La Ligue de Protection des Oiseaux d’Indre-et-Loire a récemment réalisé un comptage des oiseaux sur la Loire tourangelle avec plusieurs de ses bénévoles. Une mission essentielle pour permettre d’avoir une vision d’ensemble sur la biodiversité, la présence des volatiles et l’évolution de leur nombre au fil des années. Et ce, d’autant plus en ces temps où la biodiversité est plus que jamais en danger. La saison est exceptionnelle cette année avec des niveaux d’eau sur le fleuve royal records pour la saison. Alors que le fleuve est connu pour son tracé sinueux et ses aquarelles de bancs de sable durant la période estivale, elle est en ce moment à une largeur et une hauteur quasiment dignes d’un automne. Et cela se ressent sur la faune locale qui n’y trouve plus ses habitudes. « Après le premier passage du 7 avril et ses niveaux d’eau records, la Loire avait bien baissé durant plusieurs semaines. Hélas, quelques jours avant le 4 mai, date du second passage du Comptage des Oiseaux de Loire Tourangelle (COLT), des pluies ont de nouveau fait gonfler les eaux de la Loire. Les résultats s’en font une nouvelle fois nettement ressentir, avec seulement 1733 oiseaux observés, soit tout simplement moitié moins qu’en 2023 (3538), mais quand même légèrement plus qu’au passage d’avril (1482) », indique la LPO d’Indre-et-Loire.
Une année difficile pour de nombreuses espèces
Il y a quelques jours, la LPO Anjou et le Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine alertaient quant à ses conditions sur les espèces particulièrement sensibles comme les sternes (relire notre article). Tous les ans, deux espèces emblématiques effectuent un long vol depuis l’Afrique pour se reproduire en Anjou : la sterne naine et la sterne pierregarin. D’avril à septembre, ces oiseaux s’installent en colonie et creusent leurs nids à même le sable des bancs de Loire. Leur reproduction est d’ordinaire déjà difficile en raison des dérangements humains et des animaux. Cette année, leur reproduction s’annonce particulièrement délicate. Les niveaux d’eau élevés du fleuve ont contraint les sternes à retarder leur installation. Depuis plusieurs jours, les premiers couples commencent à se fixer sur les quelques bancs de sable émergés, malheureusement proches des rives, ce qui facilite les dérangements. La LPO de Touraine dresse le bilan : « La diminution affecte fortement plusieurs espèces. Le canard colvert plafonne à 200 individus contre 479 en 2023 et même 697 en 2019. Le héron cendré stagne à seulement 35 oiseaux (97 en 2023). La sterne pierregarin aussi a préféré se tenir à l’écart des eaux troubles avec 232 individus comptabilisés contre environ 500 en moyenne les années précédentes. L’écart est encore plus net chez le chevalier guignette qui totalise seulement 82 spécimens en l’absence de bancs de sable à comparer avec l’effectif (record il est vrai) de 531 en 2023. La mouette rieuse fait à peine mieux, avec seulement 101 individus dénombrés contre 329 en 2023 et même 690 en 2021. Terminons avec le plus catastrophique : seulement 7 petits gravelots ont été observés, contre 128 en 2023 et 160 en 2022 ! »
Quelques bonnes nouvelles
Si globalement les chiffres ne sont pas bons, il semblerait que certains oiseaux s’adaptent et s’épanouissent davantage. « En dépit des eaux agitées, quelques espèces se maintiennent toutefois à un niveau satisfaisant comme le cygne tuberculé avec 133 individus (177 en 2023, 82 en 2022), le grand cormoran avec 113 oiseaux (112 en 2023, 62 en 2022) et le goéland leucophée avec 307 spécimens (301 en 2023, 248 en 2022). De façon étonnante, deux records sont tout de même battus, celui du bihoreau gris avec 9 individus (précédent record : 4 en 2022) et celui de l’œdicnème criard avec 10 individus (précédent record : 6 en 2023). »
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