Notre quotidien est jonché de mauvaises aubaines, de contrariétés issues de visites impromptues auxquelles nous souhaiterions parfois échapper. Nous éloigner, pour respirer et rester libres d’un échange convenu et apprécié, enrichi d’agitations émotionnelles. Rien de plus facile, à priori, tant nous disposons du choix indépendant d’emprunter un chemin délibérément tracé par nos appétences. Oui, certes. Mais voilà que nos flâneries courantes subissent désormais, inexorablement, les aléas d’aiguillages connectés à des voies incertaines. Dès lors, vagabonder n’est plus une mince affaire et les brigands et les pillards sont nombreux à vouloir nous détourner, nous détrousser de toute émancipation. Quelles que soient nos ambitions, nos quêtes, il nous est parfaitement impossible de nous soustraire à la diligence du web pour naviguer vers des sites non pollués par des visiteurs importuns. Dans le sillage de notre progression, une horde de spams interfère et influe indiciblement sur l’orientation de nos approches, mercantiles ou intellectuelles. Pire encore, ils nous exposent au « phishing » (vol de données personnelles) ou aux attaques «ransomware » (blocage ordinateur et demande de rançon). La lutte contre ces spams malveillants s’organise dans les messageries sans atteindre une réelle efficience que seule peut assurer une vigilance personnelle fortement exercée. Toutefois, de répit n’espérons guère car les grands génies de l’arnaque sans frontières ont anticipé l’anémie progressive de leur premier lutin en créant un nouvel alien, le slop.
Absence et silence
D’un nom tiré de la fange, de la boue, ce nouvel envahisseur déferle sur la planète pour prodiguer ses méfaits, notamment en termes de désinformation générée par l’intelligence artificielle. Cette dernière, mise au service de la médiocrité pour l’interprétation spécieuse d’images ou de textes détournés, alimente les contenus des « chatbot » (programmes informatiques), ersatz de conversations humaines largement répandues pour orienter les moteurs de recherche. Et de fait, ainsi gaver les usines à trolls dont les fortunées légions d’opérateurs et de hackers déversent leurs venins pour manipuler les foules et déstabiliser les Etats. Les belliqueuses armadas de la Russie, tout particulièrement, oeuvrent à plein dans la guerre hybride qu’ils mènent contre l’Occident, opportunément contre la France en ces temps troublés par les élections et la poussée de fièvre du Rassemblement national. Vladimir Poutine se frotte les mains, adoubant ostensiblement le succès de Marine Le Pen, obtenu légitimement dans les urnes. Un tiers des Français a voté en son âme et conscience pour le changement radical porté par le programme du RN. Par ses élites surtout, dans le désert électoral de territoires largement ignorés par ses futurs élus à l’Assemblée nationale. Absents du terrain, souvent des affiches, parfois interdits de paroles, les postulants n’ont pas fait campagne, enfouis sous l’égide du leader Bardella. Le suffrage universel les placera nombreux pour découvrir les ors de l’Assemblée, l’expression de la République, à défaut des salles communales et de l’échange local.
Georges Chabrier
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