Pays de la Loire. Transports : Quel est l’impact de la crise énergétique sur le secteur ?

Depuis quelques mois, la crise énergétique a succédé à la crise sanitaire. Malgré les mécanismes gouvernementaux d’amortissement, les dépenses d’énergie (carburant, électricité et gaz) des automobilistes ont fortement augmenté. Cela impacte directement le secteur du transport. État des lieux avec la note de conjoncture trimestrielle des transports en région Pays de la Loire de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.

Au 2ème trimestre de 2022, les créations d’entreprises ont chuté de 59 % par rapport à la même période de l’année précédente. Les 565 nouvelles structures sont cependant cinq fois supérieures à la moyenne des années 2010 (107 créations par trimestre). Elles opèrent majoritairement dans la livraison de repas à domicile et sont enregistrées à 90 % sous le statut de la micro-entreprise. Avec la fin des aides de l’État mises en place pendant la crise sanitaire, la mortalité des entreprises est en hausse de 33 % par rapport au premier trimestre de 2021 et de 39 % en cumul annuel. À la fin du 1er trimestre de 2022, le secteur des transports et de l’entreposage comprenait 75 068 salariés (hors intérim) dans les Pays de la Loire (+ 0,4 % par rapport au même trimestre de 2021). Au niveau national, la progression des effectifs a été supérieure (+ 0,7 %). Dans le secteur des transports et de l’entreposage, le travail temporaire représentait 5 453 emplois en équivalent temps plein à la fin du 2ème trimestre de 2022. Ce nombre est en baisse de 3,1 % par rapport au deuxième trimestre de 2021. L’intérim est toutefois supérieur d’un tiers à son niveau d’avant crise sanitaire (4 025 ETP au 2ème trimestre de 2019). Les Pays de la Loire rassemblent 4,9 % des effectifs intérimaires nationaux du secteur des transports. Sur un an, cette part est stable.

La décrue du nombre de conducteurs routiers sans emploi se poursuit

Au cours du 2ème trimestre de 2022, Pôle emploi a recensé dans les Pays de la Loire 7 134 personnes postulant pour un métier de la conduite routière de marchandises (- 7,0 % en glissement annuel). La baisse du chômage a concerné les deux principales professions de personnels roulants : les coursiers et livreurs par tournées (- 5,3 %) et les conducteurs de poids lourds sur longue distance (- 9,1 %) dont la pénurie chronique pénalise les entreprises de transport routier. Pendant le 2ème trimestre de 2022, 34 900 heures de chômage partiel ont été consommées dans le secteur des transports. C’est une baisse de 92 % par rapport au même trimestre de 2021 mais une multiplication par huit par rapport au volume moyen de la dernière décennie (4 400 heures par trimestre de 2010 à 2019). Le recours à l’activité partielle demeure donc très élevé. Le secteur des transports a représenté au 2ème trimestre 4,8 % des heures consommées dans la région, contre 3,5 % un an auparavant.

Prix des carburants : les remises alimentent la chute des tarifs

En août 2022, le prix de vente au détail du litre des carburants automobiles s’est élevé, en moyenne sur le territoire national, à 1,75 € pour le super SP95-E10 (+ 12 % par rapport à août 2021) et à 1,85 € pour le gazole (+ 29 %). La baisse des tarifs, observée depuis le début de l’été et due au reflux des cours du pétrole, s’est accélérée ces dernières semaines en raison de la hausse des rabais. En effet, depuis le 1er septembre, les automobilistes bénéficient d’une ristourne de 20 centimes par litre dans les stations Total. Ce rabais s’ajoute à celui de l’État (30 centimes TTC). En août 2022, le prix du litre de gazole payé par les entreprises de transport routier (exempté de TVA) est d’environ 1,69 € en moyenne sur l’ensemble du territoire français. Par rapport à août 2021, il a augmenté de 42 % pour le gazole à la pompe et de 46 % pour celui livré aux transporteurs par camion-citerne. Comme les particuliers, les entreprises de transport touchent les remises du groupe Total et de l’État. Cette dernière, mise en place en avril, est de 25 centimes hors taxe depuis le 1er septembre. Elle ne sera plus que de 8,33 centimes en novembre et décembre.

