Le manque de personnels roulants, observé dans la plupart des économies occidentales, est une anomalie structurelle du monde des transports, liée au déficit d’attractivité de la profession, notamment auprès des jeunes et des femmes. Elle concerne à la fois les transports routiers de marchandises et de voyageurs. Si la chute de la demande de transport a réduit les tensions de recrutement pendant la crise sanitaire, le phénomène s’est réactivé en 2022 sous l’effet de la reprise économique et de l’augmentation des départs en retraite. La carence de chauffeurs met en danger le secteur des transports et de la logistique. Selon l’Union internationale des transports routiers (IRU), en 2026, elle aura un impact sur la moitié des mouvements de fret. En Pays de la Loire, elle ralentit déjà la croissance de l’emploi, perturbe les chaînes logistiques et affecte la régularité des lignes d’autocars et d’autobus. Dans le même temps, elle réduit le chômage dans les transports. En favorisant des reports de trafic vers des modes moins polluants, elle pourrait aussi accélérer la transition écologique.
Les immatriculations d’entreprises en nette baisse
Au 3e trimestre de 2022, les créations d’entreprises dans le secteur du transport ont chuté de 29 % par rapport à la même période de l’année précédente. Les 597 nouvelles structures sont cependant six fois supérieures à la moyenne des années 2010 (107 créations par trimestre). Elles opèrent majoritairement dans la livraison de repas à domicile et sont enregistrées à 88 % sous le statut de la micro-entreprise. Avec la fin des aides de l’État instaurées pendant la crise sanitaire, la mortalité des entreprises a été quatre fois plus forte que celle du 3e trimestre de 2021 qui était la plus faible des 30 dernières années.
La croissance de l’emploi salarié moins forte que dans les autres secteurs
À la fin du 2e trimestre de 2022, le secteur des transports et de l’entreposage comprenait 75 955 salariés hors intérim dans les Pays de la Loire, soit 0,8 % de plus qu’au même trimestre de 2021. Au niveau national, la progression des effectifs a été supérieure (+ 1,1 %). Dans l’ensemble de l’économie régionale, l’emploi est resté très dynamique (+ 2,5 %). Les croissances les plus fortes ont concerné l’hébergement et la restauration (+ 8,8 %) ainsi que les télécommunications et les activités informatiques (+ 6,9 %). Dans le secteur des transports et de l’entreposage, le travail temporaire représentait 5 918 emplois en équivalent temps plein à la fin du 3e trimestre de 2022. Ce nombre est en légère baisse (- 0,3 %) par rapport au troisième trimestre de 2021. L’intérim est toutefois supérieur d’un tiers à son niveau d’avant crise sanitaire (4 436 ETP au 3e trimestre de 2019). Les Pays de la Loire rassemblent 4,8 % des effectifs intérimaires nationaux du secteur des transports. Sur un an, cette part est stable.
La décrue du nombre de conducteurs routiers sans emploi se poursuit
Au cours du 3e trimestre de 2022, Pôle emploi a recensé dans les Pays de la Loire 7 130 personnes postulant pour un métier de la conduite routière de marchandises (- 6,3 % en glissement annuel). La baisse du chômage a concerné les deux principales professions de personnels roulants : les coursiers et livreurs par tournées (- 6,0 %) et les conducteurs de poids lourds sur longue distance (- 6,7 %) dont la pénurie chronique pénalise les entreprises de transport routier. Pendant le 3e trimestre de 2022, 12 700 heures de chômage partiel ont été consommées dans le secteur des transports. C’est une baisse de 85 % par rapport au même trimestre de 2021 mais une multiplication par trois par rapport au volume moyen de la dernière décennie (4 400 heures par trimestre de 2010 à 2019). Le recours à l’activité partielle demeure donc très élevé. Le secteur des transports a représenté au 3e trimestre 3,6 % des heures consommées dans la région, contre 6,3 % un an auparavant.
Transports collectifs urbains : la fréquentation est toujours en deçà de son niveau d’avant crise
En octobre 2022, 18,5 millions de voyages ont été recensés dans les trois principaux réseaux de transports publics des Pays de la Loire (Nantes, Angers et Le Mans). Bien qu’en hausse par rapport à octobre 2021 (+ 5,4 %), la fréquentation demeure inférieure à celle d’avant l’épidémie de Covid-19 (- 6,7 % par rapport à octobre 2019). En année glissante, le nombre de voyages a augmenté de 23 % (+ 27 % à Nantes en relation avec la gratuité du réseau le week-end depuis avril 2021, + 18 % au Mans mais seulement + 14 % à Angers où les travaux du tramway perturbent la circulation). Cette croissance s’explique par la baisse du chômage régional et le prix élevé des carburants automobiles. Par rapport aux douze mois ayant précédé la pandémie (novembre 2018 à octobre 2019), la fréquentation est, en revanche, en recul de 11 %. Cette perte de clientèle provient essentiellement de l’enracinement du télétravail. À court terme, les défis de la profession vont consister à surmonter la pénurie de conducteurs et la hausse de la facture énergétique (carburants et électricité) qui représente environ 10 % des dépenses d’exploitation des réseaux.
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