Le Kezako du Kiosque : Remaniement ministériel, la valse à mille temps

La sphère politique est un monde à part qui fonctionne avec ses propres lois, pas toujours évidentes à comprendre. Tels des épisodes d’une série télévisée, la vie de nos élus est parfois animée dans le décor qu’est l’Assemblée nationale. Nous entendons régulièrement parler de remaniement ministériel, mais concrètement, kezako ?

Organisation du pouvoir

Avant d’évoquer en tant que tel ce phénomène, il est important de revenir sur les bases, c’est-à-dire comment se constitue le gouvernement français. Vous le savez, il existe trois pouvoirs qui cohabitent (législatif, exécutif et judiciaire). Celui qui nous intéresse est l’exécutif, soit celui qui s’occupe de l’application des lois. Dans notre pays, il est partagé entre le Président, élu par le peuple, et le Premier ministre, nommé par le Président. La conduite de l’État est ainsi divisée en grands ensembles, les ministères, ayant chacun à leur tête, un ministre, nommé conjointement par le Président et le Premier ministre. Du moins, il s’organise ainsi depuis la constitution de la Ve République (l’article 20, de 1958). Sous le régime de la Monarchie absolue, les ministres étaient chargés d’assister le Roi et étaient nommés par ce dernier, comme une sorte d’extension du pouvoir divin. Leur fonctionnement a été modifié avec la Révolution française puisqu’en 1792, sous la Première République, les ministres rendaient des comptes aux députés de l’Assemblée nationale dont ils dépendaient. Sous les deux périodes impériales du XIXe siècle, ils ont retrouvé leur rôle de renforcement du pouvoir central mais se sont globalement modernisés pour mieux répondre aux évolutions sociétales. Depuis, le nombre de ministères a augmenté de sorte à couvrir de manière plus précise les nouvelles causes ; on en dénombre 16 depuis 2019. Pour autant, si la structure du gouvernement est assez figée, les changements internes sont légions ; entre les démissions ou l’impopularité de certaines personnes, il est d’usage d’opérer à des modifications de poste.

Chaises musicales

Le remaniement (gouvernemental ou ministériel) est une modification partielle ou totale des effectifs qui constituent les ministères. Cet acte a notamment lieu lorsqu’un ministre démissionne ou est renvoyé. Parfois, le gouvernement y a recours pour induire un changement de dynamique, notamment auprès d’une opinion publique moribonde. Il n’est alors pas rare de voir certains ministres tout simplement être transférés d’un cabinet à un autre pour combler les manques, quitte à ce qu’un même ministère voit passer en l’espace d’un quinquennat un nombre conséquent de candidats. Exemple révélateur : au cours du gouvernement d’Elisabeth Borne (20 mai 2022 – 8 janvier 2024), le ministère de la Santé a vu se succéder quatre ministres, dont certains pour à peine quelques mois (comme Brigitte Bourguignon de mai 2022 à juillet de la même année). À l’inverse, certains postes semblent immuables, comme celui occupé par Bruno Le Maire depuis la première investiture d’Emmanuel Macron en 2017 (soit presque 7 ans désormais). Malgré les gouvernements successifs d’Edouard Philippe, de Jean Castex et d’Elisabeth Borne, il est resté aux rênes du ministère de l’Économie. En d’autres termes, il n’y a pas de règles absolues en la matière, il s’agit avant tout de répondre à un agenda politique précis, d’autant qu’il apparaît complexe de lancer de grands chantiers si la personne à la tête du projet change constamment. Nous sommes cependant bien loin de ce que pouvaient être les remaniements durant la IIIe République où, pour en citer quelques occurrences, les ministres se succédaient parfois à un rythme effréné (12 pour l’Agriculture ou même 16 pour la Santé sous l’administration d’Albert Lebrun).

Stratégie de contournement ?