Trafics autoroutiers : circulation supérieure à celle d’avant l’épidémie

En juin 2022, ASF et Cofiroute ont comptabilisé 8,30 millions de véhicules légers (motocycles, voitures et utilitaires de moins de 3,5 tonnes) aux gares de péage situées en Pays de la Loire, contre 7,97 millions douze mois plus tôt (+ 4,2 %) et 8,71 millions trente-six mois plus tôt, avant le début de la crise sanitaire (- 4,7 %). En cumul annuel, les flux se sont redressés de 17 % par rapport aux douze mois précédents. Ils sont désormais supérieurs à leur niveau d’avant crise (+ 3,2 % comparé à ceux de juillet 2018 à juin 2019) malgré le prix élevé de l’essence (cf. graphique 7). 1,23 million de véhicules de plus de 3,5 tonnes (poids lourds et autocars) ont été recensés par ASF et Cofiroute aux gares de péage des Pays de la Loire en juin 2022, représentant une augmentation de 8,0 % par rapport à juin 2019 (1,14 million), mais une baisse de 3,8 % par rapport à juin 2021 (1,28 million). Ce recul est lié au calendrier, juin 2021 comportant un jour ouvrable supplémentaire. En cumul annuel, les flux de véhicules lourds sont les plus élevés depuis le début du suivi statistique des trafics autoroutiers dans les Pays de la Loire en 1992.

Transports collectifs urbains : fréquentation en deçà de son niveau d’avant crise

En août 2022, 13,2 millions de voyages ont été recensés dans les trois principaux réseaux de transports publics des Pays de la Loire (Nantes, Angers et Le Mans). Bien qu’en forte hausse par rapport à août 2021 (+ 12 %), la fréquentation demeure nettement inférieure à celle d’avant l’épidémie de Covid-19 (- 13 % par rapport à août 2019). En année glissante, le nombre de voyages a augmenté de 25 % dans les Pays de la Loire (+ 29 % à Nantes en relation avec la gratuité du réseau le week-end depuis avril 2021, + 14 % à Angers et + 18 % au Mans). Cette croissance s’explique par la baisse du chômage régional, la fin des mesures sanitaires et le prix élevé des carburants automobiles. Par rapport aux douze mois ayant précédé la pandémie (septembre 2018 à août 2019), la fréquentation est, en revanche, en recul de 11 %. Cette perte de clientèle provient essentiellement de l’ancrage du télétravail. À court terme, les défis de la profession vont consister à surmonter la pénurie de conducteurs et la hausse de la facture énergétique, les carburants et l’électricité représentant environ 10 % des dépenses d’exploitation des réseaux.

Transports ferroviaires : la ponctualité du TER n’a pas diminué

En mai 2022, les lignes ferroviaires gérées par la Région des Pays de la Loire et exploitées par SNCF Voyageurs sous la marque TER (Transport Express Régional ont généré un flux de 75,7 millions de voyageurs-km (+ 46 % par rapport à mai 2021). À l’instar des autres segments de transports collectifs (cf. graphiques 15 et 19), le trafic du TER est en phase de redressement mais, en cumul annuel, est encore inférieur au niveau observé avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19 (- 3,9 % par rapport à la période de juin 2018 à mai 2019). En août 2022, dans une offre de transport nettement plus élevée que celle en vigueur avant le début de la crise sanitaire (+ 15 % par rapport à août 2019), la régularité du TER a progressé : 1,3 % des 13 271 trains programmés ont été supprimés, contre 1,5 % lors des sept premiers mois de l’année et 1,7 % au cours de l’ensemble de 2021. La ponctualité du TER est restée stable : la part des trains en retard de plus de cinq minutes s’est établie à 5,63 % en août 2022 contre 5,66 % depuis le début de l’année et 5,69 % au cours des douze mois de 2021.

Les particuliers soutiennent le commerce automobile

En août 2022, 4 384 voitures neuves ont été immatriculées dans les Pays de la Loire, en hausse de 2,0 % par rapport à août 2021. Cette croissance, également observée dans l’Hexagone (+ 4,1 %) met un terme à quatorze diminutions d’affilée. L’éclaircie est liée au rebond des ventes auprès des particuliers. La diversification énergétique du parc s’est accélérée avec la poursuite de la croissance des ventes de voitures fonctionnant à l’électricité et au gaz. En cumul annuel, les immatriculations ont diminué de 14 % par rapport à la période de septembre 2020 à août 2021. Sur le marché des véhicules destinés aux transports de marchandises (utilitaires dérivés de voitures particulières, camionnettes, camions, tracteurs routiers et remorques lourdes), les immatriculations du mois d’août ont diminué de 23 % par rapport à la même période de 2021. 70 % d’entre elles sont des camionnettes. En année glissante, les ventes des cinq segments ont reculé de 22 % par rapport à la période de septembre 2020 à août 2021. La baisse a principalement concerné les camions (- 35 %) et les camionnettes (- 25 %).

Pour aller plus loin : Retrouvez plus d’informations dans la note de conjoncture de septembre 2022 de la DREAL : https://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/conjoncture_transports_2022_03.pdf

 

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