Pays de la Loire. Culture, suppressions d’emplois… La présidente Morançais veut faire 100 millions d’euros d’économies

Si le vote du budget régional ne se tiendra que le 19 décembre 2024, la présidente de la Région Pays de la Loire, Christelle Morançais, a d’ores et déjà annoncé vouloir réaliser 100 millions d’euros d’économies sur le budget 2025 de la collectivité. Cela devrait notamment passer par la suppression d’une centaine d’emplois d’ici la fin du mandat. Les acteurs de la Culture se disent quant à eux particulièrement inquiets de ces économies et de l’impact sur leur secteur.

En cette fin d’année, c’est la période des décisions budgétaires pour les collectivités. Un exercice qui ne semble pas si évident cette année avec la pression des annonces gouvernementales et la nécessite pour elles de faire d’importantes économiques. Les Départements, réunis à Angers en fin de semaine dernière face au Premier Ministre, se disent particulièrement inquiets quant à l’impact de ces efforts budgétaires sur leur santé financière et leurs moyens d’action (relire notre article). Christelle Morançais, présidente de la Région Pays de la Loire, envisage elle aussi de réaliser d’importantes coupes dans son budget 2025, avec pour objectif de réaliser pas moins de 100 millions d’euros d’économies, dont 40% à la demande de l’Etat. Si les élus régionaux ne se réuniront que le 19 décembre prochain pour débattre et voter le budget, l’annonce a déjà fait réagir. Toutefois, la présidente assume son choix, qu’elle estime indispensable. Dans un message publié sur le réseau social X le 14 novembre dernier elle écrit : « Certains […] assimilent les économies que la Région envisage de réaliser à un « choix » ou une « initiative », faisant croire que je me livrerais à une sorte de caprice gestionnaire… Ceux-là s’acharnent à ne pas vouloir voir la réalité : la situation budgétaire de la France est catastrophique et les perspectives économiques mauvaises. Dans ce contexte, alors que le Gouvernement ponctionne les collectivités (40 millions sur la Région en 2025) et que la croissance ralentit (et donc que les recettes de la Région, assises sur la TVA, reculent brutalement), faire des économies de fonctionnement, y compris de façon drastique, relève de tout sauf d’un choix ou d’un caprice : c’est une nécessité budgétaire, mais surtout un devoir moral vis-à-vis de nos enfants, de notre capacité à préparer l’avenir et de nos entreprises qui sont, aujourd’hui, en difficultés ! Le seul véritable choix que j’exerce dans cette affaire, et que j’exerce à fond, c’est d’assumer totalement ces économies, de refuser catégoriquement le discours ambiant, où il n’est question que d’augmenter les recettes (donc les impôts), et de voir l’opportunité de nous battre pour être plus efficaces là où nous sommes le plus légitimes et le plus utiles : pour l’emploi, la jeunesse, les transitions. »

100 postes supprimés d’ici la fin du mandat

Ces économies, notamment de fonctionnement, passeront entre autres par la suppression d’ici la fin du mandat d’une centaine de poste dans les directions du Conseil Régional. A noter que la Région compte un peu plus de 1 000 salariés au total. Christelle Morançais a indiqué sur X ce mardi : « Ce matin, j’ai réuni les personnels du siège de la Région pour leur annoncer une décision difficile, mais que je considère comme indispensable face à la crise budgétaire que traverse notre pays : d’ici à la fin de notre mandat, 100 postes ne seront pas remplacés au sein de nos directions, soit l’équivalent de 10% de nos effectifs. Il n’y aura pas de départ forcé et nous mobiliserons des moyens conséquents pour accompagner cet effort dans le respect de chacun. Je crois profondément que la politique, c’est faire des choix, y compris s’ils sont pénibles : nous faisons le choix de nous recentrer sur nos compétences et projets prioritaires et de faire des économies en fonctionnement pour préserver nos capacités d’investir pour l’essentiel : nos emplois, l’avenir de notre jeunesse, les transitions de notre économie. »

