« Ils-elles sont passé(e)s par Saumur », la chronique de Gino #1 : Yolande d’Aragon (1381-1442)

Cette rubrique bi-mensuelle du dimanche, orchestrée par Gino Blandin, auteur saumurois et président de la Société des Lettres de Saumur, se propose de brosser le portrait des personnalités qui, au fil du temps, sont venues à Saumur au cours de leur existence. Aujourd’hui : Yolande d'Aragon, « Un cœur d’homme dans un corps de femme » (1381-1442)
Un des rares portraits de Yolande d’Aragon (Vitrail de la cathédrale Saint-Julien du Mans) et la Maison de la Reine de Sicile à Saumur

Yolande d’Aragon naît à Saragosse en Espagne en 1381. Elle est promise à l’héritier d’Anjou et l’épouse en 1400, devenant ainsi duchesse d’Anjou. Le couple va avoir six enfants. Le plus célèbre sera René, le fameux « Bon Roi René » cher aux Angevins.
Yolande est une femme très rusée : par un savant stratagème, elle parvient à prendre sous sa coupe le troisième fils du roi Charles VI. On dit qu’elle se comportera en mère pour lui. Elle le fiance en 1413 à sa fille Marie d’Anjou. Le troisième rang n’est pas idéal, mais la chance lui sourit. Les deux fils ainés du souverain meurent et le protégé de Yolande devient légitimement roi de France sous le nom de Charles VII.
Ce dernier, contesté par les Anglais et les Bourguignons, ne semble pas avoir été un foudre de guerre. C’est alors que Yolande a une idée de génie : Jeanne d’Arc ! S’appuyant sur une légende qui annonçait qu’une vierge tombée du ciel viendrait sauver le royaume de France, on soupçonne Yolande d’avoir tout manigancé. Débarquant du duché de Bar, qui, comme par hasard, relevait de celui du duc d’Anjou, Jeanne la Pucelle va bouter les Anglais d’Orléans et permettre à Charles VII d’être sacré roi à Reims. Pour Yolande d’Aragon c’est un succès total. Elle a obtenu ce qu’elle voulait : son gendre est très officiellement roi. On notera que la reconnaissance ne fait pas partie de ses traits de caractère. Alors qu’elle suivait Jeanne comme une ombre lors de son ascension, elle ne fera rien pour elle quand les événements tourneront mal. Elle ne bougera pas le petit doigt quand Jeanne sera faite prisonnière. Elle n’en a plus besoin. Pour elle, la vie politique continue.
A la fin de sa vie, Yolande d’Aragon se retire à Angers puis à Saumur où elle meurt le 14 novembre 1442 en l’hôtel du seigneur de Tucé. Il s’agit probablement de la maison qui porte aujourd’hui son nom « la Maison de la Reine de Sicile ».
Son petit-fils, Louis XI, dira d’elle : « Un cœur d’homme dans un corps de femme ».

Bibliographie :
https://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr
– Senneville de Gérard, « Yolande d’Aragon, la reine qui a gagné la guerre de Cent Ans », Perrin, Paris, 2008
– Senzig Roger et Gay Marcelo, « L’affaire Jeanne d’Arc », Editions Florent Massot, Paris, 2007

Commentaires 6

  1. Laurence de Saumur says:

    Quelle belle chronique Gino. Et merci au kiosque.

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  2. Laurence de Saumur says:

    Encore une nouvelle chronique. Merci au Kiosque. Continuez

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  3. NOEL Michel says:

    Gino ,tu parles bien ,de nos grandes saumuroises . Merci

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  4. Bourgeais says:

    Passionnée de Yolande d’Aragon somme toute malgré tout assez méconnue .
    Merci pour ce bel article

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  5. Mctr says:

    Bravo pour ce très bon article !

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  6. CGesange says:

    Cet article reprend une variante d’une théorie qui a été démystifiée par tant d’historiens. Yolande a payé les fournitures qui ont été apportées à Orléans avec Jeanne d’Arc le 29 avril 1429, mais c’est tout. L’idée que la faction de Charles VII l’abandonnée après sa capture a également été démystifiée par des historiens comme Pierre Champion, qui ont souligné qu’il y a eu quatre tentatives de sauvetage par des unités de l’armée royale.

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