Le terme vient du terme anglais “wake” (woke, woken, pour ceux qui révisent leurs verbes irréguliers) qui signifie “se réveiller” ou, par extension, “être éveillé” dans le sens “être/rester conscient”. On pourrait y trouver une petite ressemblance avec le “aware” (“conscient”) que scandait Jean-Claude Van Damme en son temps, mais ici on dépasse largement le prisme philosophique/psychologique pour pénétrer dans le monde des luttes sociales égalitaristes.
L’expression est étroitement liée aux mouvements afro-américains des années 1960, mais est devenue réellement populaire courant 2014 dans un contexte très similaire : la lutte contre les discriminations raciales (Black Lives Matter) ; et s’est alors étendue à toutes les strates de la population américaine qui étaient systématiquement oppressées. Depuis une dizaine d’années, la parole se libère et de nombreux mouvements choisissent de cesser d’être invisibilisés. MeToo est un très bon exemple en ce qui concerne le féminisme et la volonté des femmes d’effacer les disparités entre elles et les hommes. Sur un autre registre, les associations et mouvements LGBT affirment également leurs messages concernant l’acceptation de la différence. Globalement, les parties marginalisées de la société refusent désormais de demeurer silencieuses et n’hésitent plus à réclamer une société plus juste pour tout le monde.
De l’autre côté d’un extrême
Le néologisme “wokisme” est très souvent remplacé en français par le mot “gauchisme” (de manière péjorative) pour rappeler que les combats souhaités et menés par les éveillés sont avant tout ceux que l’on retrouve sur la frange extrême-gauche de la pensée politique. L’égalité sociale est prônée en priorité par ce mouvement et ses défenseurs, pour passer d’une société orientée et clivante vers un maillage hétéroclite où les communautés (ethniques, sexuelles, religieuses et politiques) pourraient cohabiter sans distinction de traitement. Les revendications derrière cette volonté ont provoqué un violent rejet sur plusieurs niveaux et, très rapidement, le terme “wokisme” a été récupéré par ses détracteurs pour galvauder et diaboliser l’objectif premier de cette idéologie. Car désormais, on considère volontiers ses porte-paroles comme des radicaux, voire même des extrémistes.
Certaines élites ont hurlé à l’assassinat de la langue française dès l’apparition de l’écriture inclusive et de son point médian, sans aucune forme de débat, d’autres refusaient que l’on puisse faire jouer un rôle traditionnellement attitré à un personnage blanc par une personne noire de peau, etc. Un emballement démesuré pour ce qui est, avant toute chose, l’ouverture d’un débat sur l’évolution que doit suivre notre société moderne. D’aucuns s’inquiètent malgré tout qu’à force de vouloir tout corriger, nous ne sombrions dans une forme d’intolérance généralisée où certaines manières de pensée ne seraient plus admises, voire pire, seraient censurées ; comme si le wokisme allait devenir ce qu’il s’était promis de détruire avec le temps. Le serpent qui se mordrait la queue en somme.
Hypocrisie mercantile
Toute lutte, tout mouvement, tout avis, toute opinion, a, et aura toujours, ses détracteurs. Rien de nouveau sous le soleil. Mais aussi ses profiteurs, car comme le confirme l’adage : “il n’y a pas de petits profits”, au-delà de toutes les critiques que les wokes peuvent recevoir, certains les considèrent avant tout comme un nouveau marché à conquérir. Vous avez pu constater par vous-mêmes que les sociétés ayant pignon sur rue ont pour la plupart adhéré à ce mouvement social, affirmant combattre les inégalités à grands coups de communication et de marketing. Des logos flambants neufs, couleur arc-en-ciel, avec des poings noirs dressés, des slogans soudainement militants. C’est un peu drôle (ou ridicule, c’est selon), comme lorsque McDonald’s ou Coca-Cola Company subventionnent les luttes contre l’obésité morbide ou donnent des millions à des associations ou événements sportifs. Vous aviez peut-être lu ou entendu parler du phénomène de l’écoblanchiment, ou “green washing” (fait pour une entreprise de se prétendre écolo sans l’être dans les faits), eh bien retrouvez cette dérive sous une forme nouvelle : le social washing. Même idée, on prétend défendre les luttes égalitaires tout en continuant d’exploiter des travailleurs ou des minorités. Zéro moralité dans les affaires, qu’on vous dit.
Comme je le répète bien souvent, je m’en rends compte, rien n’est tout blanc ou tout noir. Le phénomène du wokisme est très récent dans notre Histoire et nul ne saurait dire ce qu’il en ressortira. Il est aisé de tomber dans sa critique quand on ignore d’où ce mouvement puise ses origines : c’est-à-dire la revendication d’une véritable justice sociale.
Hugo
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés
Commentaires 1
Très simplet comme presentation. Même si l’auteur tente de modérer son propos, le fait de réduire ce mouvement à une aspiration á plus de justice sociale est très partial et réducteur sur les enjeux liés à cette idéologie.