Mauricette Ogereau, du GFA de Saune, avait en effet été sommée le 26 mai 2020 par la nouvelle maire de Tuffalun de réaliser sous deux mois « un grand nombre de travaux » dans la maison qu’elle louait depuis 2018 sur Ambillou-Château, l’une des communes déléguées de la commune nouvelle, a commencé par recontextualiser le magistrat en préambule de l’audience.
Ses locataires avaient il est vrai « signalé des désordres et des désagréments » à la nouvelle maire Sophie Métayer, qui s’était sentie obligée d’intervenir.
Pour rappel, l’élue a perdu son siège entre-temps, en mars 2023, suite à des élections municipales partielles liées à la démission de plus du tiers de son conseil municipal (l’article du Kiosque du 20/03/2023). La nouvelle maire Nathalie Gohlke comptait alors parmi ses colistiers Marc Ogereau, gérant des pépinières éponymes et fils de la requérante dans l’affaire jugée ce mercredi au tribunal.
La commune condamnée à payer des frais de justice ?
Le rapporteur public, dont les avis sont la plupart du temps suivis, estime lui que la mairie de Tuffalun n’avait pas à « s’immiscer » dans ce « conflit qui relève avant tout de la jouissance normale d’un logement » et non pas des pouvoirs de police administrative d’un maire. Elle devrait donc être condamnée à verser 1.000 € de frais de justice à Mauricette Ogereau.
Me Patrice Hugel, l’avocat de la mère du conseiller municipal, a pour sa part rappelé que la septuagénaire était « née » dans cette maison et qu’elle avait « eu le tort d’y faire rentrer » ces locataires qui « se sont plaints du début à la fin ». « Ils ont été un peu épaulés – et c’est un euphémisme que de le dire – par les services de la commune », a ajouté l’avocat angevin.
Il a d’ailleurs souligné que cette mise en demeure municipale était survenue « en mai 2020 », après le premier tour des élections municipales, à l’initiative de « la nouvelle maire » de Tuffalun. « Les locataires se sont toujours opposés à ce que Mme Ogereau vienne sur place avec un huissier », a encore fait remarquer Me Patrice Hugel au tribunal administratif de Nantes.
Or, un « rapport » qui a été établi dans cette affaire n’a « pas permis d’établir une véritable insalubrité » de la maison alors que ses occupants s’étaient pourtant plaints de « problèmes de fissures » et d’une construction qui « menaçait ruine ».
Elle loue maintenant sa maison « à sa petite fille »
« Ma cliente leur a finalement donné congé en novembre 2021, à l’expiration des trois ans de leur bail, et elle a pu y loger sa petite-fille… et tout se passe bien depuis », a conclu l’avocat angevin.
L’avocat de la commune de Tuffalun, lui, a réfuté que ce contentieux s’inscrivait dans un « rapport de droit privé » : la mairie avait « reçu un rapport » de la Direction départementale des territoires en septembre 2019 sur les « non-conformités » de la maison par rapport au Règlement sanitaire départemental. « Certaines » étaient « assez importantes », a-t-il souligné.
« La commune n’est pas concernée par ces relations conflictuelles entre propriétaire et locataires : c’est ce rapport qui a justifié son intervention », a ajouté l’avocat. « Deux expertises » produites par les locataires ont d’ailleurs « confirmé » ces « non-conformités », tout comme « un rapport » de l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire « en 2020 ».
Il est donc « surpris » des conclusions du rapporteur public. « Heureusement, il y a des moyens offerts aux maires pour lutter contre l’habitat insalubre et imposer des travaux aux propriétaires qui louent des logements pas corrects », a-t-il rappelé.
Le tribunal administratif de Nantes, qui a mis son jugement en délibéré, rendra sa décision dans un mois environ.
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