Le premier point selon la chambre d’agriculture est « d’adopter une vraie conduite responsable des prairies pour permettre leur longévité. C’est à dire respecter les hauteurs « entrée-sortie », le temps de repousse avant retour dans la parcelle… afin de laisser le temps aux plantes de créer leur réserve d’énergie pour mieux repartir. Il est très important de ne pas découvrir les sols durant la période estivale pour ne pas détruire à la fois les plantes elles-mêmes mais aussi leur environnement. » Il est également important de veiller à éviter la compaction de surface des sols générée par des pâturages en conditions trop humides notamment sur les jeunes prairies. Ces points faciliteront la reprise et assureront un meilleur potentiel de longévité.
Le choix des bonnes espèces
Choisir des espèces prairiales avec un enracinement suffisamment important pour explorer le maximum de terre arable et donc une capacité plus importante à absorber l’eau du sol est le second point. On constate cette année qu’après les premières pluies, les fétuques élevées reverdissent rapidement, tandis que les RGA repoussent majoritairement grâce aux graines tombées au sol après maturité des épis. Ces jeunes plantules vont mettre plus de temps avant d’être productifs et seront vulnérables en cas de sécheresse prolongée en arrière-saison (les dernières pluies n’ont pas été suffisantes pour réhumecter suffisamment les sols). Il est donc important d’adapter les espèces prairiales au contexte pédoclimatique. La fétuque élevée est l’espèce la mieux adaptée à la majorité des conditions : elle est précoce, résistante, productive. Les ray grass devront être réservés pour des terres saines avec de bonnes réserves utiles.
Une meilleure anticipation
Anticiper les périodes sèches en conservant suffisamment de biomasse de prairie pour :
– Protéger le sol des fortes chaleurs (pour limiter la température du sol, aussi bien en été qu’au printemps, où on a pu assister cette année à une sécheresse de surface dès le mois de mai). Une biomasse de couverture permet de conserver une température plus stable (20-24°). Avec une faible biomasse de couverture la température peut monter à 27/28°, donc le sol se déshydrate et s’en suit une modification physico-chimique du sol. Ceci aura des conséquences sur la structuration humique du sol et sur la minéralisation (réseau de champignons, vie bactérienne endommagée, altérée).
– Limiter l’évaporation d’eau du sol.
– Permettre à la flore prairiale d’égrainer pour se réensemencer naturellement (à condition de ne pas avoir de vivaces non désirées). Quelques pieds de rumex ne mériteront pas un broyage, quant au chardon des champs un broyage localisé sera nécessaire. De plus, le réglage des outils de broyage ou de fauche est important, il ne faudrait pas descendre en dessous de 7 cm, la pose d’un sabot est utile.
– Une bonne gestion des matières organiques pour favoriser l’activité biologique des sols et ainsi améliorer la structure, ce qui permettra d’augmenter la réserve utile en eau du sol.
Favoriser les mycorhizes
Une mycorhize est le résultat de l’association symbiotique, appelée mycorhization, entre des champignons et les racines des plantes. Favoriser le développement des mycorhizes qui en symbiose avec les plantes permettent d’améliorer la nutrition hydrique et azotée. La surface absorbante des hyphes mycorhiziens est environ 10 fois plus efficace que celle des poils absorbants des racines et environ 100 fois plus efficace que celle des racines. Cependant, le labour fréquent (même tous les 4-5 ans) détruit ce réseau mycorhizien, ce qui nous amène à réfléchir aux intérêts de faire vieillir ses prairies.
La plantation de haies
L’agroforesterie ou la plantation de haies apportent de nombreux services : Protection du vent qui favorise le dessèchement du sol et des plantes en créant un microclimat ; Rôle d’ascenseur hydrique par leur système racinaire ; C’est surtout une protection ombro-thermique qui régule la température et l’hygrométrie. Cela fonctionne si les parcelles sont inférieures à 3 ha et avec un réseau d’arbres dense. En situation extrême les erreurs de gestion ne pardonnent pas. « C’est le moment après un été comme celui-ci de faire le point sur les leviers que chacun doit actionner pour obtenir une prairie productive, résistante et pérenne, et permettra également de limiter les coûts de renouvellement. Avec le semis sous couvert il est possible d’attendre pour mieux cerner l’impact des dégâts et à minima travailler les sols dans des conditions plus favorables. La valorisation des prairies est plus que d’actualité (recherche d’autonomie protéique, diminution des coûts, …) mais pour cela il est indispensable d’avoir des infrastructures toujours prêtes (chemins, clôtures, …) pour pouvoir saisir toutes les opportunités quelle que soit la saison », précise la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Sécheresse et incendies, quel impact ?
Bilan de santé des prairies sortie d’été : « Globalement, il est nécessaire d’attendre des pluies conséquentes (> 100 mm) qui permettront aux prairies de repartir à l’automne avant de prendre une décision pertinente vis-à-vis des coûts à engager (sursemis, retournement…). Les premières pluies nous ont permis de voir reverdir légèrement nos prairies sur certains secteurs. Il sera opportun de réaliser un diagnostic prairial, au printemps prochain, afin d’identifier les espèces désirées, ou non, permettant d’estimer son potentiel à venir. Ensuite la décision de maintenir ou non la prairie pourra être actée. En amont, on peut envisager des sursemis de méteil fourrager dans des prairies existantes, les avantages sont multiples : Augmenter le rendement de fauche pour le printemps ; Limiter le salissement hivernal ; Découper le feutrage racinaire des vieilles prairies et couper les stolons de trèfle blanc ; Favoriser la porosité et la vie du sol en introduisant des plantes agressives qui augmenteront le volume racinaire (seigle, vesce, féverole) et fourniront du sucre en début de printemps aux micro-organismes »
Quid des prairies touchées par les incendies ? « En ce qui concerne les prairies brûlées par les incendies, il peut être conseillé d’implanter des légumineuses en couvert avant un semis d’hiver ou en dérobée : les retombées des cendres ont augmenté les cations solubles, mais la litière ayant brûlée, la majorité de l’azote a été exportée. Il est alors important de couvrir le sol pour éviter son érosion, constituer une nouvelle litière et gérer le salissement. Le feu a également un impact sur la perméabilité des sols, avec la disparition de la litière il y a une augmentation de l’imperméabilité des sols. Il convient alors de fissurer cette croûte, soit par l’implantation de cultures à racines pivot, soit par un travail du sol léger et superficiel avec une herse rotative, par exemple. La capacité de reprise peut être à ajuster avec l’intensité du feu, plus la végétation était importante et la durée de passage des flammes longues, plus les plantes pourraient avoir plus de difficultés de reprise. »
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