Notre région est connue pour fournir au monde un délicieux nectar pourpre, très apprécié du plus grand nombre : le vin. Je ne vous apprends rien jusqu’ici (à moins que vous ne soyez nouveau dans le coin !), et pourtant, il y a un rapport entre cette boisson et l’expression du jour. Avant tout, payer rubis sur l’ongle signifie aujourd’hui payer comptant, soit s’acquitter d’une dette d’une traite, sans avoir recours au crédit et sans omettre le moindre centime. Ce sens a évolué en deux temps. Il faut tout d’abord remonter au XVIIe siècle où ses premières traces sont relevées. A l’époque, il existait une coutume festive assez particulière qui consistait à rendre honneur à un convive ou à un absent en avalant le contenu de son verre d’un coup (généralement du vin). Pour ce qui était de la dernière goutte, il fallait la déposer sur son ongle pour achever de la déguster, dès lors on disait “faire rubis sur l’ongle”.
Forcément, le vin rouge étant d’une robe proche de celle de la pierre précieuse, l’analogie était assez évidente. Durant cette même période, un parallèle est tiré entre ce premier usage joyeux et le fait de devoir payer un tribut. Puisqu’on vidait le verre dans son intégralité, eh bien on pouvait en faire tout autant du contenu de ses poches ! Progressivement, c’est cette deuxième réalité qui a pris le dessus sur la tradition pour s’adoucir avec la modernité. Il n’est plus vraiment question de se saigner pour payer un dû de nos jours, mais plutôt d’être en capacité de le régler séance tenante.
Alors si jamais quelqu’un vous demande pourquoi vous buvez cul-sec votre ballon, vous pourrez toujours dire que vous honorez une vieille tradition (avec modération, bien entendu).
Hugo
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Commentaires 2
Merci Hugo,
Accro à la langue française et fier de lettre (sic, sur un t-shirt québécois), je vous remercie pour cette rubrique. Nouvel arrivant à Saumur (où j’ai de profondes racines) et nouvel abonné au kiosque, je n’ai pas vu les rubriques précédentes, mais je connais la série des « Drôles d’expressions » d’Alain Rey. C’est toujours un plaisir de se faire rappeler ces tournures. Vos précédentes chroniques sont-elles disponibles ?
Oui elles le sont. Il vous suffit de taper Keskidi dans le moteur de recherche