Election présidentielle, 1er tour : Les réactions de personnalités saumuroises

Laétitia Saint-Paul LREM, député de la 4è circonscription de Maine-et-Loire (Saumur-sud), vice-présidente de l’Assemblée Nationale, soutien d’Emmanuel Macron : « Sur ma circonscription (1), c’est une satisfaction : « En 2017, il n’y avait qu’une poignée de communes qui mettaient Macron en tête, la tendance s’est largement inversée aujourd’hui, mis à part sur le territoire de Saumur Val de Loire. Mais sur la Ville de Saumur, c’est une nette amélioration. J’explique cela globalement par le fait qu’en secteur rural, les gens ont compris l’idée que nous défendons que l’ouverture et la modernité peuvent émaner des villes moyennes et que dans la ruralité, notre projet et notre message sont porteurs. En tout état de cause, je veux remercier tous ceux et toutes celles qui ont jouer le jeu de la démocratie en s’inscrivant sur les listes électorales et en allant voter, l’abstention étant moins forte qu’au national, et qui ont mis Emmanuel Macron en tête. Maintenant le maître mot, c’est la mobilisation générale pour le second tour. Car le vote extrême c’est aller vers un ailleurs que l’on ne maîtrise pas. C’est porter une pensée manichéenne qui est tentante. Il y a 3 ans, on ne savait pas qu’on aurait la crise du Covid ou la guerre en Europe ! »

Patrick Morineau, ancien élu Rassemblement National de Saumur et candidats du même mouvement de longue date, soutien de Marine Le Pen. En Saumurois, plus de la moitié des communes ont placé Marine Le Pen en tête : « On n’est pas surpris du résultat sur Saumur, ce n’est pas une sphère favorable même si notre score est supérieur à celui de 2017. Mais dans le Saumurois, il y a désormais un ancrage certain et profond. Nos idées correspondent aux besoins des populations rurales et petit à petit nous nous implantons et nous arriverons bien un jour à battre ces coalitions du politiquement correct, prêts à se parjurer et qui nous fustigent toujours d’extrême droite fasciste. Ce n’est pas la réalité, nous nous appelons les français à voter avec leur bon sens et ne donnons pas de consignes de votre décalées par rapport à la réalité. Le clivage droite-gauche a laissé sa place à un clivage entre des mondialistes fédéralistes européens qui ont amené à une baisse du niveau de vie et les souverainistes comme nous qui veulent préserver du bon sens dans les décisions et l’identité nationale. Notre percée en Saumurois, c’est la preuve que notre position commence à être comprise, notamment contre l’establishment. Petit à petit, nos idées gagnent du terrain : continuons à labourer le champs et le blé poussera.» Et concernant l’appel à voter d’Eric Zémmour pour Marine Le Pen : « Il a certes une position plus extrémiste que la nôtre et que nous ne partageons pas. On va quand même se retrouver pour faire campagne pour Marine Le Pen. On a tous intérêt à se réunir pour passer nos idées communes sur l’essentiel. »

Anne-Laure Blin, députée LR de la 3è circonscription de Maine-et-Loire (Saumur Nord)**, soutien de Valérie Pécresse : « A l’évidence, Valérie Pécresse n’a pas réussi à convaincre. Certes, elle a fait preuve de courage mais force est de constater que la campagne est passée complètement à côté des préoccupations des Français à cause d’une véritable déconnexion des réalités du quotidien et particulièrement chez nous, à la campagne.  Quand les élites vont-elles s’en rendre enfin compte ? Et nous écouter ?  L’emballement et l’empressement dont les « chapeaux à plume » de droite (comme de gauche) font preuve depuis hier pour choisir leur candidat le 24 avril prochain, n’est pas à la hauteur des enjeux pour la France.  Les Français souffrent. A 5%, ils n’attendent pas des « têtes d’affiche », des leçons de morale et encore moins des consignes de vote. » Quant à position pour le 2è tour, à la différence de Valérie Pécresse, elle n’appelle pas à votre Emnnuel Macron, mais est plus nuancée : « Ma position est simple : je fais confiance aux électeurs, ils trancheront en âme et conscience le 24 avril. Pendant que certains de nos chefs se déballonnent par peur pour leur avenir personnel, je pense avant tout aux Français qui attendent tant de leurs responsables politiques : une oreille qui les écoute, de la sincérité, de l’authenticité et de la proximité. La droite n’est pas perdue, ne baissons pas les bras, retroussons nos manches. Rebâtissons une droite forte et fière d’être français, ancrée dans les valeurs du terrain, du bon sens et des convictions. Les turbulences seront grandes. Pour vous, pour nos enfants, pour nos petits-enfants, pour la France, je ne renoncerai pas. »

