Si vous êtes habitant ou si vous êtes promeneur, il est impossible que vous ayez raté la couleur dominante des rues de la ville, si typique de la région. Elle est due à l’exploitation et à l’usage d’une roche locale dont les vertus sont nombreuses : le tuffeau. Le nom de cette pierre provient du latin tofus qui signifie “pierre spongieuse”. En réalité, le tuffeau est une sorte de craie, friable et très aérée, dont la porosité est importante. Le fait que cette matière soit notamment légère explique qu’elle ait été largement utilisée durant toute la Renaissance jusqu’à nos jours pour ériger le patrimoine que de nombreux touristes de la planète entière viennent admirer dans le Saumurois et en Touraine. Mais le tuffeau avait un avantage indéniable qui n’est pas forcément lié à sa nature géologique mais plutôt à ses zones d’exploitation. En effet, les carrières d’extraction étaient principalement concentrées le long de la Loire ou des rivières connectées, ce qui permettait de les acheminer par voie fluviale à bord des gabares et ainsi de les livrer à toutes les communes et tous les chantiers que le fleuve abreuvait. La pierre est solide, abondante, facile à tailler, elle devient donc absolument incontournable et se démocratise pour tous types de constructions en dehors des travaux monumentaux autour des châteaux et des cathédrales.
Mais ce qui fait sa force fait aussi sa faiblesse, car qui dit porosité importante dit aussi que le tuffeau capte très facilement l’eau. On pourrait donc croire que cette roche est idéale, car cette capacité à absorber l’eau lui donne un rôle de climatiseur naturel durant l’été lorsque les chaleurs font s’évaporer l’humidité qu’elle contient, mais l’alternance poussée d’épisodes pluvieux puis chauds rend la structure plus fragile. Vous l’avez sans doute déjà constaté, les pierres de tuf s’effritent facilement. Ce patrimoine unique doit donc être constamment surveillé et renforcé quand cela est jugé nécessaire. Mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle lorsque l’on découvre pour la première fois (et toutes les autres ensuite) ces villes centenaires reflétant la chaude lumière du soleil le long de l’eau ? Et puis… sans l’exploitation de cette pierre, il n’y aurait sans doute pas ces milliers de kilomètres de galeries souterraines dont les vignerons se servent pour créer leurs grands crus, ou les sublimes habitations troglodytiques qui donnent tant de caractère à notre région.
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