Parfois, la passion ne s’éteint jamais et reste vive. C’est le cas de Jacques Daix, dit JADA, qui a plus de 90 ans prend toujours quotidiennement ses crayons pour griser ses feuilles de papier blanc. Depuis la fin janvier et jusqu’à fin mars, une vingtaine de ses créations sont exposées dans le hall de l’EHPAD Saint-Vétérin à Gennes-Val de Loire. Ce lieu n’est pas anodin puisque c’est également ici qu’il réside désormais. « C’est la première exposition que nous réalisons au sein de l’établissement et cela avait du sens de débuter avec un artiste qui se trouve être l’un de nos résidents. Nous avons la volonté de réaliser régulièrement des expositions d’un mois, notamment avec des artistes du territoire. Cela a plusieurs objectifs. Tout d’abord, ce n’est pas toujours évident d’emmener les personnes dans les musées et autres. Nous avons donc décidé de faire venir la culture à eux avec ces expositions, des concerts réguliers, des ateliers artistiques… Nous avons envie de montrer que l’EHPAD est aussi un lieu de vie, d’échange, de partage et dédramatiser l’image de la maison de retraite. Par ailleurs, l’idée est aussi que le public vienne voir les œuvres ici et que le contact se crée avec les résidents », souligne Isabelle Anjard, animatrice au sein de l’établissement.
Le dessin depuis toujours
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, JADA a toujours donné vie au papier. « Mon oncle était dessinateur dans une imprimerie. Vers l’âge de 6 ans, peut-être plus tôt encore, il nous a fait dessiner pour faire des cadeaux à la famille. Depuis ce jour, je n’ai jamais arrêté », témoigne-t-il. Si bien qu’il en a fait sa carrière. « A 15 ans, j’ai été inscrit à l’école Estienne à Paris, le lycée d’arts graphiques. Puis je suis devenu lithographe sur pierre et sur zinc dans une imprimerie. J’ai commencé à toucher à la reproduction. Puis j’ai été approché par un éditeur qui était intéressé et m’a proposé de faire du dessin animalier, ce que j’ai fait durant plus de 10 années », relate Jacques. Dans sa chambre, on ne s’y trompe pas : marque de crayon sur le sol, petit atelier de dessin, et de magnifiques réalisations sur les murs, dont un remarquable hibou, une panthère au regard hypnotisant ou encore un martin-pêcheur qui ne demande qu’à s’envoler par la fenêtre pour aller plonger dans les eaux de la Loire. « Quand je regarde ces dessins je suis impressionné de voir à quel point je pouvais être précis. J’en serais incapable aujourd’hui », lance-t-il.
Le dessin comme un besoin
Pour autant, il continue toujours à crayonner, du matin au soir à raison de deux dessins par jour et ne faisant des pauses que pour se sustenter. « A la retraite, je me suis mis à dessiner d’autres choses. En 2005, j’ai acheté un livre sur le wax, ces vêtements africains aux multiples forment et aux couleurs très vives. J’ai eu l’idée de reprendre ces motifs et d’y ajouter une touche française en me concentrant sur trois couleurs uniquement : le bleu, le blanc et le rouge. » Les traits sont remarquables, tantôt d’une droiture déconcertante d’autant qu’ils sont réalisés à main levée, tantôt courbes. « Je joue avec les formes, les couleurs. Je ne sais jamais ce que je vais faire quand je commence. Je me laisse porter. Cela n’a pas forcément de sens ou de signification. Certaines des toiles exposées ont plus de 10 ans. Je serais aujourd’hui incapable de refaire ces dessins très précis. Toutefois, je ne le cherche pas non plus. J’aime l’idée que mon dessin évolue avec moi. Aujourd’hui le trait est plus grossier, la main est hésitante. Je veux que l’on voie la maladresse. » Et de conclure : « Le dessin est comme un besoin. Qu’est-ce que je ferais si je n’avais pas ça ? »
Infos pratiques : L’exposition est visible durant les horaires d’ouverture de l’EHPAD Saint-Vétérin de Gennes, 4, rue de la Croix de Mission. Plus d’information au 02 41 51 81 14.
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