Des vœux, en veux-tu, en voilà ! En janvier, c’est un peu dis ce qu’il te plait à qui tu voudras, dans d’insistantes promesses de bonheurs variés et ambitieux. Pour beaucoup, l’aspiration est sincère à l’aube d’une année immaculée, esquissée dans le fantasme d’un Eden préservé, affecté à ses amis, ses proches, ses semblables. Pour d’autres, tristement, les vœux ne s’accompagnent guère de volontés indispensables pour accorder la bonne fortune à ceux qui, simplement, les entendent. Aussi tendres et langoureuses soient leurs opportunes roucoulades, jamais, dans l’intention, elles se portent vers les miséreux, les soumis, les persécutés, les oubliés de l’humanité, de la paix, cloîtrés dans leurs tristes réalités. Vers ceux dont la vie ne mérite pas d’être vécue, ces « bienheureux qui trouveraient dans la satisfaction de voeux modestes la recette du bien-être ». *
Prendre soin des autres
Belle utopie refoulée par les croisades insanes des intolérants, des doctrinaires et conquérants de tous poils fendus d’un sourire grimaçant et hypocrite pour souhaiter à tous une bonne année. Ces rois maudits prospèrent sur la détresse d’un monde fracturé bien éloigné du paradis terrestre évoqué dans nos vœux pieux. Mais, même sans ces exécrables créatures promises aux enfers, jamais l’ambition ne pourrait exaucer nos désirs de plaisir en un pays de cocagne, d’abondance répartie. Sinon à changer nos moeurs pour entretenir le rêve chimérique et s’épargner une tâche ubuesque et sans fin. Comme celle des Danaïdes condamnées à verser de l’eau du Styx d’une cruche percée dans une jarre sans fond. C’est ainsi, sauf dans un certain monde constellé de nuages et d’arcs-en-ciel où l’on veille sur tous les enfants de l’univers. « Ce qui compte c’est de prendre soin des autres » expliquent ses âmes charitables. Touchanceux, Toubisou, Toucâlin, Toutaquin, Tougentil, Touronchon, Toucurieux, Toumagique, et tous les Bisounours vous souhaitent une bonne année.
Georges Chabrier
*William Shakespeare
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