L’édito du Kiosque : Nouvelles législatives : potes et popote

La campagne pour les élections européennes avait mis en appétit une classe politique en quête de calories stimulantes. Les salades parlementaires du printemps, composées pour l’essentiel d’échauffourées indigestes, pimentées par les boucheries de Palestine et d’Ukraine, nourrissaient l’essentiel de son agenda.  Exception faite pour ses meilleurs convives mobilisés à peaufiner l’ultime recette pour mener à bien notre de fin de vie, la loi d’orientation agricole ou la fusion de l’audiovisuel public. Las ! patatrac, Le président Macron a mis les pieds dans le plat, renversé la table, et renvoyé les chefs et leurs brigades dans leurs labos de gastronomes.  Les résultats calamiteux de son parti avaient eu raison… de sa raison, faisant fi de tout ménagement et de décence à l’endroit des siens, en premier lieu, et de l’ensemble de parlementaires estomaqués par la brutalité de la chute. Le monde des médias, les analystes et grands consultants de la chose politique ont mangé leurs chapeaux, indisposés eux aussi par l’aigreur de l’annonce. Seule bonne nouvelle dans cette orgie d’étonnement, la trêve médiatique instantanée des images des fronts, des guerres pétrifiées par la fièvre intestine virale de notre ébahissement. L’Assemblée nationale est désormais dissoute dans le flot roulant d’actualités qui gonflent au chant des casseroles brandies par les partis percutés, désunis et déchirés par les trahisons, les félonies. Les législatives programmées en fin de mois excitent spontanément de nouvelles fringales en vue du banquet final, de la manne nourricière proposée aux vainqueurs.

Survivre, exister, prospérer ou régner

Et pour gagner, il faut s’unir ou se désunir, avaler des couleuvres indigestes, médicamenteuses, de force à modifier le cours consciencieux des engagements, la loyauté et la vertu de la parole annoncée et promise. Dans une séquence peu glorieuse pour notre représentation, renforcée par l’urgence de la situation, les masques tombent et s’affichent des prétentions parfois voilées, souvent cachées de ceux qui, coûte que coûte, souhaitent survivre, exister, prospérer ou régner. Comme Eric Ciotti l’incendiaire qui a mis le feu aux poudres républicaines, ou Marion Maréchal, en divorce avec sa famille pour rejoindre… sa tante, laissant derrière son pote Zemmour fumant, blessé et écoeuré. Quant à Mélenchon, mentor d’un quarteron d’Insoumis indignes, il a suffisamment capitalisé dans ses outrances pour circonscrire les limites de son dessein, chez les siens comme dans un Front populaire en construction pour rétablir une gauche rangée dans la bataille contre le favori confirmé par les urnes, le Rassemblement national. Malgré la vague ascendante de l’électorat de Marine Le Pen et l’apparent déséquilibre des forces, la partie n’est pas jouée. Il lui faudra trouver des représentants qui n’existent pas sur l’ensemble du territoire et calmer les ardeurs de quelques « Artabans » libérés par les senteurs du succès. Un feu trop violent n’annonce pas souvent une bonne cuisine, celle qui inspire, donne envie, celle qui fait que les choses ont la saveur de ce qu’elles sont.

Georges Chabrier