Jean-François Bodin est le premier véritable historien de Saumur. Son volumineux ouvrage intitulé Recherches historiques sur la ville de Saumur, ses monumens et ceux de son arrondissement – publié en 1821/1823 – peut être considéré comme la base de la recherche sérieuse. Aujourd’hui, bien sûr, de nombreux chapitres font sourire car Bodin émet des hypothèses que l’on sait fausses. Il n’a pas le sens de la chronologie et il confond allégrement les siècles passés, commet de lourds contresens et ne sait pas déchiffrer les documents médiévaux. Qu’importe ! Prédécesseur de Célestin Port, il est incontestablement l’un des piliers de l’histoire de l’Anjou. De nombreux auteurs ont par la suite puisé de façon plus ou moins heureuse des informations dans son œuvre. A noter que quasiment tout ce que nous savons sur Anne Dacier, la philologue, nous le lui devons.
Jean-François Bodin naît à Angers en 1766. Il fait des études d’architecture à Beaupréau, mais sa carrière est interrompue par la Révolution. En 1792, il est administrateur du district de Saint-Hilaire-Saint-Florent. Il devient ensuite agent payeur de l’armée républicaine de la rive droite de la Loire, celle qui a pour mission principale de combattre l’insurrection vendéenne. La paix revenue, il exerce divers emplois dans les finances publiques.
En 1814, il est receveur des contributions à Saumur, mais l’année suivante, après la défaite de Waterloo, on le retrouve payeur de l’armée française. On estime que de par sa personnalité et son charisme, il contribua beaucoup à maintenir l’ordre dans cette armée vaincue. Bodin devient député en 1820 pour le Maine-et-Loire. Discret dans cette fonction, il prend rarement la parole, semble-t-il. Il quitte l’Assemblée cinq ans plus tard et se retire au manoir de L’Aunay, dans la commune de Chênehutte-les-Tuffeaux pour se livrer à l’écriture. Il décède, borgne, le 5 février 1829 à l’âge de 62 ans.
Curieusement, il se fait enterrer au cimetière de Bagneux dans le quartier des Sablons. Ce cimetière ne va fonctionner qu’une trentaine d’années. Il est fort incommode car, à faible profondeur une strate de grès empêche de creuser. On déplace donc le cimetière et chose très rare, on laisse les tombes de la famille Bodin. Il subsiste donc ce curieux enclos funéraire où se dressent trois « pierres druidiques ». Il a été aménagé par Félix, le fils de Jean-François Bodin. A l’origine, l’enclos était entouré d’une palissade en bois. Seule une claire-voie pratiquée dans la porte permettait d’apercevoir les tombes.
Enfin, signalons qu’en 1824 le sculpteur angevin David d’Angers a réalisé un magnifique buste de Jean-François Bodin. La galerie David d’Angers en possède un exemplaire en bronze, mais il existe d’autres copies en différents lieux, en plâtre et même en marbre. David d’Angers a également effectué, en 1828, un médaillon de profil de Jean-François Bodin qui se trouve aujourd’hui au musée Carnavalet à Paris.
Bibliographie :
– LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, 1867
– VERDIER chanoine, Numéro spécial à l’occasion du centenaire de la mort de Jean-François Bodin in Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, n° 57, 1930
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés
Commentaires 2
Merci de mettre en lumière les trésors patrimoniaux de la SLAS , qui méritent une meilleure diffusion.
Manoir de Launay a Chênehutte ….?
Villebernier peut être