En France et dans les Pays de la Loire, la filière méthanisation, en plein essor, contribue à l’atteinte des objectifs nationaux de transition énergétique. Cette expansion suscite des interrogations, notamment de riverains. Dans ce contexte, Air Pays de la Loire a déployé en 2021 et 2022 l’étude pilote appelée EPIQUE-FM qui rassemble quatre partenaires financiers : l’ADEME Pays de la Loire, la Région Pays de la Loire, GRDF, GRTgaz ; et quatre partenaires techniques : France Nature Environnement Pays de la Loire, la Chambre d’Agriculture des Pays de la Loire, l’association AILE et Méthatlantique. Selon une approche normalisée et scientifique, la finalité de l’étude est de mettre à disposition des exploitants, des décideurs et des citoyens, des résultats inédits, précis et transparents.
Odeurs, quel bilan ?
Le premier bilan, résultat des investigations réalisées en 2021 à Agribiométhane en Vendée et à Derval Agri’méthane en Loire-Atlantique, installations volontaires pour l’expérimentation, montre que les points les plus odorants concernent les lieux de réception et de stockage des déchets à méthaniser. « Les points les plus odorants communs aux deux unités sont les ateliers de réception, les zones de stockage des intrants et les fosses à graisse. Des points spécifiques ont été mis en évidence : limite de propriété, aval dubio-filtre, épurateur de gaz (Agribiométhane) et trémie en mouvement (Derval Agri’méthane). A noter qu’au niveau des digesteurs et des poches à digestat liquide, qui sont des parties spécifiques au process de méthanisation, les intensités d’odeurs ont été perçues à un niveau faible. Trois notes odorantes communes caractérisent les deux unités, tant en termes de nombre de points odorants qu’en intensité : l’acide volatil, le scatol et l’ammoniac. Ces notes dominantes sont liées à des phénomènes de fermentation et de dégradations organiques, inhérents à l’activité de méthanisation », précise l’étude d’Air Pays de la Loire. Les observations ont été menées sous les vents de chaque unité, afin de déterminer son influence odorante. Agribiométhane : les intensités maximales des olfactions perçues varient en fonction de la distance au site. A proximité immédiate du site, l’intensité relevée est forte. Puis, dans les 150 premiers mètres, les odeurs sont d’intensité moyenne. A partir de 150 mètres les intensités maximales perçues sont faibles. Dans l’environnement de Derval Agri’méthane, seuls deux points odorants d’intensité faible ont été identifiés comme étant influencés par l’activité de l’unité.
En revanche, il y a peu d’odeurs au niveau des parties spécifiques au process de méthanisation (digesteurs, post-digesteurs et digestats) et la portée des odeurs dans l’environnement, si elle n’est pas nulle, reste limitée. Des recommandations sont mises en avant pour aller plus loin sur la gestion de la qualité de l’air et des odeurs.
Les concentrations de polluants dans l’air
Les concentrations mesurées dans l’environnement proche montrent une influence ponctuelle de l’activité de méthanisation sur les niveaux de méthane, de sulfure d’hydrogène et d’ammoniac, mais les seuils sanitaires de référence sont largement respectés (les niveaux les plus élevés atteignent au plus 4 % de ces seuils). A noter que pour les deux unités, les dépassements du seuil olfactif, beaucoup plus bas que les seuils sanitaires, sont attribués à l’activité de l’unité mais aussi à la présence d’exploitations agricoles proches du site de mesures (bâtiments d’élevage, en particulier).
Conclusions et recommandations
Pour une meilleure gestion de la qualité de l’air et des nuisances odorantes, Air Pays de la Loire préconise : un suivi précis des « points d’échappement » : ateliers de réception et de stockage, fosses à graisse en minimisant les durées de stockage et en limitant les durées d’ouverture des ouvrants ; une optimisation de certains process (biofiltre) ; le maintien de bonnes pratiques comme le nettoyage régulier des sols de l’unité, dont l’impact positif est observable. Air Pays de la Loire nuance cependant : « Ces résultats, spécifiques aux deux unités investiguées en 20212, ne peuvent pas être extrapolés à l’ensemble de la filière régionale. En 2022, 3 exploitations sont étudiées : Rivergaz dans le Maine-et-Loire, Fertiwatt en Mayenne et une unité de type industriel (en cours de détermination). A l’issue du programme, en 2023, un bilan des études autour des cinq installations de méthanisation sera réalisé, il apportera un éclairage plus global et des préconisations consolidées. »
A propos de Air Pays de la Loire
Air Pays de la Loire est l’organisme agréé par le Ministère de l’Environnement pour assurer la surveillance de la qualité de l’air de la région des Pays de la Loire 24h/24 et 7j/7. Air Pays de la Loire met quotidiennement à disposition de tous·tes des informations sur la qualité de l’air :
– sur www.airpl.org : mesures en temps réel, prévisions régionales et urbaines, rapports d’études, actualités…
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Ses domaines d’expertise portent sur :
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– Qualité de l’air intérieur : mesures dans des établissements recevant du public, appui aux collectivités dans les constructions de bâtiments, études spécifiques, sensibilisations…
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– Pollens : participation à la surveillance, diffusion en temps réel des résultats sur la région.
Organisé sous forme pluri-partenariale, Air Pays de la Loire réunit quatre groupes de partenaires : l’Etat, des collectivités territoriales, des industriels et des associations de protection de l’environnement et de défense des consommateurs.
Infos pratiques : Pour plus d’informations sur la méthodologie et les résultats de ces travaux, rendez-vous sur cette page : https://www.airpl.org/rapport/lien-entre-la-methanisation-la-qualite-de-l-air-et-les-odeurs
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