Maine-et-Loire. La Ligue contre le Cancer mobilise plus de 200 000 euros pour faire avancer 6 projets de recherche

Cette année, ce sont 209 100 € qui ont été alloués à six projets de recherche locaux, ouvrant de nouvelles perspectives dans la prise en charge des patients. Derrière ces chiffres, ce sont des chercheurs qui, jour après jour, repoussent les frontières de la connaissance. Cette année, les projets financés abordent des enjeux cruciaux : Lutter contre les récidives du cancer du sein ; Optimiser les traitements en radiothérapie ; Mieux comprendre et combattre des cancers agressifs comme le glioblastome ou le mélanome métastasique. Autant de travaux qui, demain, pourraient changer des vies. Depuis 1958, la Ligue contre le Cancer de Maine-et-Loire consacre entre 40 % et 70 % de ses ressources à des projets de recherche en cancérologie. Cet engagement, porté par les donateurs, a contribué à des progrès majeurs, comme les thérapies ciblées ou l’immunothérapie, améliorant la prise en charge des cancers. Les projets financés sont sélectionnés chaque année avec rigueur par le Conseil Scientifique Interrégional du Grand Ouest et des experts indépendants, garantissant transparence et excellence scientifique.

6 projets porteurs d’espoir

Glioblastome : vers une nouvelle stratégie thérapeutique (Guillaume BASTIAT) : « La tumeur cérébrale appelée glioblastome est une tumeur très agressive qui entraine une mortalité rapide et élevée, en raison d’une rechute quasi systématique après le protocole thérapeutique actuel : chirurgie, radio et chimiothérapie. Cet échec est dû en partie à la présence de cellules tumorales de type souche qui échappent à la chirurgie et qui résistent aux thérapies conventionnelles. Ces cellules constituent ainsi un réservoir qui permet le renouvellement des tumeurs à la périphérie de la cavité de résection. Ce projet propose de délivrer des actifs qui joueront sur une nouvelle stratégie liée à une dérégulation d’acteurs intracellulaires : les lysosomes, dont l’accumulation permettra l’éradication de ces cellules. Néanmoins, la délivrance devra se faire de manière spécifique, prolongée et locale et une technologie de type hydrogel implantable après la chirurgie sera développée à ces fins. »

Enquête sur le rôle du système nerveux dans les cancers du sein (Agnès BASSEVILLE) : « Ce projet a pour but de diminuer les récidives après un traitement par hormonothérapie dans les cancers du sein. Notre équipe a récemment découvert que plus une tumeur contenait de nerfs, plus la patiente avait des risques de faire une rechute en cours de traitement. Les nerfs sont des composants connus d’une tumeur : ils s’y développent et participent à l’initiation et à la progression de la maladie, et ce, très précocement. Cependant, les phénomènes de résistance au traitement causés par la présence de nerfs ne sont pas encore expliqués. Pour comprendre la relation entre nerfs et rechute, nous allons étudier les communications très précises entre nerfs et tumeur à l’aide d’une méthode toute récente et révolutionnaire (nommée la transcriptomique spatiale). Cette méthode a été développée pour ce genre d’étude très pointue, car elle permet à partir d’une coupe fine de tumeur, de localiser par microscopie les zones d’interaction entre un nerf et les cellules cancéreuses environnantes, et d’identifier tous les messages qui s’échangent dans cette zone d’intérêt. En comprenant plus précisément ces communications et leurs rôles, nous pourrons proposer une contre-attaque, par exemple, avec un médicament qui stoppe les messages entre tumeur et nerfs. »

Étudier pour mieux traiter un cancer de la peau agressif (Nicolas CLERE) : « Ce projet de recherche s’intéresse à un cancer de la peau très agressif : le mélanome métastatique. La recherche se concentre sur une protéine appelée SPARC, impliquée dans la régulation de l’environnement tumoral, qui semble jouer un rôle important dans l’évolution de ce cancer et dans sa résistance aux traitements. SPARC agit dans l’environnement de la tumeur et pourrait influencer la façon dont les cellules entourant la tumeur changent et aident le cancer à progresser. En étudiant cette protéine et ses effets, nous espérons mieux comprendre pourquoi certains traitements ne fonctionnent pas toujours. Pour cela, nous utilisons des modèles en laboratoire, comme des sphères imitant les tumeurs, et des échantillons provenant de patients. Grâce à cette approche, nous cherchons à identifier de nouvelles façons de combattre ce cancer et à proposer des traitements plus efficaces. »

Exploration d’un nouveau mécanisme d’altération des gènes suppresseurs de tumeur : création de cadres de lectures ouverts en amont (Isabelle TOURNIER) : « Analyser les mutations génétiques d’une tumeur est essentiel pour une prise en charge médicale personnalisée et adaptée. Ces mutations contribuent à influencer l’évolution de la tumeur et la réponse aux traitements. Cependant, de nombreuses mutations ne peuvent pas être utilisées pour le diagnostic, car leurs conséquences biologiques restent inconnues. Cela prive certains patients de meilleures options thérapeutiques. Ce projet vise à mieux comprendre et faciliter l’interprétation de ces mutations pour améliorer le diagnostic et les soins. Pour ce projet de recherche, nous nous intéresserons plus précisément à un nouveau mécanisme d’altération de la fonction des gènes, avec le gène TP53 comme modèle, car il est très souvent muté dans les cancers. »

Améliorer l’efficacité de la radiothérapie (Pierre-Alexandre VIDI) : « La radiothérapie est un traitement qui détruit les cellules cancéreuses en endommageant leur ADN. Elle stimule également la réponse immunitaire antitumorale. Cependant, elle peut également endommager les cellules immunitaires, ce qui réduit son efficacité globale. Ce projet vise à maximiser les synergies entre la radiothérapie et la réponse immunitaire en utilisant des faisceaux en forme de grille. Cela permettrait de traiter la tumeur tout en préservant les cellules immunitaires situées dans les zones non exposées aux rayons. Nous allons recréer un modèle tumoral pancréatique. Ce type de cancer est difficile à traiter et a un pronostic souvent défavorable. Le modèle combinera des cellules cancéreuses et des lymphocytes T. Grâce à un système qui combine un générateur de rayons X et un microscope, nous pourrons observer en direct comment les rayons affectent les cellules immunitaires et cancéreuses. L’objectif est de tester différentes formes de grille, de mieux comprendre leurs effets et leurs potentiels, et de voir si cette approche peut rendre la radiothérapie plus efficace. »

Identification des déterminants de participation au dépistage du cancer colorectal à l’officine (Charbel ABI SAAD – Sébastien FAURE) : « L’objectif à travers ce projet est d’analyser le rôle clé des pharmacies dans la promotion du dépistage du cancer colorectal. Malgré les avancées en matière de sensibilisation, le recours à ce dépistage reste insuffisant. Ce projet vise à : Identifier la contribution spécifique des pharmaciens et des autres professionnels de santé dans le processus de dépistage. Étudier les freins et motivations des populations concernées pour améliorer leur participation. Grâce à une immersion dans les pharmacies engagées, nous espérons offrir une nouvelle approche pour renforcer l’efficacité et l’accessibilité du dépistage colorectal, au bénéfice de la santé publique. »