Le territoire français, et notamment le Maine-et-Loire, a été le théâtre de nombreux feux de forêt au cours de cet été. En Saumurois d’importants incendies ont été relevés sur les communes de Vivy, La Lande-Chasles, Baugé-en-Anjou… Le 8 août dernier un incendie est survenu sur la commune de Baugé-en-Anjou embrasant des centaines d’hectares de végétation. Des fumées ont été observées et senties sur l’ensemble de la région Pays de la Loire. L’impact sanitaire des incendies de forêt est encore mal connu en raison des nombreuses substances chimiques recensées dans la composition des fumées de biomasse. Toutefois, l’étude de l’ANSES4 de 2012 indique que « les PM10 des fumées de feux de végétation peuvent être considérées comme au moins aussi toxiques pour la santé respiratoire à court terme que les PM10 de source urbaine. Les populations atteintes de pathologies respiratoires chroniques, dont les asthmatiques, constituent une sous-population particulièrement sensible. De plus, la fumée des feux de végétation peut couvrir de larges zones incluant des agglomérations urbaines fortement peuplées, et même de faibles augmentations de risques sanitaires peuvent avoir un impact important sur la santé publique. »
Quels sont les polluants de l’air émis lors d’un incendie ?
Les incendies de forêt émettent différents polluants atmosphériques qui vont dégrader la qualité de l’air. Selon la nature exacte du combustible, sa densité, l’humidité, les conditions de combustion et l’éloignement de la source, les fumées dégagent deux principaux polluants : les particules, qui représentent le polluant de l’air le plus invariablement élevé par rapport aux seuils réglementaires dans les zones impactées par les fumées et le monoxyde de carbone mais aussi le dioxyde de carbone (CO2), le monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils et semi-volatils, des oxydes d’azote (NOx).
Qu’est-ce que les particules ?
Les particules en suspension, aussi appelées poussières et PM (PM signifie « Particulate Matter », particules fines en anglais), sont classées en fonction de leur taille. Inférieures à 10 micromètres, les PM10 sont retenues au niveau du nez et des voies aériennes supérieures. Inférieures à 2,5 micromètres, les PM2.5 pénètrent profondément dans l’appareil respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires et au-delà. En deçà de 0,1 micromètre, on parle de particules ultrafines (PUF). Les PM10 et PM2.5 sont des polluants physiques qui font l’objet d’une surveillance nationale réglementaire. Les particules ont un impact avéré sur la santé respiratoire, cardiovasculaire et augmentent le risque de développer un cancer du poumon. Selon leur taille, les particules pénètrent plus ou moins profondément dans l’appareil respiratoire. Les particules les plus fines peuvent, même à des concentrations relativement basses, irriter les voies respiratoires. Les particules les plus fines peuvent également passer dans le sang (et même pénétrer au coeur des cellules). Certaines particules ont des propriétés mutagènes et cancérigènes. Sur les bâtis, elles contribuent aux effets de salissure des bâtiments et des monuments.
Qu’est-ce que le monoxyde de carbone ?
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz inodore, incolore et inflammable à haute température (605°C). C’est un polluant chimique qui fait l’objet d’une surveillance nationale réglementaire. En termes d’impacts sur la santé, le monoxyde de carbone conduit à un manque d’oxygénation de l’organisme (coeur, cerveau…) car il se fixe à la place de l’oxygène sur l’hémoglobine du sang. Il provoque des intoxications entraînant maux de tête, vertiges, voire le coma et la mort à forte concentration. Le monoxyde de carbone participe aussi, sur le plan environnemental, aux mécanismes de formation de l’ozone. Dans l’atmosphère, il se transforme en dioxyde de carbone (CO2) et contribue à l’effet de serre.
Recommandations en cas d’exposition aux fumées
En cas d’exposition directe aux fumées, il est préconisé de porter un masque de protection similaire à celui utilisé pour éviter la contamination par la Covid 19 et tout particulièrement pour les personnes les plus à risques (asthmatiques, personnes atteintes de pathologies cardio-vasculaires ou pulmonaires, femmes enceintes). Pour les populations résidant dans les secteurs plus éloignés des incendies, mais où parviennent néanmoins des fumées denses de feux de forêts, les recommandations qui s’appliquent à tous consistent à :
– Limiter les déplacements et le temps passé à l’extérieur
– Renoncer aux activités de plein air impliquant des efforts physiques
– Maintenir les portes et fenêtres des habitations fermées ; n’aérer à nouveau qu’après la dissipation effective des fumées
– Conserver une bonne qualité de l’air intérieur du domicile en n’allumant aucune source de combustion (cigarette, bougie, encens, etc…)
– Rester attentif aux personnes à risques, car l’irritation de leurs voies respiratoires par les fumées peut aggraver leur pathologie.
En cas de simple gêne ressentie (perception d’odeur de brûlé), il n’est pas utile de solliciter, ni son médecin traitant, ni d’appeler le numéro d’urgence du SAMU.
Est-ce que les odeurs ont un impact sur la santé ?
Une odeur de brûlé dans un air voilé de fumée a été ressentie dans plusieurs départements (Loire-Atlantique, Vendée…). Il s’agissait de masses d’air en provenance du Maine-et-Loire chargées en particules issues des feux auxquels parfois s’ajoutaient des incendies locaux. En effet, selon l’étude de l’ANSES, environ 80% de la masse particulaire sont des particules fines (diamètre < 2,5 μm) dont une majorité sont des particules submicroniques. Ces caractéristiques les rendent facilement transportables sur de longues distances pouvant atteindre plusieurs centaines de kilomètres. Une odeur résulte d’une perception olfactive et n’est pas systématiquement associée à un risque sanitaire. En effet, la perception « agréable » ou « désagréable » ne renseigne en rien. Il est nécessaire de connaître la molécule chimique en cause pour en évaluer un potentiel danger. Cependant, même si les niveaux de concentration en molécules odorantes n’induisent aucun risque direct, les nuisances qu’elles génèrent peuvent avoir un impact physiologique (maux de tête, nausée…) ou psychologique négatif (angoisse, stress).
Quand un épisode de pollution est-il déclenché ?
Un épisode de pollution correspond à une période où les concentrations des polluants suivants l’ozone, le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et les particules en suspension (PM10) ne respectent pas ou risquent de ne pas respecter les niveaux réglementaires, selon des critères prédéfinis (pourcentage de surface de la zone ou pourcentage de population impactés, niveau réglementaire franchi, durée de l’épisode…). Ces niveaux font référence à des seuils définis dans le code de l’environnement. Deux seuils réglementaires sont définis dans les arrêtés préfectoraux :
– Niveau d’informations et de recommandations : Niveau de concentration à partir duquel une information-recommandation est relayée vers les populations sensibles et vulnérables. Cette démarche vise ainsi à protéger en priorité les personnes les plus sensibles à la pollution atmosphérique (patients souffrant d’une pathologie chronique, asthmatiques, insuffisants respiratoires ou cardiaques, personnes âgées, femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants…)
– Niveau d’alerte : Niveau de concentration plus élevé que le précédent ou persistance du premier seuil pendant au moins deux jours consécutif. Les recommandations sanitaires et comportementales concernent alors toutes les populations. Des actions de réduction des émissions polluantes sont mises en place par la préfecture (réduction de vitesse, réduction des émissions industrielles…) en fonction de l’intensité de l’épisode.
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Commentaires 1
Intéressant et bien renseigné. Merci