Longué-Jumelles. Les salariés d’Assa Abloy entrent en grève illimitée

Ce lundi 21 février, une grande partie des salariés de l'entreprise Assa Abloy à Longué-Jumelles est entrée en grève illimitée pour demander une augmentation salariale à la hauteur de l'inflation.
Les salariés d'Assa Abloy à Longué-Jumelles étaient en grève ce lundi 21 février et jusqu'à nouvel ordre

Assa Abloy est une entreprise suédoise qui fabrique et vend des serrures, des cylindres, des produits électromécaniques, des portes et équipements de sécurité, partout dans le monde. Elle est également présente en France avec 6 sites, dont 4 de production. L’un d’eux se trouve à Longué-Jumelles. Ce lundi 21 février 2022, une grande partie des effectifs de l’entreprise Assa Abloy de Longué-Jumelles était en grève, une grève suivie à l’échelle nationale. Dans les entreprises où sont constituées une ou plusieurs sections syndicales d’organisations représentatives, et dans lesquelles a été désigné au moins un délégué syndical, l’employeur doit prendre l’initiative d’engager, périodiquement, des négociations portant sur certains thèmes dont, notamment, les rémunérations et l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. À défaut d’une initiative de l’employeur, la négociation s’engage obligatoirement à la demande d’une organisation syndicale représentative. Dans le cadre de ces Négociations Obligatoires d’Entreprise (NOE), les syndicats d’Assa Abloy ont demandé d’une seule voix une augmentation salariale basée sur l’inflation. 4 réunions ont eu lieu, mais leur demande n’a pas reçu de réponse de l’entreprise. Ainsi 80% des ateliers de l’entreprise de Longué-Jumelles sont entrés en grève ce lundi.

Préserver le pouvoir d’achat

Les délégués syndicaux Yannick Bessonneau (CGT), Jean-Pierre Legendre (CFDT) et Thomas Delarue (CFE-CGC) expliquent : « En 2021, l’entreprise a très bien fonctionné. Elle affiche des résultats qui sont plus que corrects. L’entreprise, qui emploie 252 personnes à Longué-Jumelles, 1 080 en France et 47 000 dans le monde, est le leader mondial dans son domaine d’activités. Nous demandions une augmentation en adéquation avec l’inflation, à savoir 2,8%. Mais l’entreprise n’a pas accepté. Nous ne demandions tout de même pas beaucoup, une simple préservation de notre pouvoir d’achat. Depuis 5 ans maintenant, l’entreprise accorde des augmentations en dessous de l’inflation. »

« Les mercis ne suffisent plus »

Les salariés, par la voix des délégués syndicaux, demandent une simple reconnaissance du travail effectué ces derniers mois. « En 2020, le chiffre d’affaires de l’entreprise a été impacté par la crise sanitaire. Le site de Longué-Jumelles a fermé durant 5 à 6 semaines. Pour compenser, les salariés ont travaillé dur, ils ont fait des heures supplémentaires et se sont investis pour l’entreprise. Nous faisions de la modulation du temps de travail jusqu’à maintenant pour adapter le travail à l’activité de l’entreprise avec des semaines à 4 jours et d’autres à 5 jours. Depuis le début de l’année, nous ne faisons que des semaines de 5 jours à 39 heures. Malheureusement, il n’y a aucune reconnaissance de l’entreprise de cet investissement et de nos efforts. Et ce, alors qu’elle enregistre des résultats records. Les simples mercis ne suffisent plus. »

Une main d’œuvre qualifiée qui se paye

Les équipes doivent également composer avec un secteur relativement tendu sur le plan du recrutement. L’ensemble des postes d’Assay Abloy concerne des emplois qualifiés : Polisseurs, tourneurs-fraiseurs, régleurs… Depuis 15 ans, le site longuéen, comme les autres, a dû faire face à beaucoup de départs. « La moyenne d’âge ici est de 49 ans », souligne Yannick Bessonneau. Pour eux, « n’importe qui ne peut pas venir remplacer et travailler sur les machines qui demandent une connaissance et un savoir-faire particulier. Ce savoir-faire, nous sommes en train de le perdre petite à petit. C’est aussi un savoir-faire qui devrait se payer. Il y a un besoin mutuel. Nous serions peu de chose sans Assa Abloy et le groupe ne serait rien sans nous les salariés. La devise du groupe est « Together » (NDLR ensemble en anglais), mais force est de constater que ce partage n’est pas vrai quand il s’agit des richesses. »

Pas encore de signe de la direction

Pour le moment les salariés n’ont reçu aucune communication ou signe de la direction. Ils ont déposé un préavis de grève pour un mouvement illimité qui sera reconduit jusqu’à ce qu’un terrain d’entente soit trouvé. « Ce n’est pas sur le site de Longué que cela se décide, mais au siège. Pour le moment la direction fait la sourde oreille, c’est un combat d’usure qui s’engage. Malheureusement, il n’y a qu’en faisant grève que l’on est entendus, à défaut d’être écoutés. La seule réponse de la direction a été de faire appel à un huissier qui est présent pour constater les blocages et les présences à l’entrée du site », concluent-ils.

Commentaires 3

  1. Florentais says:

    Bonsoir. Courage à vous tous c est vraiment pas drôle de faire grève quand tu bosses dans une boite privée. Le côté huissier j adore. Pffff
    J espère que vous serez entendu.

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  2. Fonctionnaire says:

    Tout mon soutien pour vos demandes légitimes et modérées en plus ! Et à l’intention de Florentais, ce n’est « drôle » pour personne, qu’on soit du public ou du privé, de se mettre en grève.

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  3. schysophrène says:

    Très étonnant de voir un délégué syndical cfdt également adjoint à la ville de Longué Jumelle, ville plutôt très très à droite quand on connais les derniers propos du maire et remis en cause par aucun des élus de cette majorité.
    Je ne savais pas qu’un parti syndical pouvait accepter ce type de grand écart. à ce point c’est de la schizophrénie.J’aimerais bien avoir une réponse du syndicat départemental CFDT.

    Répondre moderated

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