La vie est belle. Si l’on excepte bien sûr l’incandescence de notre planète qui se consume des cataclysmes en tous genres, naturels ou guerriers, la vie est belle. Il faut y croire, si l’on aspire encore au bonheur d’être bien logé entre des murs isolés, attiédis par une pompe à chaleur rayonnante. Elle devient douce, même, après dîner, au sortir de sa cuisine Mobalpa, quand on s’installe confortablement sur un Poltronetsofà bolognais devant le grand écran HD-tv high-tech 4K qui va nous propulser vers les étoiles, dans l’imaginaire d’Avatar. La soirée, aussi, promet d’être belle, mais il est tôt, le temps encore de retrouver son JT, son magazine coutumier entrecoupé d’un tunnel interminable de publicités sirupeuses, contributives sans restriction à nos extases. Comment s’imaginer alors que quelques aléas lointains puissent ébranler la placidité de nos desseins tant les banques, les mutuelles, les assurances, les vendeurs en tous genres, de crédit, de téléphonies, d’automobiles ou autres friandises, nous garantissent d’un contentement béat, presque éternel, connecté avec un futur tout tracé, simple. Le message est lumineux, il nous faut répondre docilement aux chants des sirènes pour accéder au paradis, sitôt l’intervention altruiste, obligée et low cost de Roc Eclerc, accomplie ! Toujours et encore « là pour nous », décidément, le sémillant Charles-Edouard ! Jusqu’à présent, donc, tout va bien, la petite musique des réclames défile en filigrane de notre attention soudainement captée par une voix dissonante, la voix grêle d’un enfant. Ciel, le temps de réagir, entre Mac Do et Carglass, un trublion institutionnel nous impose l’affligeante réalité d’un monde bien moins désirable. La voix s’est éteinte, trop rapidement, remplacée par la sentence glacée de données statistiques terrifiantes : « Toutes les 3 minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle ».
Le 119 pour alerter
En 2022, 723 000 naissances ont été recensées, 160 000 victimes, filles ou garçons de tous âges, de tous milieux sociaux, ont été dénombrées, soit 1 toutes les 3 minutes, dans le bruit étouffé de leurs cocons intimes. « Il m’a dit c’est notre petit secret. Rien qu’à nous deux », pourtant d’autres savent, beaucoup se terrent dans un silence coupable, condamnable, trop répandu. Comme si cette descente vers les enfers bénéficiait du mutisme complice de foyers fusionnels où règnent la confusion, la perversité, hors de vue, hors de la société. Le sentiment de honte, d’horreur ne pèse sur les protagonistes des violences qu’au jour de vérité, quand les atrocités sont démasquées, quand la justice est saisie et entreprend d’avérer la culpabilité des prédateurs. Le mal est fait, profond, entraînant une kyrielle de séquelles physiques et psychologiques dont les victimes ne pourront se départir qu’au prix d’extrêmes souffrances. Les gouvernements successifs ont musclé l’arsenal juridique pour punir ces crimes complaisamment ignorés par la loi d’un silence qui se brise mollement, indiciblement sur l’étoc de résurgences morbides entretenues dans les bas-fonds de l’âme humaine. L‘ampleur de ce phénomène ne se dément pas, malgré les efforts des institutions, la mise en place de moyens pour détecter et alerter, via une ligne ouverte pour les enfants en danger : le 119. Sa publicité est faite et très bien faite, troublante, saisissante et dramatique, puisse-t-elle nous faire consommer un élixir d’humanité, d’amour et de respect pour les enfants.
Georges Chabrier
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Commentaires 1
G. Chabrier réprouve les interminables publicités faites pour nous endormir mais en même temps il cite plusieurs entreprises en faisant leur publicité! Où est la logique? Des royalties peut-être?
La seule chose vitale est de composer le 119 en cas d’enfance en danger.