L’Edito du Kiosque : Sarkozy, Dupond-Moretti, Bayrou et Dussopt sur la sellette

L’actualité judiciaire du mois de novembre est particulièrement dense. Un ancien président de la République, deux gardes des Sceaux et un ministre, dont deux actuellement en fonction, devraient voir leur sort scellé par les tribunaux. Malgré les promesses de moralisation de la vie publique, les hommes se suivent et se ressemblent.
©AFP

Pendant qu’on chipote, qu’on se chamaille, qu’on s’agonit de bassesses flétrissant toujours plus encore le propos politique, les étoiles de David prospèrent sous le ciel de l’innommable. Avec elles, la cohorte des actes antisémites dont nos premiers élus, du Sénat et de l’Assemblée nationale, se sont emparés pour reprendre, enfin, à leur compte l’idée d’une marche de solidarité. Autrement dit pour une union sacrée entre tous, fondée sur l’obligation morale d’une assistance mutuelle, appropriée en l’occurrence, mais à imaginer également pour soutenir sans faille le peuple sacrifié de Gaza. Ou tu veux, ou tu veux pas, et qu’importe qui y sera, si tu veux tant mieux, si tu veux pas tant pis, cher ami, cher parti dont quelques honnêtes leaders s’apparentent un peu trop à des coquins roués, pétris et imprégnés de métier. Tant qu’il s’agit des joutes verbales de bas étage, qui portent néanmoins les électeurs vers l’abstention, les crispations, bien qu’aigües, se lissent dans le flot continu des vagabondages médiatiques de la politique. Jusqu’au jour où quelques-uns de ses polissons franchissent le Rubicon, la ligne jaune, pour commettre l’infraction dont ils doivent s’acquitter, cette fois, sous la contrainte judiciaire. Sur d’autres bancs pour certains formés à défendre les accusés dont ils endossent, à leur tour, l’habit du déshonneur. Ainsi, d’appels en recours, un ancien président de la République et le garde des Sceaux actuel ont retardé l’échéance de verdicts qui, aujourd’hui, pourraient fort bien les précipiter vers le néant de l’incarcération. Ainsi, Nicolas Sarkozy, grand abonné des chambres et des cours, dans les affaires présentes, celle dite « Bismuth » (écoutes téléphoniques) et la rocambolesque et interminable saga Bygmalion et ses quelque 20 millions d’euros de fausses factures. Sans compter, ce qui à priori lui sied à ravir, l’échéance qui l’attend en 2025 pour répondre du financement occulte apporté par son ami lybien Kadhafi dans la campagne présidentielle de 2007. La barque est chargée, peut-être trop pour ne pas sombrer. Quant à Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, il est soupçonné d’avoir usé de ses pouvoirs pour requérir des sanctions contre les magistrats qui tourmentaient ses meilleurs clients et amis, parmi lesquels… Sarkosy, dont il pourrait bien partager la gloire descendante.

Estampillé garde des Sceaux

A pas plus feutrés, mais inexorablement, un autre et éphémère garde des Sceaux s’apprête à affronter le verdict des juges. Un mois et quatre jours après sa nomination, François Bayrou, dût en effet démissionner, accusé de complicité et détournements de fonds publics européens au bénéfice de l’UDF et du MoDem. Mauvais résultats électoraux, assèchement des ressources, comment ne pas réagir et orienter les assistants et les subsides parlementaires de l’U.E, vers les tâches nationales du parti, et remonter la pente aux frais de la princesse. L’allié inconditionnel d’Emmanuel Macron est aussi sur la sellette et le Haut Commissariat au Plan, dont il a généreusement hérité après son départ, tremble à l’idée de perdre le fer de lance de notre révolution industrielle et technologique, celle en charge de préparer la France de 2030 ! Bon, entre la mairie de Pau, sa communauté d’agglomération et son élevage de chevaux, « l’immortel » béarnais n’a guère fait décoller la fusée France, mais il gère un budget annuel de 15 millions d’euros et une centaine de collaborateurs. On peut compter sur lui pour utiliser à bon escient notre bien commun. Pour l’anecdote, auprès de lui, dans un des boxes (des accusés et non des pur-sang) siégera solidairement son ancien trésorier, un certain Michel Mercier, déjà condamné pour l’emploi fictif de sa femme et de sa fille. Et devinez à quel ministère a exercé ce filou pincé ? Tiens donc, à la justice, sous la mandature de… Nicolas Sarkozy ! Mais, ce n’est pas tout. A nos trois mousquetaires de la comparution vient se greffer, en novembre, un petit dernier, un d’Artagnan, inattendu et pudique ministre du Travail. Pour quelque histoire d’eau, il aurait succombé aux charmes de la grande Saur, lui accordant ses faveurs dans l’attribution d’un marché public sur sa commune d’Annonay. En guise de dot, Olivier Dussopt aurait reçu quelques lithographies de Gérard Garouste, artiste dont des oeuvres et des décors ornent la maison mère, le palais de l’Elysée. Si les montagnes ne se rencontrent pas, nos grands ténors se fréquentent dans les orbites vaporeuses de la politique, école parfois supérieure de l’entregent et de la carambouille raffinée et courtoise.

