Vers 14h, le 22 mars 1421, le duc de Clarence, frère du roi Henri V d’Angleterre, décide, sans attendre et en rompant la trêve pascale, de déplacer les troupes qu’il commande, de Beaufort à Baugé, afin de surprendre l’armée franco-écossaise. Ses éclaireurs ont sous-estimé la garnison ennemie, évaluée aujourd’hui à 7 000 hommes et comprenant une partie de l’armée d’Ecosse commandée par les comtes de Buchan et Darnley. En arrivant dans la vallée du Couasnon à Vieil-Baugé vers 4 heures, le duc de Clarence constate qu’il est attendu et qu’il n’y aura pas l’effet de surprise escompté, il décide néanmoins de charger les Ecossais qui gardent le petit pont de bois sur le Couasnon. Embourbés dans ces prairies gorgées d’eau, les chevaliers anglais sont contraints de descendre de leur monture sous une pluie de flèches et de continuer le combat à pied dans les rues pentues du Vieil-Baugé et dans le cimetière. Malgré de lourdes pertes, Clarence donne l’ordre de poursuivre afin d’affronter Buchan lui-même et ses troupes dans le bois qui surplombe le village, mais ce dernier contourne le bourg et descend vers le pont qu’il incendie empêchant toute retraite ennemie. Les 400 cavaliers anglais sont désormais encerclés et une charge opposant Clarence et Buchan tourne à la déroute des Anglais après la mort de leur chef occis par John Carmickaël de Douglasdale, qui brise sa lance sur son armure. Les renforts anglais sur l’autre rive du Couasnon ne pourront traverser les gués marécageux et sont pris en tenaille par les chevaliers Français venus de Baugé. C’est un désastre pour le Royaume d’Angleterre qui perd 1 054 combattants et 500 prisonniers.
La charnière de la Guerre de Cent Ans…
Les raisons de se souvenir de cette première victoire franco-écossaise au Vieil Baugé sont multiples. C’est la revanche d’Azincourt ou presque toute la chevalerie française a été anéantie par les archers anglais. C’est aussi la charnière de la Guerre de Cent Ans, car c’est la première bataille rangée gagnée par les troupes franco-écossaise. Elle a permis de mettre un frein à l’annexion presque totale du pays et d’aller vers une période de reconquête avec Jeanne d’Arc et le sacre de Charles VII (voir le livre du Colonel Renard, historiographe de Baugé). Enfin, c’est après cette victoire que le dauphin, futur Charles VII, remettra à John Stuart de Buchan l’épée de connétable de France renouvelant une coopération militaire datant de la signature de l’Auld Alliance en 1295 entre la France et l’Ecosse qui durera jusqu’en 1919.
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