Le saviez-vous ? Le rimiau, cet art bien local

Il y a quelques semaines, j’évoquais ici même dans cette rubrique culturelle le vocabulaire parfois chantant typique de notre région. Ces mots nous sont parvenus grâce à un art bien de chez nous particulièrement prolifique, dont la forme n’est pas sans rappeler celle plus classique du poème en vers : le rimiau.
La fenaison - Léon-Augustin Lhermitte - La Collection Mesdag, La Haye, Musée Van Gogh, Amsterdam (Fondation Vincent van Gogh)

Pas évident de dater avec précision la naissance de cette écriture à mi-chemin entre le parler quotidien et la rime, cette sorte de lyrisme de campagne fortement ancré dans la vie réelle du paysan. On retient surtout trois noms de poètes patoisants et le plus ancien est né en 1874. Une poésie pas si lointaine donc qui nous permet encore aujourd’hui d’avoir un témoignage de ce que pouvait être un dialogue entre deux personnes à l’époque. Marc Leclerc, Charles Antoine et Émile Joulain sont les trois grands faiseurs de rimiaux. Mais concrètement, les rimiaux, de quoi ça cause ? De tout et de rien, de ce qui constitue la vie, des ragots, des histoires, des rumeurs, des amourettes, de la pluie et du beau temps. Les sujets des rimiaux sont profondément enracinés dans ce que les gens vivent et expérimentent dans leur patelin, loin donc des thèmes romanesques. Cette tradition locale s’est quelque peu exportée chez nos voisins directs, on trouve des résonances dans le pays tourangeau ou encore en Loire-Atlantique. S’il vous fallait une preuve de l’attachement des Angevins à leur langue, sachez qu’Émile Jourdain a tenu une chronique dans le Courrier de l’Ouest mais également à la radio, jusqu’à recevoir en 1987 la palme des Arts et des Lettres.

Vous pouvez retrouver assez aisément des compilations de ces poèmes en ligne ou en version brochée dans le commerce. Et puisque les grands défenseurs de la langue locale ne sont plus, il apparaît d’autant plus important aujourd’hui de rappeler la richesse culturelle de nos régions. Bonne lecture !

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