Que pensez-vous du contenu en lui-même des débats ?
« Nous devrions logiquement nous féliciter de l’exposition médiatique donnée à la campagne présidentielle. Or, en miroir, nous ne pouvons occulter les méfaits des excès, de la surabondance tricotée et torchonnée par les chaines d’information en continu, contraintes et, parfois même, orientées. Car, même quand il s’agit d’apprécier l’avènement d’initiatives proposant la présence de citoyens en face à face sur les plateaux, les débats s’avèrent souvent tronqués par des chefs d’orchestres en quête d’audimat et de notoriété. Et, pire encore, le « débriefing », opéré à chaud par des chroniqueurs politiques maison ou des intervenants en CDI, se concentre essentiellement sur l’anecdotique, le sensationnel, le nectar de leur délectation.
Ces mêmes spécialistes qui, la mine grave et désolée, soulignent aussitôt les carences des candidats en matière de propositions programmatiques. Un comble, pour ses faiseurs de roi qui mobilisent leurs antennes sur les épiphénomènes et le clinquant. Heureusement, il existe encore un service public (que certains souhaitent éteindre) qui rend plus audible le discours des candidats dont la meilleure expression se retrouve, malgré tout, dans les meetings. Leur liberté de parole retrouvée, ils demeurent maître des temps d’explication pour avancer leurs idées, expliquer leurs engagements sur des sujets qui, enfin, échappent à l’étau des picoreurs de sensations. »
Quels sont les thèmes que vous aimeriez voir aborder (ex. sécurité, solidarités, climat, services publics, pouvoir d’achats, sanitaire (vaccination..) ?
« Pour les raisons évoquées ci-dessus, il apparait difficile d’échapper aux thématiques imposées par la course à l’audimat. Ainsi, la transition écologique et particulièrement le réchauffement climatique, demeurent les parents pauvres des préoccupations pointées par les journalistes-animateurs, alors même qu’ils trônent dans le peloton de tête des sujets prioritaires, sensibles au cœur de l’électorat. Cette grande inquiétude autour du devenir de la planète est bien réelle, fondée, et les dernières réticences tombent au rythme des catastrophes inexorables constatées, à pas rapprochés, sur tous les continents. Et si le phénomène émeut, sensibilise jusqu’à mobiliser les jeunesses du monde, il n’est pas pris en compte à hauteur des enjeux, des bouleversements qui dans quelques décennies vont assurément donner à l’émigration une place prépondérante dans le débat public.
Le déplacement des peuples sera alors une réalité, bien éloignée des tourments spécieux et des propagandes de ceux qui aujourd’hui font commerce d’angoisse et de haine dans des postures identitaires malsaines et effrayantes. L’écologie est un sujet prioritaire, transversal, impactant sur le futur de nos comportements sociaux, économiques et environnementaux, un sujet qui fait peur à l’aune d’un avenir en devoir de réécriture. Chacun y pense dans une forme de déni pudique édifiant qui pousse à l’apathie. Alors comment espérer des médias emportés par la houle des audiences, comment espérer qu’ils ralentissent leurs cadences diaboliques pour poser sereinement le débat. Au risque de perdre quelques points d’audience en assénant des vérités glaçantes qui engagent nos responsabilités sur les générations futures.
Outre ce filigrane tissé d’urgence, il est impératif de répondre au présent des difficultés sociales qui gangrènent notre pays. La pauvreté est grandissante et toujours plus nombreux sont ceux, ouvriers, employés, indépendants, commerçants et petits entrepreneurs qui travaillent pour survivre dans des précarités angoissantes. A ce sentiment d’insécurité (matérielle), de faillibilité, s’ajoute une déshumanisation galopante de nos sociétés, encouragée par la course incessante à la rentabilité, sous sa forme la plus détestable. Même nos services publics sont affectés par ce phénomène nourri de politiques libérales destructrices. Et aujourd’hui peu nombreux sont ceux qui se dressent pour un changement profond de ces pratiques qui ne fonctionnent plus, en France comme ailleurs. Et pour palier la déficience des maux qui affectent des fonctions essentielles de nos existences, des devoirs d’Etat, tels l’école, l’enseignement supérieur et la santé, on nous promet désormais la privatisation. Après nos forêts, nos barrages, nos aéroports, bientôt EDF (sans le nucléaire, mais pour sa branche rentable), voilà que nos dirigeants libéraux envisagent de confier aux marchés nos ressources naturelles et l’éducation publique gratuite. Quant à la manne des fonds de retraite par capitalisation, elle échouera, par retour de services, au fonds de pension américain, le géant BlackRock». Par équité, nous promet-on, bien sûr, pour le bonheur du plus grand nombre, bien sûr, mais surtout des actionnaires, c’est bien certain ! »
Quel est le candidat qui vous séduit pour le moment le plus si vous souhaitez le dire ?
