En France, un nombre croissant d’enfants dorment dans la rue, prévient l’Unicef France dans un rapport annuel qui montre que près de 2 000 enfants dormaient dans la rue à la rentrée de cette année scolaire, soit une augmentation de près de 20 pour cent par rapport à l’année dernière.
L’UNICEF France et la FAS publient leur cinquième baromètre « Enfants à la rue », dressant une nouvelle fois un constat alarmant : « loin d’être en diminution, le nombre d’enfants sans solution d’hébergement est de 1990 à la veille de la rentrée scolaire, un chiffre en augmentation de plus de 20 % par rapport à l’année dernière et 2,5 fois plus qu’il y a 18 mois ». Cette analyse recense le nombre de personnes en famille n’ayant pas pu être accueillies dans des structures d’hébergement adaptées malgré leur demande auprès du 115, le numéro d’appel d’urgence pour les sans-abris.
110 personnes en Pays de la Loire, dont 64 enfants
En Pays de la Loire au moins 64 enfants étaient sans solution d’hébergement avant la rentrée scolaire. « Dans la nuit du 21 au 22 août, 110 personnes en famille qui avaient sollicité le 115 n’ont pas pu être hébergées faute de places disponibles dans les structures d’hébergement pouvant les accueillir. Parmi elles, 64 étaient des enfants, dont 14 de moins de trois ans. En plus de ces personnes en famille en DNP (demandes non pourvues), il convient de prendre également en compte la situation critique de femmes enceintes primipares qui restent aussi sans solution suite à leur demande au 115. » Parmi les 64 enfants de moins de 18 ans en DNP, 88 % (56 enfants) déclaraient avoir déjà dormi à la rue la veille de leur demande ; « un taux inquiétant témoignant du caractère généralement durable des parcours de rue. » Et les organisations d’ajouter : « Cette réalité déjà alarmante est pourtant parcellaire : le baromètre ne permet pas de recenser les nombreuses familles qui ne recourent pas au 115, ni les mineurs non-accompagnés en situation de rue, ou encore les familles vivant en squats ou en bidonvilles. »
« Une gestion court-termiste inadaptée »
Malgré les efforts conséquents réalisés durant l’hiver 2022-2023, qui ont notamment permis de maintenir la capacité du parc d’hébergement à 205 000 places, les associations constatent une multiplication des remises à la rue depuis la fin de l’hiver. « En effet, la reprise de l’activité touristique et la baisse des moyens consacrés à l’hébergement d’urgence ont conduit à la suppression de nombreuses places en hôtel, principale solution proposée aux familles. Néanmoins, la période estivale, ponctuée par des vagues de chaleur et autres phénomènes météorologiques extrêmes, n’enlève rien, au contraire, au caractère dangereux et inadapté de la rue », indiquent l’UNICEF et la FAS. « L’hébergement d’urgence est non seulement insuffisant en nombre, mais aussi insatisfaisant par son caractère temporaire et, bien souvent, par la faible prise en compte des spécificités liées à l’accueil des plus jeunes. C’est notamment le cas de l’hébergement hôtelier qui ne permet pas de répondre aux besoins fondamentaux des 29 780 enfants qui y vivent. »
« Plus de 31 000 enfants attendent du gouvernement des actions ambitieuses »
Face à ces constats alarmants et en écho aux recommandations du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, l’UNICEF France et la FAS appellent les ministres nouvellement nommés à « mettre en œuvre une politique de la rue au logement portant une attention spécifique sur les enfants et agissant selon deux temporalités distinctes : l’urgence et le long terme. Elle devra être dotée de moyens suffisants pour que tous les enfants soient hébergés inconditionnellement et conformément à leur intérêt supérieur et pour que l’accès des familles au logement ordinaire soit facilité. Il est temps que le gouvernement se donne les moyens d’honorer son engagement de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ». »
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