Tribune. Le billet de mauvaise humeur de Pierre Creet : Le Recueillement

Vous aurez noté comme moi que l’on se recueille de plus en plus de nos jours… c’est pourquoi j’ai mis un R majuscule au titre, tant l’affaire est devenue d’importance… C’est d’ailleurs chouïa paradoxal (parlons de la France car il serait impossible ici d’énumérer tous les pays) puisque dans le même temps l’on délaisse de plus en plus nos chapelles, où l’on se recueillait auparavant… mais ceci est un autre débat.
Voyons voir ce qu’en pensent nos dictionnaires qui ne se trompent jamais :
– se recueillir : s’abstraire du monde extérieur & réfléchir & méditer & se plonger dans une méditation religieuse & concentrer sa pensée sur la vie spirituelle…
Par les temps qui courent (je ne déteste point occasionnellement les expressions aussi communes qu’idiotes, ça doit me détendre !), après telle ou telle horreur, l’on se réunit beaucoup pour apporter des fleurs, des bougies, des pancartes, respecter des minutes de silence, commémorer, se recueillir ensemble, implorer, pleurer, dans la rue, sur les places publiques, devant les lycées ou autres bâtiments de La République, ou ailleurs.
Bon. Il y a de quoi être ému, choqué, en colère, devant différentes injustices, nous sommes d’accord.
Ainsi, après chaque forfait, l’on se réunit à cent, mille, dix mille, en une plainte visible, à exposer, voir et revoir, sur tous les réseaux asociaux, télés, radios, journaux, afin de contrer le mauvais sort… l’irresponsabilité … la fatalité… la folie…

« Que ça ne recommence plus… »

Comme si cette dérisoire espérance faisait quelque chose contre Le Mal.
Et c’est reparti pour un tour de manège désenchanté jusqu’à pire encore la prochaine fois dans l’escalade des violences.
Inexorablement on le sait, car la paix n’est qu’une trêve.
Pourtant nos gouvernants sont alors sans cesse sur les médias, persuasifs, sûrs d’eux et de leurs troupes, affirmant haut et fort, sans honte, que les bonnes mesures sont prises, qu’on peut les croire, que le problème est donc déjà en partie réglé, et autres menteries tirées de leur chapeau de vaines mais dramatiques farces et attrapes, repoussant au plus tard possible, et surtout après les prochaines élections, la décision radicale qu’il faudrait avoir le simple courage communautaire de prendre IMMÉDIATEMENT, afin d’éviter que la gangrène ne progresse jusqu’à l’irrémédiable amputation.
Je ne vais pas m’étendre d’avantage. Stop Pierrot ! Je rappelle juste ici très brièvement ce que j’ai déjà mentionné plus complètement dans plusieurs de mes romans : «  ne pas devenir frileux… ni lâche… ne pas la fermer… ne pas accepter l’inacceptable… Relever la tête et la garder haute, le regard portant loin ! ».
Courage.

Pierre Creet, le 17 octobre 2023, en exclusivité pour Le Kiosque