L’Edito du Kiosque : Eaux troubles et mauvaises herbes

Les alertes se multiplient sous le dédain inquiétant des décideurs immunisés par le bouclier du suffrage universel. « Le combat du siècle », celui pour l’écologie prôné par les gouvernements prend des allures de croisades contre ceux-là mêmes qui portent le message. Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut entendre. Pourtant, le temps presse et la Terre gronde.

En novembre dernier, le destin de Yousra et Sarah Mardini a fait l’objet d’un merveilleux biopic consacré à l’exil, le déracinement choisi de deux jeunes athlètes en partance pour l’Europe afin de fuir la guerre civile syrienne. Nageuses émérites, ces deux sœurs, entament un sinistre périple à travers le Liban, la Turquie, pour franchir la mer Egée et atteindre le Graal, l’île grecque de Lesbos et la certitude de rejoindre des proches installés en Allemagne. Trahies, dépouillées de toutes ressources par de criminels passeurs, elles embarquent sur un canot rafistolé et surchargé qui sombre lentement dans l’obscurité d’une nuit sans fin. Pour survivre, il faut écoper, se délester de l’inutile, de rien, s’entraider et croire. Croire dans sa détermination à vivre, pour soi, pour les autres et se sacrifier, comme Yousra et Sarah se jetant à l’eau pour soulager et accompagner la barque en perdition. A l’image des perciformes, ces poissons pilotes accrochés aux grands prédateurs marins, elles assisteront l’improbable convoi jusqu’à la plage. Cet eldorado tant convoité que des dizaines de milliers de réfugiés n’atteindront jamais, ensevelis dans les eaux bleues de la Méditerranée.

Indifférence et apathie

La tragédie du naufrage du bateau de pêche au large des côtes de Kalamata nous rappelle à la triste réalité d’une actualité morbide qui perdure au-delà de toute raison. Les ONG sont démunies et plaident, à juste titre, pour une politique concertée du sauvetage en mer portée par les Etats. L’Europe a su créer Frontex pour surveiller ses frontières extérieures, peut-être devra-t-elle enfin se mobiliser pour affronter un problème majeur auquel elle sera toujours plus confrontée. Entre les guerres et les effets du réchauffement, les afflux de population vont croître au rythme des convulsions dont on s’émeut de bonne grâce, dont on oublie hypocritement la prégnance, l’urgence. « Face à un grand problème, c’est l’indifférence et l’apathie qui font problème » écrivait Marcel Proust. Longtemps allons-nous nous coucher de bonheur, nous endormir, fermer les yeux sur des évidences que la bienséance et le calcul politique contraignent. Les bouleversements climatiques menacent chaque jour davantage les équilibres de la planète sans pour autant peser sur des prises de décisions drastiques, indispensables pour endiguer l’hémorragie. Le message de l’écologie dérange, effraie ceux dont le marqueur reste figé sur l’économie des marchés, l’imposture d’un progrès qui ne se fera pas sans les ambitions et les moyens appropriés.

Radicalisation

Face à l’inopérance des alertes et des débats, la surdité de décideurs sous influence des très puissants lobbies, la contestation tend à se radicaliser. L’épisode de Notre-Dame-des-Landes a laissé des cicatrices, réveillées lors des affrontements des méga-bassines de Sainte-Soline et, plus près de nous, ceux de Savoie, liés à la ligne TGV Lyon/Turin. Les frustrations se multiplient, ravitaillées par les échecs successifs du débat démocratique. La très médiatisée convention citoyenne pour le climat a accouché d’une souris, la réforme des retraites est passée en force, dans la douleur, sans anesthésier la grogne larvée des déshérités. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur entend dissoudre « Les Soulèvements de la Terre », un collectif en marche, rassemblement national en reconquête d’horizon pour la renaissance de la planète. Le nombre de ses sympathisants s’étoffe pour atteindre désormais plus de 130 000 signataires parmi lesquels des intellectuels, nombre d’agriculteurs, des associations, des fédérations (Confédération paysanne), des politiques, autant « d’écoterroristes » déclarés par Gérald Darmanin. Le locataire de la place Beauvau a du pain sur la planche pour éradiquer la mauvaise herbe envahissante. Mais l’interdiction d’utilisation de l’herbicide miracle du géant Monsanto, le glyphosate, n’est toujours pas prononcée.

Georges Chabrier

Commentaires 13

  1. Bagneux, le défouloir des parachutistes says:

    Alors M. Goulet, je suppose que vous profitez ce cette belle matinée pour serrer les mains au marché .
    Ici à Bagneux, c’est la fête au dessus de nous depuis 9h00 du matin. L’avion des parachutistes s’éclate. Et c’est insupportable.

    Mais continuez à serrer les mains, cela est bien plus simple.

    Répondre moderated
  2. Hélène de la Closeraie says:

    Merci Monsieur, je m’associe pleinement à vos remarques justifiées. En effet en ce dimanche matin dès 9 H. l’avion est reparti pour des rotations tout au long de la journée avec son lot de nuisances :pollution de l’air alors que la qualité est médiocre plus bruit permanent au-dessus de nos têtes tout à fait insoutenable ! Devrons-nous quitter notre lieu de vie florentais pour vivre dans le calme ? J’aimerais que les élus prennent enfin conscience de cette réalité !