Le secteur de la culture inquiet

Ces économies inquiètent tout particulièrement le secteur de la culture. Les pôles culturels de la région Pays de la Loire (Pôle arts visuels des Pays de la Loire ; La Plateforme – pôle cinéma audiovisuel des Pays de la Loire ; Le Pôle de coopération pour la filière musicale en Pays de la Loire ; Le Pôle spectacle vivant des Pays de la Loire ; Pôle Patrimoine ; Mobilis – pôle de coopération des actrices et acteurs du livre et de la lecture en Pays de la Loire), témoignent de concert face à ces annonces de la présidente : « Il faut s’attendre à ce que le secteur culturel soit très fortement impacté. Cette décision inédite, prise sans concertation avec les actrices et acteurs concernés, met en péril un certain nombre de structures (employeuses ou non), alors même que la saison culturelle est largement entamée et que des dépenses sont déjà engagées. Les conséquences financières et sociales risquent d’être dramatiques pour le secteur culturel et son écosystème. La situation budgétaire extrêmement contrainte qui pèse sur l’ensemble des collectivités territoriales suscite également de nombreuses inquiétudes. » Dans ce contexte, les six pôles culturels régionaux viennent de publier une enquête à destination des acteurs régionaux de la culture afin de mesurer l’impact potentiel de ces baisses significatives, voire d’arrêts de financements, sur les différentes filières culturelles. « Ces données chiffrées et factuelles nous permettront de démontrer concrètement l’impact de coupes budgétaires sur le secteur culturel. » Si aucun arbitrage chiffré n’a été dévoilé pour le moment par la majorité régionale, les inquiétudes et critiques se font malgré tout entendre. Une fois encore, Christelle Morançais a répondu à ses détracteurs en se fendant d’un message sur X le 12 novembre dernier. Elle y écrit : « La culture serait donc un monopole intouchable ? Le monopole d’associations très politisées, qui vivent d’argent public. Je suis la cible de militants qui m’accusent de vouloir arrêter les subventions régionales à leurs structures. A moi seule, je voudrais « détruire la culture » (la culture subventionnée, je précise) … Rien que ça ! Mais je m’interroge : quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public (y compris venant de collectivités dont les compétences légales en matière de culture sont très limitées) ; et à plus forte raison quand cet argent public n’existe plus ? Un système dont on constate, en plus, qu’il est, malgré les subventions dont il bénéficie, en crise permanente ! N’est-ce pas la preuve que notre modèle culturel doit d’urgence se réinventer ?  Attention : poser la question, c’est s’exposer à l’habituel procès en « fascime » ou, c’est à la mode actuellement, en « trumpisme »… Mais j’assume, et cette question, je la pose clairement ! »

Guillaume Garot et Lucie Etonno, présidents des groupes d’opposition, demandent le report de la session budgétaire

Pour Guillaume Garot, député de la Mayenne, président du groupe du Printemps des Pays de la Loire au Conseil régional et Lucie Etonno, conseillère régionale de Vendée, présidente du groupe L’Ecologie Ensemble, il est « irresponsable de se précipiter pour voter le budget 2025. » Dans un contexte budgétaire national encore incertain, le projet de loi de finances pour 2025 n’étant pas  encore adopté, et répondant à la Présidente de Région qui voulait des propositions, les présidents de groupes de l’opposition en font une : que la session budgétaire soit décalée au premier trimestre 2025. « Des présidentes et présidents d’autres régions de tous bords ont fait ce choix. En décalant leur débat d’orientation budgétaire, le vote de leur budget, ou encore en se gardant la possibilité d’adopter un budget supplémentaire en début d’année prochaine, les Régions des Hauts de France, de la Bourgogne-France-Comté ou encore de Centre-Val de Loire veulent se donner le temps de la concertation et d’affiner leurs priorités. Pour les Pays de la Loire, aucune de ces hypothèses n’est envisagée », indiquent-ils. “Lors de la session d’octobre dernier, je demandais déjà le report du débat d’orientation budgétaire”, rappelle Guillaume Garot. “Ce débat intervenait juste après les déclarations faites par la présidente de diminuer de 100 millions d’euros le budget de fonctionnement de la collectivité. Nous avons été mis devant le fait accompli, sans débat, sans dialogue” poursuit Guillaume Garot. “Un ensemble d’acteurs sont actuellement informés du montant des coupes budgétaires les concernant, relève Lucie Etonno, présidente du groupe L’Ecologie Ensemble. “Tous sont sous le choc et ne voient pas comment ils pourront boucler leur exercice 2025”, conclut Lucie Etonno. “Nous refusons ce calendrier brutal, irresponsable et demandons le temps du dialogue et de la concertation avec tous les acteurs concernés”, affirment les deux présidents.

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