Les origines de la boule de fort sont bien ligériennes mais il est presque impossible de dater avec précision l’apparition de cette activité physique, il existe des légendes plus ou moins fantaisistes qui tentent d’expliquer son invention sans que nous disposions d’éléments tangibles pour l’attester. Tantôt, cela aurait été du fait des mariniers de Loire qui se seraient servis du fond incurvé de leurs gabares pour jouer, tantôt ce seraient les prisonniers chargés de creuser le long du fleuve pour bâtir la levée… Dur à dire, mais la première trace écrite de ce sport typiquement ancré dans la région remonte au XVIIe siècle, notamment en 1691 où Émile Joulain, un poète de Mazé, décrit le “fort” de la fameuse boule asymétrique, c’est-à-dire le côté le plus lourd où le bois est plus dense. Très fortement ancré en Anjou, ce jeu va déchaîner les passions des locaux et le XVIIIe siècle va voir l’émergence de sociétés de pratiquants, exclusivement masculines. Si les communautés de joueurs se sont étiolées avec le temps, la boule de fort est inscrite au patrimoine culturel immatériel français.
Comment joue-t-on ? Sur le papier ce n’est pas complexe, mais sur le terrain c’est une autre chanson. Il faut disposer d’un terrain concave de 20 m de long pour 6 m de large. Le but est d’approcher le plus possible sa boule d’un cochonnet, appelé “maître” en utilisant deux particularités qui rendent les tirs techniques : l’inclinaison des deux pentes sur le côté du terrain, ainsi que le déséquilibre volontaire de la boule. En effet, la boule de fort possède un côté plus léger que l’autre, ce qui l’empêche de rouler droit, il est donc nécessaire d’user de l’inclinaison de la piste pour ajuster une trajectoire. La boule zigzague alors dans la gouttière et finit par s’échouer près de l’objectif. Une partie se joue en dix points et l’un des aspects assez singulier de ce sport est son rythme particulièrement doux. On y joue en pantoufle et rien ne presse entre deux lancers de boule. Comme pour la pétanque, on retrouve les tireurs qui cherchent à dégager les adversaires, et les “rouleurs” qui eux veulent s’approcher du maître.
Cette activité perdure grâce aux passionnés des sociétés qui maintiennent cette tradition locale. Et mesdames, si l’envie vous en prend d’essayer, sachez que vous êtes aussi les bienvenues depuis un bon moment sur la piste.
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