Voici une expression qui, pour le coup, a un ancrage très spécifique et identifié, contrairement à beaucoup d’autres traitées jusqu’ici. Pour autant, son sens ne coule clairement pas de source pour le non-initié. Nous l’avons probablement tous déjà entendue ou lue puisqu’elle a même été particulièrement populaire au milieu du XXe siècle.
Concrètement, avoir un violon d’Ingres signifie posséder une passion, un passe-temps, cela peut couvrir tout type d’activité ou de centres d’intérêt, pas seulement la musique. Je vous dis ça mais ça ne vous avance guère pour comprendre l’origine de ces bons mots. Ingres ? Qu’est-ce donc ? Une origine géographique d’où nous viendrait un instrument à cordes unique ? Eh bien… non, rien à voir. Comme je l’évoquais plus haut, cet adage est singulier. Il fait référence… au violon de M. Jean-Auguste-Dominique Ingres. Non, non, ce n’est pas une boutade. Cet homme était un portraitiste réputé du début du XIXe siècle. Vous allez me rétorquer que l’on n’utilise pas de violon en peinture, et vous auriez parfaitement raison. Bien que je ne connaisse ni la carrière ni les méthodes qu’employait M. Ingres, je suis prêt à parier qu’il réservait son alto pour la passion qu’il vouait à la musique. Son penchant pour les orchestres l’a même poussé à se professionnaliser dans l’Orchestre du Capitole de Toulouse. De cet exemple est née la formule, quelques décennies après la mort de l’artiste, à tel point que sa veuve, Delphine Ramel, a demandé à la rédaction du Figaro de l’époque de rappeler à son public que son défunt mari ne se prétendait pas virtuose, juste passionné. La locution a également inspiré une photographie de Man Ray, en 1924. L’artninspire l’art, aidé par… le vocabulaire !
Donc ne dites plus que c’est “votre truc”, accordez vos violons avec vos proches et discutez un peu de ce qui les fait vibrer.
Hugo
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