La Breille-les-Pins. Après l’incendie, l’Office National des Forêts surveille et dresse le bilan

Après l'intervention, durant plusieurs jours, des sapeurs-pompiers pour éteindre l'incendie survenu sur le massif forestier de Saint-Nicolas-de-Bourgueil et de La Breille-les-Pins le 10 avril dernier, l'Office National des Forêts engage des actions de surveillance et de diagnostic avant de pouvoir faire renaître cette forêt.

Le jeudi 10 avril 2025, un incendie se déclare en forêt communale de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, en Indre-et-Loire. À la faveur des vents quelques heures plus tard, il s’est propagé dans la forêt communale de La-Breille-les-Pins. Deux jours de lutte seront nécessaires pour que les pompiers viennent à bout de ce feu de forêt. Au total plus de 300 ha ont été brulés dont une très grande partie de la Forêt communale de la Breille-les-Pins. L’Office National des Forêts estime que « l’origine humaine de cet incendie ne fait aucun doute », et de rappeler que « 90% des feux de forêts sont d’origine humaine et 50% d’entre eux sont dus à une imprudence. » En l’espace de 10 ans, ce sont quelque 115 000 ha de forêts qui ont été touchés par des incendies en France. La forêt de La Breille-les-Pins, propriété communale, s’étend sur une surface de 134.7 hectares. Elle est composée à 95 de pin maritime, à 3% de chêne et à 2% de châtaigner. « La quasi-totalité de la forêt communale a été impactée par l’incendie », souligne Nicolas Jannault, directeur régional de l’ONF. « Une étude cartographique fine, réalisée à partir d’images satellites doit permettre d’évaluer le degré d’intensité du feu sur les peuplements. Les images satellites seront disponibles dès lors que le ciel sera plus dégagé et que le satellite passera au-dessus de la zone », poursuit-il. Ce mardi 15 avril, des agents de l’ONF étaient encore mobilisés pour éteindre les derniers points chauds, des fumeroles, à l’aide d’un pick-up équipé d’une citerne. Une mission relativement récente pour l’ONF en Pays de la Loire, mais qui est déjà pratiqué de longue date dans le sud de la France, depuis les feux de l’été 2022 à Baugé-en-Anjou.

Surveiller et diagnostiquer les dégâts

Après l’action des soldats du feu fortement mobilisés pour venir à bout des flammes, l’ONF va entrer en action. Dans les prochains jours, les agents vont réaliser une surveillance du massif pour limiter la circulation du grand public afin d’éviter tout risque face à des arbres fragilisés et devenus dangereux. Dans les prochaines semaines, l’office lancera un diagnostic de la forêt. L’idée est de diagnostiquer « chaque parcelle pour estimer le niveau de destruction des arbres, évaluer les volumes de bois à enlever et identifier les parcelles où les conditions pour une régénération naturelle sont réunies et celles pour lesquelles le peuplement est maintenu (nature du peuplement incendié, nombre d’arbres vigoureux restants, état du sol, …). » La volonté de l’ONF est de conserver tous les arbres vivants avec une attention particulière liée à la sécurité des axes de communication et d’accueil du public. « L’objectif est de laisser « la chance » aux arbres qui semblent avoir résisté au feu de continuer à vivre, et pour les arbres adultes de profiter des prochaines pluies de graines. Cela évite également un coût supplémentaire pur replanter des arbres. Les arbres trop affaiblis par le feu seront exploités avant leur déclassement afin d’être utilisés en bois d’œuvre. L’idée est d’exploiter au maximum les arbres en allant y compris jusqu’au broyage pour commercialiser le bois en ressource énergétique », détaille Hercilie Guibert, référente défense des forêts contre les incendies à l’ONF sur le secteur du Maine-et-Loire. Les agents de l’ONF précisent que « dans la plupart des cas des arbres brûlés, seule l’écorce est carbonisée et le bois reste sain. Les bois sont donc utilisables pour le bois d’œuvre sans difficultés majeures au moins en début de période d’exploitation. C’est surtout l’apparition du phénomène dit du « bleu », à savoir une coloration des bois par un champignon, qui va occasionner progressivement un déclassement et une utilisation impropre pour les utilisations les plus qualitatives (parquets, lambris, palettes alimentaires…). 90% de la forêt communale a été parcourue par les flammes. Cela pourrait représenter 10 000 à 20 000 m3 de bois qu’il faudra exploiter rapidement, à savoir dans les 3 mois avant que celui-ci ne s’abime. »

Une action sur le long terme

La surveillance de la forêt se poursuivra dans les prochains mois. En effet, le feu a non seulement altéré le paysage mais a bouleversé la santé des arbres en les soumettant à un stress très important. « Fragilisés, ils sont aujourd’hui sensibles aux attaques parasitaires et peuvent devenir des foyers potentiels de contagion de la partie épargnée par les flammes. Le stress intense provoqué par l’incendie diminue les capacités de réaction des arbres aux agressions des parasites. Aussi, peu de temps après un feu, il est classique d’observer des attaques d’insectes comme les scolytes. Les scolytes sont de petits coléoptères qui font partie des principaux ravageurs des forêts résineuses. Ils se développent sous les écorces entravant la circulation de la sève et entraînant la mort de l’arbre en quelques semaines. Une fois présents, ces parasites peuvent ensuite s’attaquer aux arbres sains. C’est actuellement la plus grande préoccupation », explique Nicolas Jannault. Puis dans un laps de temps d’un an et plus, se posera la question de reconstruire la forêt. Cette étape du processus a lieu 2 à 4 ans après l’incendie. L’ONF proposera à la collectivité de pratiquer la régénération naturelle avec de légers travaux ou d’effectuer des plantations dans les zones où la forêt n’a pu reprendre ses droits après l’incendie. Pour une forêt plus résiliente, la reconstitution va s’appuyer sur le concept de forêt mosaïque. L’objectif est de renforcer la diversification des essences « avec au moins 30% de feuillus », mettre en place des expérimentations et varier les modes de sylviculture. Au moins 10 années seront nécessaires pour que la forêt reprenne ses droits et soit de nouveau fonctionnelle pour l’Office National des Forêts. « On ne retrouvera une forêt comme on la connaissais que dans 30 à 40 ans », souligne Hercilie Guibert. « C’est une situation catastrophique à bien des égards pour la commune. Tout d’abord, cela a un impact très important sur le plan économique car c’est une source de revenus en moins, et la renaturation de la forêt va coûter dans les prochaines années, sans pour autant que cela ne nous rapporte. Par ailleurs, l’impact est dramatique sur le plan de biodiversité et du tourisme. La commune est réputée pour sa forêt, heureusement tout n’a pas brûlé il reste encore de nombreux hectares et la nature reprendra rapidement ses droits même si nous n’aurons pas de grands arbres tout de suite. Je voudrais surtout réussir à sensibiliser et à faire entendre l’importance de préserver ces forêts et de la respecter. Trop de gens ont des comportements irresponsables », témoigne dépitée la maire de la Breille-les-Pins Armelle Poncet.

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