Au regard des circonstances, Anne-Laure Blin a ainsi interrogé ce mardi le Premier Ministre sur les engagements pris pour « répondre à ces situations de barbarie qui se multiplient de plus en plus sur le territoire national ». « Indéniablement, cette violence dépasse les seuls « faits divers » mais devient à l’évidence endémique et symptomatique d’un manque d’autorité dans le pays », souligne-t-elle. Elle relie ces manquements aux événements survenus à Parnay durant l’Ascension : « Par exemple, lors du rassemblement sauvage organisé durant 4 jours la semaine dernière dans le Saumurois ayant laissé aussi bien la population que les forces de l’ordre fort démunis face à une occupation illégale d’une propriété privée par 10 000 personnes. Le gouvernement manque aujourd’hui indéniablement à ses devoirs en ne mettant pas une politique pénale efficace et courageuse permettant de garantir sérénité et sécurité dans notre pays. En résonnance avec l’attaque du fourgon dans l’Eure, les agents des services pénitentiaires sont mobilisés encore aujourd’hui en soutien à leurs collègues décédés dans l’exercice de leur mission. Ce mouvement de réaction est à l’évidence bien légitime tant ils sont laissés en première ligne seuls face à une délinquance d’une extrême violence de plus en plus organisée. » Anne-Laure Blin annonce qu’elle rencontrera dans les prochains jours les agents de la maison d’arrêt d’Angers pour échanger sur la situation qu’ils vivent au quotidien dans un contexte où localement, le nouvel établissement pénitentiaire d’Angers-Loire-Authion « se fait désormais de plus en plus attendre malgré les annonces nationales laissant penser à un véritable engagement sur la question de la surpopulation carcérale. »
L’intervention d’Anne-Laure Blin dans l’Hémicycle
« (…) Une fois de plus, notre pays est choqué par la violence la plus radicale qui a couté la vie, il y a quelques heures, à 3 agents de l’administration pénitentiaire dans l’exercice de leur mission. Au nom de mes collègues du groupe les Républicains, je veux dire à leurs familles, à leurs épouses, à leurs enfants à qui la vie a été retiré à leurs papas, à leurs collègues, notre compassion, notre vive émotion et notre colère. Les images d’hommes lourdement armés, attaquant le fourgon, ont de quoi choquer. A 100 km de Paris, à quelques semaines des Jeux Olympiques. La France est-elle devenue ce Far-West où l’on ose désormais tirer sur les forces de l’ordre, où l’on voit des scènes de guerre sur nos routes de campagne, et où l’on abat de sang-froid des fonctionnaires ? Ce drame nous rappelle les 30 000 faits de violence commis, en France, chaque année, contre les forces de l’ordre. Non seulement ce chiffre a doublé depuis 20 ans mais la violence, de plus en plus barbare, peut désormais toucher des Français de tous les âges, tout le temps. Évidemment, vous nous répondrez que vous n’y êtes pour rien. Et nous le savons déjà, vous n’êtes jamais responsables de rien. Monsieur le Premier Ministre, aucun autre parti politique depuis 40 ans n’aura gouverné la France aussi longtemps que le vôtre. Et pourtant vous fuyez toujours vos responsabilités. Il est plus qu’urgent et vital que l’autorité ne soit plus un slogan mais une réalité. Les Français exigent une rupture, nous sommes nombreux dans cet hémicycle à vouloir des lois d’autorité et de fermeté, mais cela suppose une chose : que vous arrêtiez de vous payer de mots, que vous arrêtiez de faire semblant et que vous passiez aux actes ! Les Français attendent justice ! »
La réponse du Premier Ministre
« Vous abordez la question de l’autorité et du respect de l’autorité dans notre pays. C’est un sujet qui, vous le savez, me mobilise, tout comme l’ensemble du Gouvernement. Dès ma déclaration de politique générale, j’ai fait des annonces et indiqué des perspectives dans ce domaine. Il y a quelques semaines, m’exprimant à Viry-Châtillon, j’ai précisé les mesures que nous entendions prendre et le calendrier de leur application. Qu’est-ce qui a déjà été mis en œuvre depuis ma déclaration de politique générale et ce discours à Viry-Châtillon ? L’engagement que j’avais pris à la fois sur des sanctions plus rapides et sur la possibilité d’avoir un équivalent des travaux d’intérêt général (TIG) pour les moins de 16 ans a été tenu […] Je me suis engagé à ce que le non-respect de la laïcité dans le cadre d’une agression soit le plus systématiquement possible retenu comme une circonstance aggravante. Là aussi, le garde des sceaux a pris une circulaire pénale : de la même manière qu’agresser quelqu’un du fait de sa religion constitue une circonstance aggravante, le faire à cause de son absence de religion ou parce qu’il ne suit pas certains préceptes religieux devra toujours en être une aussi.
J’ai ensuite annoncé plusieurs mesures concernant l’école de la République : dès la rentrée prochaine, elles donneront enfin la possibilité de prendre de véritables sanctions dès l’école primaire pour répondre au refus de l’autorité et aux contestations que les enseignants constatent dans les classes, dès le CE2, le CM1 ou le CM2. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NUPES.) Or, je le crois profondément, le respect de l’autorité se construit dès le plus jeune âge. Deuxièmement, concernant la justice des mineurs, puisqu’à côté de la prévention, il nous faut des sanctions beaucoup plus claires et beaucoup plus fermes, j’ai annoncé plusieurs mesures pénales : composition pénale pour les mineurs, capacité à retenir davantage le manquement à l’obligation parentale contre les deux parents, sanction supplémentaire en cas d’un tel manquement. J’ai également ouvert la discussion avec les groupes parlementaires – j’en ai déjà rencontré plusieurs et j’en recevrai d’autres très prochainement – à propos de l’atténuation de l’excuse de minorité et de la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs […] qui n’existe pas. Je suis prêt à avancer sans tabou sur tous ces sujets. Parce que le respect de l’autorité s’acquiert dès le plus jeune âge, c’est dès le plus jeune âge qu’on doit apprendre que l’uniforme se respecte, que les hommes et les femmes dépositaires de l’autorité se respectent, que la loi et les règles se respectent, et que dans le cas contraire, la loi est là pour vous sanctionner. »
Et Anne-Laure Blin de rétorquer : « La réalité, c’est que nos policiers, gendarmes et agents pénitentiaires se sentent seuls. Vous les laissez seuls en première ligne, sans le secours d’une politique pénale ferme. Depuis sept ans, vous avez été le gouvernement qui a construit le moins de places de prisons. »
Infos pratiques : Cliquez ici pour visionner la QAG d’Anne-Laure Blin
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