« L’idée d’une nécessaire rupture avec l’économie dévastatrice des marchés, des grands accords commerciaux internationaux, pour préserver nos acquis et le futur de nos enfants, fait malgré tout son chemin. Dans les esprits cette petite musique résonne comme une ballade joyeuse vers un nouveau monde plus vertueux, respectueux
de la terre et des êtres vivants. Oui, chacun se plait à y penser. Mais de là à franchir le Rubicon, de faire des choix irréversibles vers des pratiques raisonnées, la solidarité et le bien vivre ensemble, il y a des montagnes à gravir dans des efforts auxquels nos sociétés consuméristes ne sont pas préparées. Pourtant, le mur se rapproche, sur lequel viendront se heurter les effets irréversibles de notre insouciance à muser sur le chemin sans retour.
Les pays, notre France, comme les puissants, dont les Etats-Unis, perdent peu à peu leur souveraineté sous le joug des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, et Microsoft) et de leurs héritières (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber..), dont ils regrettent l’hyperpuissance. Mais, soumis, inféodés, ils n’existent guère plus que dans leur capacité à s’accommoder des ambitions hégémoniques de ces nouveaux maîtres d’un monde sans aucune conscience. Alors, comment peut-on imaginer nos gouvernants se libérer de leurs chaînes, consolidées dans le quotidien du système capitaliste chéri et vénéré auquel ils croient encore. Sans une rupture programmée et ambitieuse avec le modèle économique actuel, la vie sur terre est tout simplement menacée. Le danger est là, pressant, évoqué du bout des lèvres dans une campagne électorale polluée par l’anecdotique, le buzz des petites phases, des tweets, des trahisons de ceux qui, eux, croient en l’avenir : le leur, et à court terme ! La planète oui, mais on verra plus tard !
Ce n’est pas en parlant des enjeux fondamentaux que les postulants au trône de Jupiter vont grapiller des points dans le capharnaüm des sondages. D’ailleurs, qui sont-ils ceux qui bravent l’interdit d’un progrès inédit, d’une douce révolution ? Ceux qui, effectivement et courageusement, osent proposer de sortir du dogme libéral. Pas la Gauche dite socialiste, aspirée et discréditée dans le giron élyséen, ni même les « verts » englués dans leurs paradoxes, tiraillés entre l’avoine et l’eau. Quant au président-candidat, en lien total de subordination avec l’oligarchie financière, il est bien, en l’occurrence, le premier d’une cordée aux mousquetons de laquelle se cramponnent les Pécresse, Le Pen, Zemmour…et le sémillant Roussel !
« L’avenir en commun » passe par une nécessaire et radicale transformation dont seuls les « Insoumis » sont convaincus. Le mouvement porté par la voix de Jean-Luc Mélenchon est une alchimie des idées soutenues depuis des années par des citoyens libres, sensibles et déterminés, en osmose avec une vision du monde échappant aux intérêts partisans. Au-delà des différences, ils ont su se retrouver et s’unir pour promouvoir un projet empreint d’humanisme et de partage. Le projet auquel j’adhère, sans retenue. »
Relire les précédents articles avec l’intervention de l’élu saumurois Bernard Henry (ici) ou encore du maire de Varennes-sur-Loire et président des maires ruraux de Maine-et-Loire, Gilles Talluau (ici).
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Commentaires 6
Trop long, trop long
Bonsoir. Vous me faites rire avec les médias du service public et leur liberté ahah
Le jour où France télévisions critiquera TF1 et vise versa là on pourra reparler de liberté de la presse et opinion médiatique…
La France insoumise qui oublie le RIC et le parlement a la proportionnelle. Et après ils parlent du vivre ensemble……pffffff
Épouser quelques idées de LFI, pourquoi pas, quelques-unes sont tout à fait censées.
Voter pour le personnage Mélenchon, c’est une autre affaire : il eu fallu qu’il sache maîtriser ses nerfs mais aussi et surtout qu’il respecte les institututions et ses interlocuteurs.
De même pour le petit Caporal Adrien Quattenens.
Je vais faire court. C’est beau comme du Chabrier
Chabrier, excellent dans ses analyses sur la situation locale, pertinent dans ses propositions pour sortir du marasme dans lequel la ville de Saumur s’enferme, beaucoup moins crédible dans sa lecture des enjeux liés à cette élection présidentielle!
Question de logiciel idéologique qui ne lui permet pas d’appliquer à la situation nationale la pertinence dont il fait preuve sur le plan local ?