Georges Chabrier

Commentaires 14

  1. Florentais says:

    Bonsoir. C est bien le camp du bien qui a été soutenu comme front républicain ? Je me marre.
    L etat français qui utilise les paradis fiscaux pour son intérêt personnel. Et Macron qui a placé son argent sur une île anglaise, on en parle ???

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  2. Marie Ménagé says:

    Et oui, nos élus devant protéger nos interets et gouverner au mieux la France??? de quoi s interroger???

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  3. Ray Flection says:

    « (…) dont il pourrait bien partager la gloire descendante ». Comme on aimerait ! mais, dans une république de copinages…

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  4. Moralité says:

    Comprenez vous maintenant pourquoi le gouvernement Macron est détesté ….. ! Dépenses faramineuses, lois détournées…., 49/3 appliqué pour tout et n’importe quoi……. ! Enfin… bref un gouvernement de M..de ……

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  5. VLADY BOISSIN says:

    Tous pourris jusqu à la moelle …….Pas un pour rattraper l autre… de l extéme gauche , à l extréme droite , il n y en pas beaucoup d honnétes …. je suis dégouté.. inégibilité à vie pour un politique qui magouille et condmnations multipliés par deux… ils sont censés donner l exemple non ?

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  6. Cebenvrai says:

    Actuellement les politiques n’apportent que division. Comment peut-on chanter l’internationale quand dans un même parti on n’est pas capable de donner l’exemple et faire l’union pour le bien-être du pays. Voyez la Nupes. Nos politiques ne pensent qu’à faire parler d’eux oubliant leur rôle. Etalez élus, plus vous etalez, moins la couche est épaisse.

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  7. Et nos chers élus de Saumur !!!??? says:

    Et Goulet qui a tous les pouvoirs ne pourrait il pas être poursuivi pour ne pas protéger les habitants de Bagneux des nuisances de l’avion des parachutistes !!??

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  8. Bruneau says:

    A elle est belle la macronie. Tous ces ministres ont des casseroles. A l’étranger quand les ministres font des écarts ils sont virés et ne réapparaissent plus en France c’est tout le contraire ils restent! Chercher le problème ?

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  9. Francis Prior says:

    De schémas en caricature on met tous dans le même sac, on le jette à la rivière et puis on regrette la démocratie. D’abord ces personnes ne sont pas encore jugées. Ensuite leur situation n’a rien a voir les unes avec les autres. Enfin on est souvent plus sévères avec les autres qu’avec soi même. Combien de travail au noir, de prestations sociales usurpées, d’arrêts maladie de complaisance??

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    • Vlady Boissin says:

      Monsieur Macron avait déclaré en 2017, qu un ministre « mis en examen » devrait démissionner. Pourquoi donc n appliqué t il pas ce qu il a déclaré en 2017. C est pourquoi je dis et redis qu ils sont (presque )tous pourris.

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    • Alain Juret says:

      Je trouve votre comparaison un peu déplacée, comparer un homme politique qui profite de sa position pour magouiller avec une personne lambda qui fait du black pour arrondir ses fins de mois pour avoir un peu plus. Et si il fait du black c est qu un patron malhonnête l embauche, non?

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  10. @Chabrier says:

    Ah Monsieur Chabrier, on la sentait bien venir la grosse ficelle du « tous pourris ». Heureusement qu’il y a vos amis de LFI pour remonter le niveau. Monsieur Mélenchon, dit « la république c’est moi », est un bien connu pour être un grand respectueux de la justice. Et on ne parle pas de la blanche colombe, l’irréprochable Madame Mélenchon-Chikirou!

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    • Une omission sans doute... says:

      Effectivement, M. Chabrier a bien omis mais volontairement bien sûr de nous faire un édito sur le scandale Chikirou et son prince Mélanchon méprisant, arrogant, indigne et pas charmant du tout.

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  11. Perplexe says:

    Et localement aussi, il me semble qu’un élu, Maire et vice président de l’agglomération, attende aussi le verdict…

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