Le remaniement ministériel reste un outil de communication important auprès des Français. Il peut symboliser une prise de conscience du gouvernement lorsque les mesures de ce dernier sont extrêmement mal acceptées par la population ; ou alors être le reflet d’une incapacité à trouver une solution pérenne à un problème de fond, comme les chantiers inextricables de l’Éducation nationale et de la Santé, en crise depuis des années (vétusté des installations, manque d’effectifs et de financements, etc.). Certains conçoivent cette démarche positivement, considérant le gouvernement prêt à écouter les doléances, d’autres le perçoivent davantage comme une manière de noyer le poisson. Ce n’est pas pour rien que l’expression “fusible” est régulièrement employée dans les médias par les commentateurs lorsqu’un ministre saute, comme si la démission – ou le renvoi – d’un membre du gouvernement avait la capacité de dédouaner le reste de l’équipe exécutive. Quoi qu’il en soit, les remaniements ministériels existent depuis toujours et reflètent d’une certaine manière que rien n’est figé dans le marbre en ce qui concerne le régime démocratique, que personne n’est irremplaçable. Et probablement un peu qu’il est difficile d’imaginer qu’une personne puisse assumer le poids de tout un pan de la société à elle seule.

Le remaniement défend l’idée du renouveau en politique ; qu’il soit nécessaire ou stratégique, il demeure un outil essentiel au bon fonctionnement d’une république.

Hugo

Commentaires 13

  1. CHERS DIRIGEANTS …………….DU PEUPLE qui se meurt !!!!!! says:

    Tout ce monde d’incompétents , de voleurs , menteurs , racketteurs , spéculateurs et j’en passe ……sont des NUISIBLES du peuple…… mais le plus triste c’est l’argent qu’ils nous bouffe…. Plus de 45000€ pour ne plus voir la tête de la 1 ère grand mère Borne , c’est du RACKET sur le dos des Contribuables….

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    • pascal says:

      Ce n’est pas d’hier et je ne vais pas vous surprendre en vous disant que cela va continuer…

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    • BOUET Joël says:

      « Tout ce qui est excessif est insignifiant »
      Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord

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    • ras le bol des raleurs says:

      ah la critique toujours la critique, mais qu’attendez vous pour vous présenter au moins aux municipales de votre ville et vous verrez.. croyez vous que les salaires de certains sportifs largement supérieurs à 45000 euros ou celui des fraudeurs de la caf ou du chômage sont plus acceptables!!! il n’y a que le travail qui paie mais il faut du courage !!!

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  2. VLADY BOISSIN says:

    France Info parle de Rachida Dati au ministére de la culture , j ose espérer que c est une blague..

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  3. Raminagrobis says:

    Les sinistres du déficit, de l’injustice, et de l’insécurité sont reconduits. Voilà ce que change le gamin .tout ça pour ça.
    C’est une vraie mafia. Le changement c’est pour le peuple :retraite, inflation,taxes,disparition des services publiques etc….écœurant.

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  4. Vlady Boissin says:

    A droite toute , Dussopt dehors après sa loi sur les retraites , un ministre nommé qui se trouve être le compagnon du premier ministre, Rachida Dati à la culture..Macron n est jamais tombé aussi bas.

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    • @Vlady Boissin says:

      Ex compagnon, il faut se renseigner avant de propager des fake news, ou quand l’aigreur prend le pas sur la raison.

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  5. don quichotte says:

    qui a viré Albert Lebrun après son élection ?

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  6. Florentais says:

    Bonsoir. Vous êtes vraiment méchant. C est le camps du bien qui a été élu?! Voyons il est où le problème?! Éteignez la radio et vos tv vous tous, là commencera le changement.
    Pas avant !

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  7. AU MOINS C'EST CLAIR ! says:

    Si vous êtes en difficulté financière, souhaitez vivre décemment de votre travail, êtes non raciste, écolo, respectueux des autres et de leurs différences…vous savez maintenant qu’il y a 4-5 partis politiques de Droite et donc une seule voie à privilégier la Gauche ! Sinon c’est du masochisme

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