Gilles Talluau, maire de Varennes sur loire et Président Des Maires ruraux de Maine-et-Loire. Dans sa commune, C’est Marine Le Pen qui est arrivé en tête (toutes celles du canton de Longué à l’exception de Villebernier) : « Il est vrai que l’est du département a voté Marine Le Pen. C’est un phénomène qui n’est pas nouveau dans nos campagnes où il n’y a pourtant pas de quartiers difficiles. Cela pose bien évidemment question. Je pense que la raison première c’est le sentiment d’oubli voire d’abandon. Tout se décide à Paris ! Pour autant, dans nos communes, il existe un vrai sentiment d’accueil, de solidarité et de bienveillance, qui n’a rien à voir avec la xénophobie ou le racisme. Il y a un vrai problème d’équilibre des territoires et de manque d’équité. A voir : une ville de 500 habitants touche 64 € par habitant de dotation de l’état alors qu’une ville de 200 000 habitants comme Angers en touche le double ! Cela étant dit, le gouvernement a bien pris conscience des choses et a réagi avec la mise en place de l’Agenda Rural et ses 173 mesures en faveur des territoires. Mais tout n’est pas terminé, il faut aller plus loin et le simplifier. » Enfin de rajouter : « Il est vrai que l’on a observé un vrai changement après la crise des gilets jaunes, mais cela n’a pas encore été ressenti. Par exemple, il a eu la création du Ministère de la ruralité, ce qui n’existait pas ou encore la reconnaissance que 22 millions de personnes vivent dans le milieu rural et qu’il y ai un représentant dans chaque ministères. Alors le vote Le Pen majoritaire dans les communes rurales du Saumurois comme ailleurs, je peux le comprendre mais de là à le justifier. Le gouvernement Macron a commencé à faire des choses bien, mais elles ne sont pas assez connues ou alors, il s’y est mis un peu tard et ce serait dommage de ne pas continuer sur cette voie, avec plus de liberté républicaine et d’équité communale. Il faut appeler un chat un chat et je ne suis pas sur qu’avec une gouvernance Le Pen, les choses changent. Enfin, je tiens à dire : le monde rural n’est pas raciste et est porteur de valeurs de solidarités. Et ce serait très mauvais que l’on aille vers les extrêmes, pour nos enfants et nos petits enfants. »

Charles-Henri Jamin, ancien élu de Saumur, délégué général de VIA, (anciennement Chrétiens Démocrates) présidé par Jean-Frédéric Poisson, soutien de « Reconquête » le mouvement d’Éric Zemmour : «Au niveau national, cette élection a la mérite de clarifier l’offre politique dans notre pays, avec les grands partis de gouvernements qui ont fait des scores historiquement bas. Cette stratégie de délayage de leur doctrine respective, elle n’existe plus dans le cœur des français. » Et l’homme de droite de continuer : « Pour Les Républicains, à vouloir depuis des années voir des décennies proposer des alliances contre-nature, ont voit bien que c’est voué à l’échec. Et c’est idem pour la gauche. Eric Zemmour, qui lui ne venait pas du sérail politique a permis cette recomposition politique. Il y a certes une ressemblance avec la démarche de Macron en 2017, sauf qu’à la différence de Macron qui ne disait pas ce qu’il allait faire et n’a pas fait ce qu’il a dit, Eric Zemmour a été très clair. ». Concernant le 2è tour, pour l’ancien élu saumurois « en 2017, Macron a profité du bénéfice du doute. Désormais, les français ne peuvent plus dire qu’ils ne savent pas ce qu’il adviendra si on a Macron encore pendant 5 ans : pouvoir d’achat en berne, libertés fondamentales rabotées et paix sociale fragilisée. » Pour ce qui est du Saumurois et de la percée du vote Le Pen dans plus de la moitié des communes, Charles-Henri Jamin l’explique clairement : « Le vote ne s’est pas fait sur ses idées, mais sur le fait que les gens ne supportent plus le mépris de Macron et sa majorité à leur égard, et ce, toute sociologie confondue. On dit stop au fait que nous n’ayons plus accès aux services essentiels (6 mois pour une carte d’identité, 5 mois pour un IRM,…). Je suis sûr qu’au second tour, des fillonistes et mélanchonistes seront au côté du RN, car le choix est binaire. Et Marine Le Pen est la seule candidate qui permette de dégager Macron, à Saumur, en Saumurois, comme ailleurs. » Et de conclure : « Aujourd’hui, clairement, j’en appelle à ne pas voter Macron et à voter Marine Le Pen, ce que je n’avais pas fait en 2017. »

