Les résultats du deuxième tour des dernières élections législatives ont repoussé le Rassemblement national dans son camp, celui des indésirables. Le quasi référendum proposé aux Français a tourné court pour le parti plébiscité par le plus grand nombre d’électeurs, finalement muselé par une effervescence de solidarité. Une solidarité inattendue autour de duels singuliers portés par des ennemis d’ennemi commun, devenus impulsivement des amis. Autour de la Nation et de leur République, les électeurs s’étaient mobilisés faisant fi des oppositions viscérales de leurs champions frappés d’amnésie subite et insolente dès les résultats consommés. Le soir même quand, à l’unisson, ils proclamaient avoir gagné, être les premiers, les plus forts. Mais, plus inquiétant encore, les plus sourds à l’effort consenti, aux obligations nécessairement générées par l’expression et l’analyse du scrutin. Dans une ferveur excessive, les emportés, apparentés par un fanatisme galopant, ont fait montre d’une surdité verbale authentique, ignorant tout du sens des mots, des messages délivrés par le peuple. Carapacés dans leur narcissisme partisan, ils ont abandonné toute forme de gratitude et se sont appesantis sur leur propre sort, leur ambition vers le pouvoir. Un exercice du règne, sans les extrêmes, les importuns d’hier, tout à droite, et ceux du nouveau moment, tout à gauche, la France Insoumise dont ils avaient glané les voix pour échapper à la disette. Par ses sorties déplacées et inconvenantes, Mélenchon avait écrit le scénario, signé cette exclusion, entraînant dans son élan mortifère des militants groggy ayant imploré son silence, comme certains de leurs pairs embarrassés par l’omniprésence impopulaire de leurs leaders.
Se respecter et parler
Mélenchon a fait la sourde oreille, son parti a justement laissé des plumes et rejoint les troupes de Bardella dans la corbeille de ces indésirables dont « l’arc républicain », revendiqué par les sortants et leurs alliés, veut se passer au mépris de toute estime de l’expression de millions d’électeurs, des rudiments de la vigueur parlementaire. Le spectacle précédant la désignation de la présidence de l’Assemblée nationale et du futur Premier ministre est affligeant et entretient un climat délétère et éruptif, le fractionnement d’une nation déchirée, en grand besoin de reconnaissance, d’écoute, de dialogue et d’apaisement. Des comportements prochains du chef de l’exécutif et des députés dépendront ceux de populations frustrées, parfois revanchardes, forcément attentives à la prise en considération de la légitimité de leurs élus qui, à défaut de s’entendre, devront se respecter et parler. Et vite, pour prévenir le chaos annoncé. Ce n’est pas du tout le chemin tracé par les voix sonnantes et dissonantes de ceux dont les desseins convergent impudemment vers les sièges de la souveraineté. Puissent-ils s’extraire des chambres sourdes dont les ors absorbent les ondes de la chanson populaire. « La raison est douce, elle est humaine, elle inspire l’indulgence, elle étouffe la discorde, elle affermit la vertu, elle rend aimable l’obéissance aux lois » affirmait François-Marie Arouet, alias Voltaire, grand dramaturge des Lumières dont ils auraient fort aise de se rassasier.
Georges Chabrier
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