L’histoire de France s’enorgueillit à juste titre de l’épisode des « Cadets de Saumur ». Petit rappel : en juin 1940, alors que les troupes allemandes déferlent à toute allure sur le territoire français, les élèves officiers de l’école de Cavalerie de Saumur décident de les arrêter. En 2016, pour commémorer ce haut fait d’armes, on a rebaptisé le pont de Grenelle dans le XVe arrondissement de Paris, « pont des Cadets de Saumur ». Toutefois, il est regrettable que l’on ne mentionne quasiment jamais les autres soldats qui, aux côtés des Cadets, ont combattu et y ont perdu la vie. Un seul d’entre eux est resté à la postérité : Jehan Alain.
Il naît le 3 février 1911 à Saint Germain en Laye (78) dans une famille de musiciens. Très tôt, il présente des dispositions pour la musique. Admis au Conservatoire national supérieur de Paris, il côtoie les meilleurs pédagogues du moment, Paul Dukas entre autres. Suite logique de son parcours, il rafle les prix et s’oriente vers l’orgue. Il est bientôt nommé organiste titulaire de l’église Saint-Nicolas de Maisons-Laffitte et de la synagogue de Nazareth à Paris. Tout naturellement, il se met à la composition et crée des pièces essentiellement pour orgue.
Quand la France entre en guerre, Jehan Alain, qui est marié et père de trois enfants s’engage volontairement. En juin 1940, il intègre le 1er Groupe Franc de Cavalerie du capitaine de Neuchèze. Cette unité a pour mission de retarder au maximum l’avance des Allemands. A Saumur, elle se met à la disposition du colonel Michon, commandant de l’Ecole de Cavalerie. Le 19 juin, quand les troupes allemandes arrivent route de Rouen, Jehan Alain, au guidon d’un side-car, est chargé de patrouiller le long de la rive gauche de la Loire pour informer l’état-major et repousser les offensives ennemies. A l’aube du 20 juin, les Allemands parviennent à franchir la Loire en bateau à l’est du pont du chemin de fer, au Petit-Puy, et grimpent sur le coteau.
Lors des combats, Jehan Alain est tué par un soldat allemand dans le jardin potager d’une maison du Petit-Puy. D’après le propriétaire de ladite maison, il avait une grenade dans chaque poche. Il récupéra son alliance, ses lunettes et ses papiers et lui creusa une tombe provisoire dans son potager.
Une plaque a été placée sur un mur de la maison, aujourd’hui le n° 157, route de Champigny. Jehan Alain sera plus tard inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Ce jeune compositeur aura eu une vie trop brève. Il existe de nombreuses intégrales des œuvres de Jehan Alain, dont deux réalisées par sa sœur Marie-Claire Alain.
A noter également qu’une salle du musée de la Cavalerie à Saumur lui est consacré.
Bibliographie :
– Focus, La Bataille des Cadets de Saumur, 19-20 juin 1940, Villes & Pays d’Art & d’Histoire, Saumur, 2020
– Rochard Benoît, Jehan Alain est mort en héros, article du Courrier de l’Ouest du vendredi 19 juin 2020
– Mentz-Boizard Colette, Témoignage de la mort de Jehan Alain, lettre manuscrite adressée à l’auteur, 78830 Bonnelles, 2012
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Commentaires 8
Quelle belle chronique Gino. Et merci au kiosque.
Encore une nouvelle chronique. Merci au Kiosque. Continuez
Gino ,tu parles bien ,de nos grandes saumuroises . Merci
Passionnée de Yolande d’Aragon somme toute malgré tout assez méconnue .
Merci pour ce bel article
Bravo pour ce très bon article !
Cet article reprend une variante d’une théorie qui a été démystifiée par tant d’historiens. Yolande a payé les fournitures qui ont été apportées à Orléans avec Jeanne d’Arc le 29 avril 1429, mais c’est tout. L’idée que la faction de Charles VII l’abandonnée après sa capture a également été démystifiée par des historiens comme Pierre Champion, qui ont souligné qu’il y a eu quatre tentatives de sauvetage par des unités de l’armée royale.
Belle chronique en effet. A continuer
Merci