Près d’un élève sur 10, tous niveaux scolaires confondus, serait victime de harcèlement dans son établissement en France. Pour répondre à cette problématique, le Département de Maine-et-Loire s’est pleinement mobilisé dans des actions de sensibilisation. La sensibilisation et la prévention c’est donner aux enfants les connaissances et les armes pour reconnaître et désamorcer, individuellement et collectivement, les situations et comportements de harcèlement.
Une lutte sur plusieurs tableaux
Depuis 2014, le Département a intégré la lutte contre le harcèlement dans son offre éducative avec la mise en place de l’action « Collèges et justice ». 15 classes découvrent chaque année les coulisses de l’institution judiciaire. Cette immersion est notamment l’occasion de rappeler que le harcèlement est un délit puni par la loi avec une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende. En 2018 et 2020, les actions « Boxons la violence » et « ateliers philosophiques » abordent elles aussi la question du harcèlement, qui chez les jeunes s’exprime souvent par la violence physique ou verbale. Ces actions sont organisées avec l’appui d’associations et favorisent les échanges entre les collégiens. Pour compléter ces actions de sensibilisation, la diffusion à grande échelle de la pièce « Mouton Noir », de la compagnie Piment d’oiseau, est une confrontation avec la réalité. La pièce évoque un cas dramatique de harcèlement scolaire et traite de ses mécanismes. Elle est suivie d’un temps d’échange pour libérer la parole entre les collégiens et leur laisser un espace de réaction face à ce qu’ils viennent de voir. Pour l’année scolaire 2022-2023, près de 2500 élèves assisteront à une représentation de la pièce.
De nouvelles actions en 2022
Souhaitant renforcer les actions de lutte contre le harcèlement, le Département, en partenariat avec l’Éducation Nationale, a déployé deux nouvelles actions à la rentrée 2022. Des actions ciblées qui donnent aux élèves un rôle d’acteur dans la lutte contre le harcèlement et qui intègrent la dimension numérique avec le cyberharcèlement. Avec « Entrons dans le jeu pour sortir du harcèlement », les élèves participent à un escape game pédagogique dans lequel ils vont devoir enquêter sur une situation de harcèlement. Conçu par le réseau Canopé, cet atelier met les élèves en situation de coopération face à une situation, le collectif comme réponse au harcèlement. L’action « Harcèlement, on se rebelle » est divisée en trois temps durant lesquels les élèves vont notamment échanger avec une comédienne sur la thématique de l’estime de soi car renforcer sa confiance en soi c’est se donner la force de réagir si l’on est témoin de harcèlement. Une partie de l’action est consacrée au fléau du cyberharcèlement, revers de la médaille d’une connexion toujours plus importante pour les jeunes. C’est l’occasion pour eux d’interroger leurs pratiques des réseaux sociaux notamment, et surtout leur permettre d’identifier des comportements de cyberviolence ou de cyberharcèlement. Des conférences en ligne sont également proposées à 400 professionnels des collèges, dont des personnels techniques. Ces conférences sont intitulées « Cybersexisme : comprendre pour prévenir et agir » et « État des lieux de la lutte contre le harcèlement et boîte à outils ».
L’écoute et l’accompagnement
Lutter contre le harcèlement c’est aussi rappeler aux enfants qu’ils ne sont pas seuls face à ces comportements. L’association Agir contre les violences scolaires (ACVS49), soutenue financièrement par le Département, intervient dans les classes pour sensibiliser et faire de la prévention. Elle est également un interlocuteur que les enfants ou familles peuvent solliciter avec notamment le point d’information écoute, chaque samedi de 9h à 12h, à la Maison des Familles, 5 rue St Exupéry à Angers. Depuis la rentrée scolaire, une règle portant le 3020, numéro de la plateforme nationale d’écoute sur le harcèlement scolaire est distribuée pour rappeler aux 44 000 collégiens qu’ils ne sont pas seuls et que des professionnels sont à leur écoute.
Un sujet important pour les jeunes
À l’origine, ils devaient travailler sur un document destiné à expliquer aux jeunes l’aide éducative à domicile, un dispositif de soutien aux familles. Mais c’est finalement pour parler du harcèlement scolaire que huit adolescents, accompagnés par des référents prévention du Département et par une illustratrice, ont choisi de se lancer dans la création d’un manga, de l’écriture du scénario aux dessins. Au cours des échanges, dès le début du projet, les huit apprentis dessinateurs ont souhaité traiter du harcèlement, en mettant des dessins sur des situations et des mots entendus et rencontrés dans leur vie d’adolescents. Le manga est un style littéraire et dessiné qui se prête particulièrement au thème du harcèlement. Non circonscrit au monde réel et aux codes de la société, il permet l’exagération (avec des pouvoirs spéciaux par exemple) et la transformation du réel pour en faire ressortir des principes forts comme le droit à la différence, l’estime de soi et la force du collectif. Le résultat est un manga de 6 planches racontant l’histoire d’Eskiel harcelé par un gang de yakuzas. Mais l’histoire écrite par les enfants va au-delà du harcèlement et exprime la nécessité de rompre l’isolement en parlant à quelqu’un, que ce soit la personne harcelée mais aussi sa famille, en sollicitant une MDS par exemple. Pédagogique et ludique, le projet s’est concrétisé avec l’impression du manga que le Département entend bien utiliser dans sa médiation auprès des autres enfants et les aider eux aussi à s’exprimer ou à agir contre le harcèlement scolaire.
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