La Première ministre, Elisabeth Borne, a présenté ce lundi 30 janvier son plan national contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liés à l’origine. Depuis l’évaluation des actes jusqu’à leur sanction, il apporte une réponse globale et concrète à ces fléaux qui fragilisent le pacte républicain. Parmi les annonces faites ce lundi, la Première Ministre a indiqué le projet de création d’un musée, sur le site de l’ancien centre de concentration de Montreuil-Bellay, à la mémoire des gens du voyage internés durant le Seconde Guerre Mondiale.
Une stèle en 2016 à Montreuil-Bellay
En octobre 2016, sous le haut patronage de François Hollande, un hommage national a été rendu au camp tsigane de Montreuil-Bellay. Pour les 70 ans de sa fermeture (1946), l’occasion de l’inauguration d’une stèle, attendue de longue date par les tziganes et pour laquelle l’historien local Jacques Sigot s’était battu corps et âme. 477 noms ont été gravés sur huit blocs de pierre. Ceux des familles de Tsiganes, internées dans ce camp, de novembre 1941 à janvier 1945. L’effectif maximum est atteint en août 1942, avec 1 096 internés dans des conditions plus que spartiates. En cette fin octobre 2016, le Président de la République déclarait : « Ici, à Montreuil-Bellay se tenait sur cet endroit même où nous sommes, le plus grand camps d’internement des nomades de France ». En effet, alors que la France n’est pas encore envahie par l’Allemagne Nazie, un décret-loi de 1940 du régime de Vichy interdit la circulation des nomades sur le territoire, « suspectés d’être ou de devenir des espions ». Suite à cela et jusqu’à la fin de la guerre, ils furent 6 500 à être internés en France. « En réalité, ce texte ne faisait que transcrire dans la loi une méfiance venant du fond des âges », déclarait encore François Hollande. « Un fantasme nourri de peurs ancestrales, une somme de préjugés, d’ignorance. (…) Et cette peur a suffi pour que des roulottes soient arrêtées, des caravanes consignées et les familles assignées à résidence près des gendarmeries. »
En savoir plus sur l’histoire du camp : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/camp-dinternement-pour-les-tsiganes-montreuil-bellay-49 (source Jacques Sigot)
Expliquer le présent par le passé
L’ambition du gouvernement est ainsi « d’expliquer le présent grâce à la connaissance du passé (Shoah, génocides, esclavage, colonisation, décolonisation), renforcer l’attachement de chaque enfant au récit historique, forger et transmettre une mémoire collective car l’Histoire alerte le présent. » Pour ce faire il compte mettre en place une visite obligatoire pour les élèves durant leur scolarité d’un lieu mémoriel en lien avec le racisme, l’antisémitisme ou l’anti-tsiganisme. « En intégrant le principe de cette visite aux circulaires de rentrée adressées aux réseaux éducatifs par les ministres de l’Éducation nationale, de l’Agriculture et de la Culture, en développant les expositions itinérantes dans les rectorats et les établissements et en renforçant les collaborations entre les établissements et les lieux de mémoire et d’histoire, notamment grâce au développement de la part collective du Pass culture. »
Le plan national contre les discriminations et le racisme
Chaque année, en France, 1,2 million de victimes subissent une discrimination ou une atteinte à caractère raciste ou antisémite. Cette statistique démontre la nécessité, pour le Gouvernement, d’agir encore plus fortement pour quantifier, prévenir et sanctionner ces phénomènes. C’est dans cette perspective que s’inscrit le plan national contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine (2023-2026). Présenté ce 30 janvier à l’Institut du monde arabe par Élisabeth Borne et la ministre déléguée chargée de l’Égalité, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Isabelle Rome, il prend la suite de celui lancé par Édouard Philippe en 2018. Fruit de travaux menés avec 35 structures issues de la société civile et plusieurs institutions indépendantes, le plan gouvernemental couvre la période 2023-2026. Il poursuit cinq grandes ambitions :
– Mesurer la réalité du racisme, de l’antisémitisme et des discriminations ;
– Oser nommer la réalité de la haine ;
– Mieux éduquer et former ;
– Sanctionner les auteurs ;
– Accompagner les victimes.
Au total, 80 mesures ambitieuses sont proposées autour de ces cinq axes et feront l’objet d’un suivi semestriel par un comité dédié. Découvrez l’ensemble du plan détaillé sur le lien suivant : https://www.gouvernement.fr/upload/media/content/0001/05/8a5da906f8a6c1682193164eb2e790134248d34a.pdf
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Commentaires 4
Une initiative justifiée qui permettra de faire connaître plus largement ce pan peu glorieux de notre Histoire: un camp de concentration géré par la gendarmerie du régime de Vichy. Mais a-t-elle dit quels moyens (investissement et fonctionnement) elle mettait sur la table ?
Les élus locaux (Ville et Agglo) étaient-ils au courant ?
Que d’argent public dans nos campagnes qui crèvent ! Que de principes « républicains ». Où sont les musées dignes de ce nom avec l’argent des athées pour les 20 % de la population. 200 000 personnes en quelques mois, massacrés, déchiquetés, éviscérés, dépecés vivants, noyés attachés, déportés, guillotinés. Femmes, enfants compris parce qu’ils étaient catholiques. Nos rues « rouges » « martyrs » de la région coûtent moins cher quand c’est une majorité massacrée.
Bonsoir,
Bravo, seule occasion pour moi de remercier le gouvernement actuel
Les harkis restent les oubliés, et les républicains espagnols, parce que la France est fautive, pas des nazis ou un autre dictateur étranger !
C’est aussi le cas ici. Le texte on ne peut plus édulcoré de la plaque de la stèle en dit long. « En ce lieu se trouvait le camp d’internement de Montreuil-Bellay de novembre 1941 à janvier 1945. Plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants tsiganes y souffrirent victimes d’une détention arbitraire. » Ce camp y est qualifié de camp d’internement et non de concentration. Aucune référence à son initiateur et gestionnaire le régime de Vichy, et non les nazis.