Bertrand Chandouineau, porte parole de l’opposition LR à la ville de Saumur : « C’est sûr que c’est une déception pour nous et pour les gens qui ont a cœur une droite républicaine. Mais en même temps, c’est un peu annoncé quand même. La campagne de Valérie Pécresse a été compliquée et difficile et elle n’a pas forcément su se défendre par rapport aux attaques. Et en face on peut dire qu’il y a eu des campagnes remarquables, que ce soit Celles de Jean-Luc Mélanchon, Fabien Rousel, Marine Le Pen et Eric Zemmour. Les gens ont voté efficace et utile dès le premier tour ce qui fait qu’il y a eu 3 candidats émergeants (Macron, Le Pen et Mélanchon) et 1 candidat au-dessus de la barre des 5% (Zemmour), les 8 autres étant sous la barre des 5%. Il n’y a pas eu de partage des voix. Quant au LR, certain y voit la disparition du parti, c’est peut-être vrai. En tout état de cause pour le second tour, certains LR ont fait le choix, comme Valérie Pécresse d’appeler à voter pour Emannuel Macron, chacun votera en son âme et conscience. Je pense que 50% iront vers Macron et un certain pourcentage vers Le Pen, mais je pense qu’il y aura beaucoup de votes blancs et d’abstentions. De fait, c’est assez compliqué de se tourner vers un vote Le Pen, même si on pourrait se dire que la France est peut-être prête aujourd’hui ou dans 5 ans à être gouvernée par Marine Le Pen. » Et d’en revenir au local : « Le centre ville de Saumur a voté à 30% Macron, ce qui est le cas dans la plupart des villes moyennes. Quant au Maine-et-Loire, si Marine Le Pen n’arrive pas en tête, c’est je pense parce que les angevins ne sont pas en colère, mis à part les gens de la ruralité. Pour le deuxième tour, je pense qu’il risque d’y avoir une dichotomie étonnante : la ville de Saumur pour Macron, les communes alentours pour Le Pen ! » Enfin de conclure : « Bref, la colère et l’incompréhension sont là et bien là. Personnellement, je suis encore dans l’expectative pour le second tour. J’attendrai de voir et d’écouter ce que les candidats ont à dire et proposer entre les deux tours. »

Christophe Cardet, adjoint à la ville de Saumur, qui font longtemps encarté Europe Ecologie Les Verts : « Ce qui est intéressant c’est que le taux de participation a été très correct, et c’est bien cela le plus important pour qu’un vote ait du sens. Concernant les résultats, cela montre bien une poussée importantes des extrêmes, de gauche comme de droite, avec un centre droit représenté par la majorité actuelle. On voit bien que les gestionnaires de la Vè République, à savoir le PS et les Républicains ont été réduits à néant. Moi, je ne suis plus encarté chez les Verts, mais force est de constater que de nombreux écologistes se sont tournés vers le vote Mélanchon, porteur de valeurs de gauche. Bref, on repart vers un scénario comme en 2017. 5 ans pour ça, ce n’est pas très joyeux. Chacun votera en son âme et conscience. »

Jackie Goulet, maire divers gauche et président de l’agglo Saumur Loire Développement : « Les saumurois ont voté ce qu’ils voulaient et ont mis Emmanuel Macron en tête. Sur l’agglo, c’est Marine Le Pen qui arrive en tête sur plus de la moitié des communes, suivie de près de Jean-Luc Mélanchon. Ce que j’espère aujourd’hui, c’est que le candidat Macron, qui a ma préférence et cela se sait, entende  les messages notamment sur les retraites et le pouvoir d’achat : une retraite à 65 ans ce n’est pas entendable et le Smic à 1500 euros c’est jouable. Pour le second tour, cela regarde les habitants. Le vote Le Pen n’est pas mon vote. »

* 4ème circonscription de Maine et Loire : Canton de Doué-la-Fontaine , Canton de Gennes, Canton de Montreuil-Bellay, Canton de Saumur-Sud (Saumur, Artannes sur Thouet, Bellevigne les Châteaux, Chacé, Distré, Fontevraud, Montsoreau, Parnay, Rou-Marson, Souzay-Champigny, Turquant, Verrie) Canton de Thouarcé, Canton de Vihiers.

** 3ème circonscription de Maine-et-Loire : Canton d’Allonnes, Canton de Baugé, Canton de Beaufort-en-Vallée, Canton de Durtal, Canton de Longué-Jumelles, Canton de Noyant, Canton de Saumur-Nord (Saumur Nord, Les Rosiers, St Clément des Levées, St Martin de la Place), Canton de Seiches-sur-le-Loir.