Félix est le fils de l’historien Jean-François Bodin. Il naît à Saumur – à Chênehutte – le 29 décembre 1795. Il perd sa mère très tôt et il est confié aux soins de sa grand-mère qui meurt également quelques années plus tard. Assez rapidement, ce jeune homme manifeste des dispositions dans le domaine littéraire. Il publie des études historiques sur les assemblées représentatives et divers articles qui lui valent une certaine notoriété, ce qui lui ouvre les colonnes des principaux journaux du moment. Il collabore alors au Mercure de France, au Constitutionnel, au Miroir, au Pandore, au Globe, à la Revue encyclopédique, etc. Il fonde la collection des Résumés historiques, dont il donne les volumes sur l’histoire de France (1821) et sur celle de l’Angleterre (1823).
Sollicité pour continuer l’Histoire de France de Louis-Pierre Anquetil (15 volumes, 1820), qui s’arrêtait à la Révolution, il présente pour le suppléer un jeune homme alors inconnu : Adolphe Thiers. Les deux hommes collaboreront souvent par la suite. Petite anecdote : Bodin se lia d’amitié avec Adolphe Thiers, qui lui communiqua le manuscrit de son Histoire de la Révolution française. Bodin l’emmena chez son éditeur, qui refusa d’abord d’imprimer un ouvrage aussi considérable : « Si c’était de vous, M. Bodin, je ne dirais pas non, mais qui connaît M. Thiers ? » Ce dernier pria alors son ami de le couvrir de sa célébrité : c’est pourquoi les deux premiers volumes parurent en 1823 sous les noms de Félix Bodin et Adolphe Thiers.
Parallèlement à ses activités dans le domaine historique, Bodin publie une vingtaine de romans. Notons, au passage, qu’en 1834, il produit un récit précurseur de la science-fiction, Le Roman de l’avenir où il propose la première définition de la littérature futuriste.
Musicien, il est un temps l’élève de Cherubini. Il compose des morceaux et même un opéra qui ne rencontre aucun succès.
En 1831, il devient député dans la circonscription de Doué-la-Fontaine. L’année suivante, il propose de créer à Saumur une Caisse d’épargne, un Mont-de-Piété, qu’il dote de 4000 Fr. Il en a déjà fondé un autre dans sa maison de Chaillot.
Il se raconte que Félix Bodin était peu aimable, peu communicatif. Célibataire et vivant à Paris, il n’avait guère d’amis. « Chez le père le cœur prédominait, chez le fils, c’était la tête » commentera Bonnemère. Très opposés de caractère, le père et le fils ne s’entendaient pas. Pourtant, le père n’avait pas hésité à ouvrir sa bourse pour que Félix échappe à ses obligations militaires. En effet, en 1815, Félix avait été tiré au sort comme conscrit « Marie-Louise », baptisé ainsi parce que le décret qui les avait convoqués avait été signé par l’impératrice Marie-Louise. Ces conscrits correspondaient aux jeunes hommes qui avaient 20 ans en 1815. L’objectif était de fournir des soldats à l’Empereur le plus rapidement possible.
Les dernières années de Jean-François se passent dans l’isolement à Chênehutte pendant que son fils vit à Paris. Félix meurt le 8 mai 1837, étant encore député. Le 13 juin suivant, son corps est ramené au cimetière des Sablons à Bagneux et déposé dans l’enclos familial.
Bibliographie :
– PORT Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine et-Loire, H. Siraudeau & Cie, Angers, 1965
– VERDIER chanoine, Numéro spécial à l’occasion du centenaire de la mort de Jean-François Bodin, Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois, n° 57, 1930
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