commissariat de police de Saumur renvoi vers la sous-préfecture de Saumur qui n’a pas encore répondu à nos sollicitations.
Une situation difficile pour les camarades de classe

Cette situation est également difficile à vivre pour les camarades de classe des jeunes concernés. « Les élèves nous demandaient où en était l’affaire, ils ne voulaient pas le croire et nous demandaient comment cela pouvait être possible. Nous avons longuement échangé avec eux et ils ont souhaité se mobiliser eux aussi pour défendre leurs camarades de classe et amis », souligne Marina Bossard. Marion, en Bac-Pro Cuisine au lycée Sadi-Carnot-Jean-Bertin avec Jawad, l’un des fils de la famille témoigne : « Lorsque nous avons appris pour la première convocation de Jawad, nous ne voulions pas y croire et on ne pensait pas cela possible. Nous trouvons cela injuste et très sale. Jawad travaille très bien et a toujours envie de bien faire. Il nous aide dès qu’il le peut et nous l’aidons en échange. C’est très difficile de ne pas avoir de nouvelles de lui à ce jour. De ne pas savoir ce qui se passe pour eux, où ils sont, de ne pas pouvoir les contacter… On se demande si on le reverra à la rentrée (NDLR : les lycéens sont actuellement en vacances scolaires). C’est injuste et face à cela, notre classe est très solidaire et unie. D’autant que nous sommes engagés par ailleurs dans un dispositif solidaire auprès d’une association. La solidarité et l’entraide sont des valeurs que l’on nous inculque chaque jour et cette expulsion ne correspond pas à ces valeurs. »

Commentaires 18

  1. Johan Bourret says:

    Voilà une famille pour qui tout se passait bien et qui, du jour au lendemain, sans avoir commis d’actes répréhensibles, va devoir échapper à la traque de la police française. Cette famille va vivre dans la clandestinité. Les enfants qui avait une vie stable, qui étaient scolarisés seront alors fragilisés… Est-ce là, la France de Victor Hugo, qui disait :  » Ouvrez les portes d’une école, et vous fermerez les portes d’une prison « .

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  2. Bon sens says:

    La preuve que cette famille ne cause aucun problème : les enseignants veulent la garder !

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  3. garcia says:

    Désolé pour cette famille, mais la France n’est pas une passoire ; comme dans toute nation, il y a des règles à respecter ; ils ont fraudé en toute connaissance de cause, profitant du laxisme, bien reflété dans l’article bisounours ; alors il faudrait accueillir tous malheureux du Pakistan et d’ailleurs ? Essayez d’enter au Pakistan sans visa, ou n’importe où ailleurs. Bien sûr ils ne partiront pas, comme 98% des irréguliers. Malgré le billet offert et la cagnotte.

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    • @garcia says:

      Il y a très loin de la froideur administrative à la chaleur de l’humanisme. En tant que citoyens libres, dans un pays favorisé, il me semble que nous devons prioriser l’humanisme au détriment de certaines règles qui nous confortent dans notre égoïsme de nantis.

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    • Marye says:

      Vous me donnez tout simplement la nausée…

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    • Zorro says:

      Bien installé dans votre petit confort, vous avez une vue bien étriquée et rabougrie de notre pays. Ça pue la naphtaline dans votre tête. Doit-on vraiment vous souhaiter de n’être jamais confronté à la même situation?
      « Si tu expliques 3 fois un truc à quelqu’un et qu’il ne comprend pas, c’est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l’avoir mieux compris que toi, alors, tu as affaire à un con. » (Le grand monde – Pierre Lemaître). Pour vous, je ne sais pas…

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    • as says:

      j’ai honte qu’un ras du front comme vous se dise français et que l’on ne l’expulse pas… Pourquoi dire qu’ils ont « fraudé en toute connaissance de cause » puisqu’ils ont essayé de régulariser leur situation ? où avez-vous vu qu’ils toucheraient une cagnotte ? et les billets d’avion gratuits c’est plutôt les services de police qui les touchent comme « bons clients » des compagnies aériennes

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  4. Pierre Blanchaud says:

    Le raciste, le nationaliste xénophobe, sont convaincus que la présence étrangère d’émigrés naturalisés ou pas, souille l’identité nationale. Ils prennent pour des idées ce qui n’est que fantasme, mécanisme de défense du névrosé. Pourtant, nous n’avons pas vocation au mépris, mépris de l’autre, mépris de l’étranger, mépris de l’élan de générosité, de soidarité !

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  5. boucher dominique says:

    Une passoire! Senor Garcia vous confondez cet outil qui permet de trier avec souci de protéger ce qui est bon!I Ici particulièrement pour notre société en manque de ces volontés magnifiques de pourvoir à nos déficits dans des secteurs en tension!

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  6. Jack says:

    Merci pour le rappel de Victor Hugo
    Merci aux lycéens et enseignants, ils réduisent la honte que j’ai de mon pays
    Bonne chance à cette famille
    Et Monsieur le Préfet sachez désobéir aux injonctions de votre ministre, et fuir les relents d’extrême droite qui rappellent une sinistre période de notre histoire. Courage à vous !

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    • Philippe PAIN says:

      Je suis comme vous. Ces élans xénophobes me donnent la nausée et nous ramène à une triste période précédent le basculement dans l’enfer.

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      • Marye says:

        Oui, certains n’ont visiblement pas été très attentifs en cours d’Histoire, ont la mémoire bien courte et ont ouvertement des propos nauséabonds qui font froid dans le dos. Comment est-il encore possible d’écrire impunément de telles insanités ?

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  7. Florentais says:

    Bonsoir. On chasse une famille mais on garde des voyous qui ne respecte pas notre république.
    Qu elle impacte psychologique pour ces jeunes enfants pakistanais. Comment ils vont vivre avec ça maintenant ? Et quelle sentiment va grandir dans leur coeur. Aucun suivi bien sûr . On accueil pour faire bien et après débrouillez vous. Merci aux camps du bien.

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  8. @bon sens says:

    les enseignants veulent garder le monde entier. Au lieu de faire de la politique ,ils feraient mieux d’élever le niveau de nos enfants plutôt que d’en faire des crétins

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  9. Superdeg says:

    Qu’importe puisque les décisions de justice ne sont pas appliquées, il suffit de faire une procèdure auprès de la cour européenne des drois de l’homme et il reste, au lieu de hurler faites donc ce qu’il faut faire Et dire que les leaders du mouvement ils enseignent aux gamins!

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  10. Pseudo says:

    Quand on rencontre des problemes ,la situation de cette famille(complexe car notre pays a une forte dette ce qui complique les choses ) et surtout ,les commentaires pose question .
    Il y a des moyens, des personnels ,de la volonté ,de l aide que parfois… l on ne trouve pas aupres des administrations ou « les gens  » .
    Faut se debrouiller tout seul ,ca fait des histoires …

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  11. bernadette Fourré- jousselin la vieillerie says:

    Et pour tout dire ………………………. MERDE aux racistes et aux humains en général il est vrai que ceux qui se présentent sous pseudo se croient à l’abri, mais pour moi ce ne sont que des traitres à l’humainnité Je vomis sur eux tous

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  12. Une humaniste says:

    Beaucoup trop de commentaires nauséabonds ! C’est triste mais pas étonnant…
    Senor Garcia ce nom sonne comme un ancêtre étranger…

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