    Répondre moderated
  3. C'est infernal au dessus de Bagneux ! says:

    Les parachutistes règnent en maître au dessus de Bagneux : survol non stop, piqués incessant !
    On va oublier M. Neron. Mais vous M. Goulet vous êtes responsable de ce bruit insupportable que subissent les habitants de Bagneux.
    Alors quand allez vous intervenir !

    Répondre moderated
  4. C'est génial says:

    Bonjour. très beau ces parachutes de toutes les couleurs. Ces montgolfières. Ces planeurs etc…Une belle distraction pour les invités… Longue vie à l’aérodrome.

    Répondre moderated
  5. Que comptez vous faire M. Goulet ? says:

    Je m’associe pleinement aux commentaires précédents ! Ce bruit permanent de l’avion des parachutistes est insoutenable. Un tel laisser-faire des élus et en premier lieu de M Goulet est inadmissible et un manque total de respect pour les habitants.
    Pour rappel, M. Goulet VOUS êtes l’exploitant de cette aérodrome et donc responsable de l’usage qui en est fait !

    Répondre moderated
  6. Stéphane says:

    Toujours le même baratin complotiste des Facho-colo. qui voit la fin du monde pour demain ! La terre a 4,5 milliards d’années !!! Des réchauffements, des refroidissements, des tremblements, des éruptions de volcans, elle en a subit des milliers et elle est toujours là ! C est sont évolution normale qui modifie le climat. Alors raconter que la terre va mal à cause des humains est une remarquable imbécilité ! Suite au message suivant

    Répondre moderated
  7. Stephane says:

    Suite: Sauf pour les capitalos qui en ont profité pour changer leur modèle économique et nous inventer des produits à fortes valeurs ajoutées ( donc gros bénéfices ) comme les voitures électriques ! Conclusion : Les fâcho-colo sont à la solde des capitalos pour augmenter leur marges et c est nous qui payons ça ! Notre pouvoir d’achat s’effondrer chaque jour un peu plus ! Et tous ça à cause d’un GROS mensonge complotiste !!!

    Répondre moderated
  8. Hélène de la closeraie says:

    Longue vie à l’aérodrome…non merci ! Quand ce sont les citoyens qui participent financièrement à sa gestion et que, pour diminuer la contribution de la ville, M. le Maire, dans son bilan de mi-mandat, met en avant une stratégie écologique illusoire : l’implantation de panneaux photovoltaïques sur une portion de cet espace…qui permettrait la sauvegarde de ce site, on croit rêver…l’écologie a bon dos…! Qu’en est-il du bilan carbone et de la qualité de vie des riverains ?

    Répondre moderated
  9. Vicomte says:

    Je partage totalement le fond de cet édito.

    Quand aux sempiternels commentaires sur les parachutistes qui empoisonnent la vie des habitants de Saint-Hilaire et Bagneux, j’aimerais bien savoir si ceux qui râlent se sont installés avant ou après la création de l’aérodrome et de l’école de parachutisme. S’ils sont arrivés après, ils avaient moyen de connaître les éventuels désagréments liés au Pilatus (qui cela étant dit fait moins de bruit que la circulation automobile).

    Répondre moderated
    • ACM49 says:

      Je vis à Bagneux et vois toute la journée tomber des parachutes et honnêtement (moi qui déteste le bruit des motos et scooter) le bruit est tout à fait supportable ( je fais la sieste fenêtre ouverte sans aucun problème). Après il est vrai que c’est un loisir peu compatible avec le respect des accords de Paris. Mais les râleurs du Kiosque sont ils tous des adeptes de la marche et du vélos ? Pas sur …

      Répondre moderated
  10. citoyen says:

    @stephane: bravo: vous avez raison: le terre est plate, Hitler est toujours vivant en Amérique du sud, il n’y a pas eu d’attentats en 2001 (revendiqués cependant)…. etc. votre vie est passionnante

    Répondre moderated
  11. Florentais says:

    Bonsoir. Monsieur Chabrier vous parle de naufragés, d ecologie et vous ?
    D aérodrome ?d avions qui font du bruits?
    Vous croyez tous au camp du bien contre le camp du mal. Du pour comme du contre. Vous voulez sauver les baleines mais vous supportez pas le chien de votre voisin…..pfffff

    Répondre moderated

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les commentaires sont limités à 500 caractères.
Le Kiosque renforce sa veille : Les commentaires ne seront pas corrigés. Ceux comportant des mots grossiers ou portant atteinte à l'intégrité des individus n'étant pas publics ne seront pas publiés. La courtoisie n'empêche pas la libre expression, nous vous rappelons aussi que le débat s'enrichit d'idées et non de critiques aux personnes. Vous pouvez aussi nous adresser un article, une réflexion, une pensée,... que nous publierons en courrier du lecteur.
Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?