Les plans d’eau de Hommes, en Indre-et-Loire à l’est de Noyant-Villages ou Courléon, recèle une espèce inattendue qui, d’ordinaire, ferait fuir le baigneur à grandes brassées. La méduse d’eau douce y a été observée trois ans de suite, mais que l’on se rassure, celle-ci est totalement inoffensive et n’a jamais piqué personne, excepté les micro-organismes dont elle se nourrit. Il ne s’agit que d’un petit animal très discret, mais également très véloce.
Globe trotteuse
Apparue il y a 500 millions d’années, vraisemblablement originaire du fleuve Yang Tsé Kyang, Craspedacusta Sowerbii fut découverte en Angleterre à la fin du XIXe siècle par le professeur William Sowerby. Elle fut observée ensuite en France à partir des années 30, dans le bassin de la Garonne puis dans la Loire et la Seine, probablement importée à l’occasion de l’introduction de plantes aquatiques. Son mode de reproduction facilite en effet sa dispersion. Grâce à sa forme de polype- un tube de deux millimètres- elle peut bénéficier d’un transport par des végétaux, même d’un continent à l’autre. Mais les crustacés sur lesquels les polypes se fixent, les poissons et les oiseaux, peuvent également lui réserver une place en classe affaires, sans déceler ce minuscule passager clandestin.
Amatrice d’eaux chaudes
Cependant, certaines conditions sont nécessaires à son apparition, laquelle est irrégulière. La température des eaux détermine la formation de ses « bourgeons », entre 26 et 33 °c, d’ordinaire de juillet à octobre, mais elle peut toutefois se déplacer dans une eau à plus de 15°c. et se laisser alors porter par les courants. En eau plus froide, elle se rétracte en capsule entourée d’une membrane protectrice et tombe au fond de l’eau en attendant des jours meilleurs. Les bourgeons prennent ensuite une forme plus conforme à ce qu’on imagine d’une méduse, mais elle ne mesure en moyenne que 2 cm de diamètre pour un poids de 4 grammes, composé à 99 % d’eau. Pas de quoi évacuer une plage. Quant à sa population, sa densité varie selon les températures et la nourriture disponible.
Invasive, mais pas trop
Se nourrissant de micro-crustacés herbivores qu’elle saisit avec ses quatre petits bras buccaux musclés, équipés de cellules urticantes, et relativement vorace, elle peut, selon les spécialistes, modifier un tant soit peu la population d’un zooplancton, sans pour autant menacer son renouvellement et n’a que très peu d’impact sur la chaîne alimentaire et le milieu naturel. Dans le cas d’une rencontre inopinée, inutile donc de lui faire un sort. D’autant moins que l’écrevisse américaine, autre espèce invasive, s’en charge. Les poissons, en revanche, ne s’y frottent guère, puisqu’ils risquent, comme on l’a observé chez un poisson rouge, une nécrose des nageoires. Si elle a été plusieurs fois aperçue à Hommes, la méduse s’est faite plus discrète depuis quelques temps. Mais on pourra peut-être, les températures printanières et estivales aidant, se laisser surprendre à nouveau par cette drôle de créature. A vos loupes !
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