Le Crêmet d’Anjou est une spécialité régionale née un soir de 1890, fruit du hasard et du talent d’une jeune cuisinière. Son succès a fait circuler la recette dans les campagnes angevines avec sa texture mousseuse et aérienne incroyable. Curnonsky, éminente figure de la gastronomie française, en fait en 1921, un brillant éloge : « Le crêmet angevin est un régal des dieux. Nulle crème chantilly n’égale ce petit mulon mousseux, parfumé, onctueux et léger ».
Un peu d’histoire
Selon Sophie Reynouard David Auvray qui a décidé de remettre Le crêmet à l’honneur, celui-ci trouve sa source dans les cuisines de Louis XIV. « D’une part le Roi Soleil se sert de la cuisine comme d’un faire-valoir. Il veut épater. Il fait par exemple installer des glacières à Versailles. En 1692, on y a de la glace toute l’année et en 1710 les glacières arrivent en Anjou. Cela va très vite pour l’époque. Ajoutez à cela qu’à 43 ans, le roi perd sa première dent. De là vont naître les mousses, les consommés, les purées etc. Nous avons donc 2 facteurs décisifs à la naissance du Crêmet : L’avènement du « mou » et la possibilité d’avoir du « froid », qui permet un bon foisonnement de la crème. »
Et Sophie Reynouard de continuer : « Crêmet est un mot angevin signifiant fouetter la crème jusqu’à la limite du beurre. Le coup de main, le secret de sa réussite, c’est de savoir s’arrêter à temps. La technique ressemble à celle du Fontainebleau, sauf qu’ici on ajoute un blanc d’oeuf à la préparation avant d’égoutter. » Cette spécialité était tombée dans l’oubli jusqu’à ce que Sophie décide d’y consacrer toute son énergie. Cela a d’ailleurs abouti à la naissance de son livre, « le Crêmet d’Anjou : 300 ans d’histoire gourmande ».
La recette
Le secret était bien gardé. Après avoir consulté de nombreuses archives, interviewées des cuisinières très âgées, Sophie a réussi à écrire une recette qui fait consensus. La voici donc :
Pour 4 crêmets d’Anjou :
– 120 g de blancs d’oeufs à température ambiante (3 à 4 blancs, selon leur taille)
– 240 g de crème liquide, entière, bien froide
– 20 à 50 g de de sirop de sucre de Canne
– 3 à 4 gouttes de jus de citron bio
– 1/2 gousse de vanille
– 4 moules à crêmet d’Anjou, en forme de coeur (ou à défaut, des petits moules à faisselles)
– 4 gazes (compresses tissées non stériles 20 x 20 cm) – En pharmacie
Le Crêmet d’Anjou se déguste à toute heure de la journée. Il sera le clou final d’un brunch, un délicieux dessert pour votre déjeuner, un savoureux goûter dans l’après-midi (accompagné d’un café et d’un biscuit) et enchantera vos convives pour terminer en beauté votre dîner.
Découvrez la préparation ici
Pourquoi pas une reconnaissance de l’Unesco ?
Afin de protéger ce savoir-faire et placer l’Anjou sur la carte de la gastronomie, l’Association du crêmet d’Anjou (ADCA) présidée par Sophie Reynouard, aidée de la faculté de tourisme d’Angers (Esthua) et de l’École supérieure d’agriculture (ESA) à Angers, va déposer un dossier à la fin de l’année pour inscrire le dessert au patrimoine immatériel de l’Unesco (organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture). Mais les chances que le dossier aboutisse sont minimes : un parcours drastique auprès du Centre français du patrimoine culturel immatériel, puis un verdict du comité du patrimoine ethnologique et immatériel avant que le Minsitère de la Culture n’abonde, sachant que la France n’est autorisée à soumettre qu’un dossier à l’Unesco tous les deux ans… !
Pour aller plus loin : Un site pour aller plus loin : www.cremetdanjou.net
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