Le bilan dressé par le Comité d’Anticipation et de Suivi Hydrologique (CASH) concernant la situation hydrologique du pays n’est pas très positif. A la mi-octobre, le pays n’avait quasiment reçu aucune précipitation. Après un hiver et un été, proches des records, le mois de septembre a été le mois le plus chaud enregistré. Au cours des premiers jours d’octobre, dans les Ardennes et le Sud des Alpes, seules de faibles précipitations ont été mesurées. Le reste du pays n’a quasiment reçu aucune précipitation. A Mayotte, la saison des pluies 2022-2023 est la deuxième plus sèche sur 61 années de mesure. Pendant la période sèche (qui s’étend normalement de mai à octobre), les cumuls de précipitations peu significatifs n’ont pas permis d’inverser la tendance malgré un mois de septembre plus arrosé que la normale. Météo France prévoit, en tendance climatique à trois mois, une pluviométrie proche de la normale pour ce territoire.
Situation des nappes en France métropolitaine au 1er octobre 2023
La situation s’est aggravée entre août et septembre, avec 66% des nappes se situant à des niveaux en-dessous des normales mensuelles en septembre (62 % en août 2023 – 74 % en septembre 2022). Au cours du mois de septembre, la baisse des niveaux des nappes s’est poursuivie, malgré les orages de mi-septembre ayant apporté une contribution limitée à leur recharge. Les situations locales sont très contrastées. Les déficits sont particulièrement marqués sur le pourtour méditerranéen, le corridor Rhône-Saône, et le sud de l’Alsace. Les pluies de ces derniers et prochains jours permettront également de recharger quelque peu, mais ne seront malheureusement pas suffisantes au vu du déficit actuel.
Des efforts et des mesures de restrictions maintenus
Les constats et prévisions montrent ainsi qu’il est nécessaire de poursuivre les efforts engagés. Le risque de tension en 2024 sur des secteurs tels que l’axe Loire-Allier et le pourtour méditerranéen est d’ores-et-déjà considéré comme significatif, en cas de faible recharge hivernale. Au 12 octobre 2023, 83 départements étaient en situation de sécheresse et ont pris des mesures de restriction des usages de l’eau. Comme cela est le cas en Maine-et-Loire placé en alerte renforcée (relire notre article). En comparaison avec 2022, la situation est plus hétérogène sur le territoire français : si certains départements sont moins concernés (ou sur une partie moins importante de leur territoire), d’autres le sont plus sévèrement, avec des effets cumulatifs des dernières années.
L’Etat et L’Office Français de la Biodiversité mobilisés
Les agents de l’Etat et de l’OFB sont et resteront mobilisés pour assurer le respect des mesures de restriction définies par les préfets de départements. Depuis le début de l’année, près de 10 000 opérations de contrôle ont été effectuées par les agents de l’Etat (près de 2000) ou de l’OFB (près de 8000), pour un total de plus de 400 procédures ouvertes à ce stade. Il s’agit d’un effort particulièrement important, notamment dans les départements les plus touchés. Dans les départements non concernés par la sécheresse, les agents de l’OFB ont mené 1000 opérations de contrôle portant sur le respect des autorisations de prélèvement d’eau. Les contrôles permettent de constater une certaine prise de conscience des enjeux et un meilleur respect des règles que l’année passée, ce qui se concrétise par un plus faible taux de procédures pour manquements ou infractions. Par ailleurs, afin de mieux faire connaître les restrictions des usages de l’eau, l’Etat a développé l’outil VIGIEAU qui a été consulté, deux mois après son lancement, par plus d’1,2 millions de visiteurs. Au regard de cette situation, le Gouvernement fait appel à la responsabilité des usagers pour maintenir et renforcer les actions de sobriété d’usage de l’eau, y compris pendant la période hivernale, afin de reconstituer les réserves et ne pas hypothéquer les ressources en eau de l’été prochain. « Le défi de l’eau, illustre la fin de l’abondance dans laquelle nous vivons. Le niveau des nappes phréatiques continue de s’aggraver en raison de la sécheresse estivale, cette situation doit appeler chacun à la vigilance et la poursuite des efforts. Les services de l’Etat continuent de suivre attentivement les territoires en tension et le niveau des nappes dont le remplissage hivernal devient un enjeu stratégique », commente Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
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