Initialement, le temps ne subissait aucune altération, qu’importe l’époque, les minutes et les heures se suivent invariablement de jour comme de nuit. Mais avec l’évolution de nos modes de vie, certains ont commencé à s’interroger sur comment mieux faire coordonner notre utilisation de l’énergie avec nos habitudes, en dépit de la luminosité solaire. L’idée germe alors d’une “heure d’été” au XVIIIe siècle dans la tête d’un homme au nom bien connu : Benjamin Franklin. En ces temps-ci, où la société est encore largement agraire et soumise à la course du soleil, la théorie du savant américain ne rencontre guère d’adhésion, d’autant qu’il la présente sur un ton emprunt d’ironie. Il faut concrètement attendre l’avènement de l’électricité générée par le charbon pour que les nations européennes ne s’intéressent à nouveau au sujet. Dès lors, économiser une heure de consommation de charbon en été pour se passer plus rapidement de l’éclairage public séduit largement la société allemande en 1916. Premiers à sauter le pas, ils sont rapidement rejoints par les Anglais et les Français, ainsi que par les Etats-Unis – instigateurs initiaux – courant 1918. Il est vrai qu’au cours du XIXe siècle, les sociétés modernes occidentales ont entrepris d’harmoniser leurs territoires, ceci notamment rendu possible par le maillage ferroviaire. Le transport supportant mal les retards et les approximations temporelles, c’est aussi à ce moment-là, en France, que l’heure de Paris est devenue l’heure nationale (car il y avait jusque-là un différentiel d’une cinquantaine de minutes entre l’Est et l’Ouest).
Uniformisation et crises
L’heure d’été en France a changé à plusieurs reprises à cause des affres de l’Histoire. Durant la Seconde Guerre mondiale, la partie occupée prend l’heure allemande. En 1945, le gouvernement provisoire la supprime mais recule d’une heure le temps pour retrouver l’unité sur le territoire. Il faut attendre le premier choc pétrolier en 1973 pour que la question des économies d’énergie refasse surface. Aussi en 1976 est rétablie définitivement l’heure d’été. Dans ce même souci d’harmonisation des territoires, l’Union européenne se dote de dates pour encadrer ce phénomène temporel, et chaque nouveau pays membre adopte, de facto, le système d’heures légales : du dernier dimanche de mars jusqu’au dernier dimanche d’octobre. La volonté est bien de mieux réguler l’usage des appareils électriques et énergivores en tentant de calquer l’activité humaine sur le cycle solaire, en retardant donc le lever des travailleurs pour que ceux-ci n’aient, par exemple, pas besoin d’allumer la lumière à cause de l’aube déjà présente aux alentours de 5h30-6 heures. Pour le soir, même calcul, si le soleil se couche plus tard, alors on attendra un peu plus longtemps avant d’allumer la lumière. Mais dès le début des années 2000, de nombreux pays abandonnent progressivement le changement d’heure, si bien qu’aujourd’hui, une grande majorité des Etats n’en fait plus usage. Ce phénomène résulte de controverses et de résultats contestés et contrastés des supposées économies d’énergie, mais pas seulement.
Complètement inutile ?
Deux arguments sont globalement évoqués par les détracteurs du changement d’heure. Dans un premier temps, de nombreux acteurs ont étudié les variations énergétiques supposément effectives et les résultats sont très décevants. Que ce soit la Commission européenne, l’Ecole des Mines ou certaines universités étrangères, les conclusions sont mauvaises : la baisse de consommation est minime et parfois largement compensée par une consommation accrue des radiateurs ou des climatiseurs. De même, avec la démocratisation mondiale des ampoules basse consommation et des LED, le principal argument du changement d’heure devient obsolète. Ont pu être également observées des altérations d’ordre physique, directement liées, comme la difficulté à s’endormir ou à se concentrer chez les enfants par exemple, ou encore un accroissement des accidents de la circulation au moment de revenir à l’heure d’hiver. La faune également subirait des effets néfastes, notamment les animaux du monde agricole dont la production varierait négativement. Pourtant, le besoin de garder un tronc temporel commun avec ses voisins demeure aujourd’hui la principale raison de ne pas délaisser ce changement d’horaire. En 2021, l’UE a abrogé l’obligation du passage à l’heure d’été, garantissant à chaque nation la souveraineté sur la gestion de son fuseau horaire national. Mais l’arrivée de la crise Covid-19 ou le conflit en Ukraine n’ont pas permis de régler une bonne fois pour toute la question.
Que l’on soit pour ou contre, il semblerait que nous nous dirigions doucement de concert vers une suppression pure et simple du changement d’heure. Mais en attendant, n’oubliez pas : ce dimanche, nous reculons d’une heure.
Hugo
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés
Commentaires 2
Macron avait promis de supprimer ce changement, mais il n’est pas pressé de faire quelque chose d’utile pour les croquants
Un sondage a été fait en ligne auquel j’ai participé il y a plusieurs années, résultat c’est l’heure d’été qui a été choisie, ce que nous ne savions pas c’est qu’il fallait que l’ensemble des pays européens soient unanime sur ce choix, ce qui n’est pas le cas. La Finlande et la Grèce n’avaient pas la même vision sur ce changement d’heure, c’est la raison évoqué pour expliquer cette situation de blocage, une union européenne qui n’en porte que le nom.